Myriam REVAULT D’ALLONNES, philosophe politique, s’interroge depuis longtemps sur le «dépérissement de la politique». Elle soutient :
«Le politique divise parce qu’il perdure par ce qu’il divise.»
(Dans Dépérissement de la politique. Généalogie d’un lieu commun. Paris, Éd. Aubier, 1999. Flammarion, Coll. « Champs », 2001, p. 136).
« L’événement n’est pas, dans l’instant, donné à l’intelligibilité. […] On veut dire tout simplement, que sa lecture impose la distance critique et le soupçon. » (Id., Ibid., p. 14.)
Dans son esprit, le concept de démocratie est un «mot voyageur» (Ibid., p. 256, note 5).
La modernité de son sens actuel est devenue «une sorte de lieu commun». « Le lieu du commun devient alors «lieu commun» au sens du cliché, du stéréotype, de l’opinion reçue qui se fait vulgate. (p. 259) ». Cette sorte d’idéalité normative porte en elle-même des effets pervers. L’engouement envers la démocratie en arrive à faire « que la politique paraît s’engager de la façon la plus critique dans la voie du «dépérissement» (Ibid., p. 16) ». Et qui plus est :
«Car on observera que ce lieu commun du dépérissement prend corps avec une acuité extrême – il fait émerger quelque chose qui est de l’ordre de la crise… [C’est-à-dire] : le moment paroxystique où va se jouer une alternative fondamentale : la mort ou la santé retrouvée». (Ibid., p. 14 et note 4.)
La démocratie un «mot voyageur»
La démocratie au Québec (et au Canada) est une illusion électoraliste. Elle promet le changement mais demeure dans le statu quo ante. Le poids de la réalité historique est tel que les sentiers battus sont difficiles à éviter. « …[L]a démocratie est elle-même devenue un « lieu commun » (Ibid., p. 16). Mais le leurre consiste à s’imaginer que la démocratie peut éradiquer complètement les conflits sociaux − et que dire des affrontements nationaux.
Naïvement, les citoyens attendent trop du politique et pas toujours ce qui est de son ressort. Le constat de la finitude de l’action politique ne nous étonnera pas à cause de son inscription dans le temps et «que la politique ne finisse jamais d’en finir» comme l’écrit Myriam Revault D’Allonnes (Ibid., p.19).
La démocratie n’est pas une panacée ni sociale ni nationale.
Au risque de choquer, Myriam Revault D’Allonnes n’hésite pas à affirmer : «La démocratie est alors un concept ″politique″ au sens étroit du terme : une certaine manière d’organiser les relations de pouvoir. (Ibid., 256)»
Démocratie et indépendance nationale
Lorsqu’une question fondamentale comme celle de l’indépendance complète d’une nation se pose, est-ce que les relations de pouvoir seraient suffisantes pour réaliser cette fin visée ? N’est-ce pas que le passage radical d’un état à un autre, d’une situation à une autre ou d’une ambition à une autre exige une vision aiguë tout autant du passé que de l’avenir ? Ainsi, le présent éclairé par les tenants et aboutissants du passé permettrait de projeter une collectivité nationale dans une trajectoire susceptible de transformer les forces qui la maintiennent dans un état d’annexion permanente. Car pour une nation qui a pris conscience – en plus de sa différence – de sa distinction nationale, cette prise de conscience permettrait de considérer l’indépendance comme un bien en soi en tant qu’une FIN légitime, intelligente et possible.
En ce moment, le domaine politique est bloqué par des actions à court terme. L’élan indépendantiste est noyé dans la grisaille de la politique-domaine-des-rivalités-partisanes. Qui gagnera la prochaine élection.
«L'indépendance, ça dépend de nous.»
La proposition du Parti québécois est de «Faire du Québec un pays.» Étant donné que «ça dépend de nous», on peut dire que le passé est garant de l’avenir. Il faut plus que 55 Fiches de «Souveraineté pour tous» pour convaincre les Québécois du bien en soi de l’indépendance nationale du Québec. Si l’on disait plutôt, positivement, que c’est l’agir (par soi) collectif qui est nécessaire dans tous les aspects (directement et indirectement) et que le partage des pouvoirs limite l’autonomie politique complète de la nation québécoise provincialisée dans une union fédérale fortement centralisée. Ce sera « une nation canadienne-française avec un demi-État provincial.» En revanche : «L’union fédérale de 1867 n’est que l’union législative de 1841 améliorée : elle contribue à consolider la prépondérance britannique dans l’exercice des grands pouvoirs.» (Maurice Séguin, Histoire de deux nationalismes au Canada, p. 388.)
Le problème majeur n’est pas dans l’ordre des difficultés de vivre en société, mais d’ordre NATIONAL, c’est-à-dire des relations de nation à nation : Québec vs Canada. Disons-le simplement. Le Québec a besoin de posséder tous les pouvoirs qui sont ceux de l’État canadian. Une vraie constitution d’un Québec indépendant doit s’accorder avec les pouvoirs réels d’une nation indépendante. Le comprendre, c’est mettre fin à notre dépendance intrinsèque dans le fédéralisme canadian. Se prendre en mains et faire ses affaires soi-même, collectivement et librement, telle est la fin d’être indépendant. C’est le NATIONAL qui compte. Il peut et doit faire naître un sentiment national en vue d’alimenter l’unité nationale québécoise. Alors, on pourra parler réellement d’Indépendance et d’Interdépendance nationale.
Voyons voir au sujet des objectifs du gouvernement souverainiste à Québec. Le Programme politique pour un Québec souverain propose :
1. Agir en gouvernement souverainiste
1.1 Réaliser la souveraineté du Québec
1.2 Un gouvernement souverainiste
1.3 Une Constitution, une Charte de la laïcité et une citoyenneté québécoises
Le point 1.2 débute par ce préambule :
«D’ici là, pour rompre avec l’attentisme et en déployant le Plan pour un Québec souverain, le Parti Québécois agira en gouvernement souverainiste, cherchant à acquérir toujours plus de pouvoirs et de moyens pour le Québec et les Québécois.»
Et plus précisément, voici ce que le gouvernement péquiste propose :
Un gouvernement souverainiste :
a) Utilisera tous les moyens à sa disposition pour mettre fin aux ingérences du gouvernement fédéral dans les domaines de l’éducation, de la culture, des programmes sociaux, de la santé et de toute autre compétence exclusive du Québec;
b) Assumera pleinement tous les pouvoirs du seul État de la nation québécoise et repoussera à sa limite le carcan constitutionnel canadien;
c) Occupera tout l’espace possible dans les domaines de son identité et de son économie pour assurer son plein développement, exigera de nouveaux pouvoirs, le rapatriement d’espaces fiscaux et les budgets dans des domaines comme la langue, l’environnement, la culture, le développement économique et régional ou l’immigration;
d) Prendra tous les moyens politiques et juridiques pour atteindre ses objectifs, tels le recours à la clause dérogatoire ou l’adoption de modifications constitutionnelles;
e) Prendra les moyens techniques et juridiques nécessaires pour parachever les études, préciser les projets et en assurer la diffusion dans le public;
f) Déploiera une politique étrangère ayant pour objectif de promouvoir et défendre les intérêts du Québec sur la scène internationale. Il exigera de négocier et de signer les traités internationaux dans les matières de sa compétence. IL PRÉPARERA LA RECONNAISSANCE INTERNATIONALE DE LA SOUVERAINETÉ DU QUÉBEC.
Sur un autre volet du Plan pour un Québec souverain, le gouvernement de Pauline Marois propose :
3.4 L’histoire nationale et l’éducation à la citoyenneté
Pour redonner toute sa place à l’histoire nationale du Québec, un gouvernement souverainiste :
a) Reverra le programme d’enseignement de l’histoire dès le primaire, aux 1er et 2e cycles du secondaire, en privilégiant la connaissance des événements politiques de l’histoire nationale du Québec permettant de comprendre l’évolution de la société québécoise à travers une trame chronologique qui met en lumière les dates charnières de l’histoire nationale, politique, économique, sociale et culturelle du Québec et du Canada;
b) Ajoutera un cours obligatoire d’histoire nationale du Québec dans la formation générale au collégial;
c) Bonifiera la formation en histoire des futurs enseignants au primaire et au secondaire;
d) Rétablira la référence au Québec dans le titre des cours d’histoire de secondaires III et IV;
e) Ajoutera des notions d’histoire régionale afin d’accroître la connaissance de l’histoire dans chaque région au secondaire;
f) Axera l’éducation à la citoyenneté sur la connaissance des institutions et la préparation à l’exercice des droits et devoirs du citoyen, en particulier sur l’importance de la participation à la vie publique;
g) Créera un nouveau centre à l’Institut national de recherche scientifique dont le mandat consistera à nourrir et soutenir une connaissance accrue de l’histoire politique et nationale du Québec ici et ailleurs dans le monde. Ce centre sera responsable de la création et de l’attribution de chaires de recherche en histoire du Québec.
Un gouvernement souverainiste va se préoccuper de :
7.5 La politique étrangère
Depuis plus de 40 ans, le gouvernement fédéral freine ou interdit la présence et l’affirmation du Québec sur la scène internationale, ce qui l’empêche de défendre avec toute la vigueur requise ses intérêts et ses valeurs. Les grandes décisions de politique étrangère, comme l’engagement militaire en Afghanistan ou la position canadienne face aux changements climatiques, sont prises par Ottawa, trop souvent en contradiction avec les intérêts et les valeurs du Québec.
La lutte DANS le régime continue
En signalant ces différents points du Programme politique pour un Québec souverain, force est d’admettre que ce mode de raisonnement demeure dans le balisement des pouvoirs et du fonctionnement du système fédéral canadian. On sait depuis longtemps que les balises oscillent entre un provincialisme plus autonomiste et un fédéralisme plus centralisateur. Cependant, nous savons que depuis près de 150 ans, l’aiguille autonomiste oscille toujours en fonction du poids démographique et économique du Québec au sein du système canadian et de la force politique relative du Québec comme entité étatique et nationale. In se, la fédération canadienne est une union fédérale très centralisée. En ce sens, la centralisation en est la conséquence juridique. Le Canada-Français a perdu son autonomie politique.
Ce que nous constatons encore aujourd’hui, c’est une lutte nationale qui demeure dans le régime. Aucun progrès indépendantiste ne peut découler de cette politique timorée. Si l’indépendance dépend de nous, c’est une vérité de La Palice. Mais l’indépendance réelle, c’est principalement un discours étoffé sur la nature même de l’indépendance. Le message ne peut pas être seulement un discours gouvernemental avec tous les tiroirs de classeurs des ministères et autres organismes de l’État du Québec ou du gouvernement lui-même. Ce qui a été l’erreur de tous les gouvernements péquistes, sauf une courte période avec Jacques Parizeau mais qui a échoué avec le projet de partenariat en vue du référendum de 1995.
L’histoire à notre rescousse
L’impréparation de l’opinion publique à vouloir faire l’indépendance nationale du Québec concerne tous les mouvements nationalistes et principalement l’«équipe» ou l’élite souverainiste qui ne parvient pas à prendre position clairement. Bien sûr, l’idée de de créer un Centre à l’INRS «dont le mandat consistera à nourrir et soutenir une connaissance accrue de l’histoire politique et nationale du Québec [et qui] sera responsable de la création et de l’attribution de chaires de recherche en histoire du Québec» est une excellente initiative. Toutefois, ce Centre aura la lourde tâche de préparer une élite capable de se pencher sur les phénomènes primordiaux de la vie collective nationale ou de «ce qui reste constant ou presque, pendant un long intervalle temporel». C’est ce que nous explique l’historien Pomian de ce courant historique dans «L’histoire des structures» qui s’apparente à l’«histoire totale» par opposition à l’«histoire en miettes».
Krzyastof POMIAN, « L’histoire des structures. » Dans Jacques Le GOFF, dir., La Nouvelle histoire, Paris, La Bibliothèque du CEPL, 1978, p. 528-552, (coll. «Les encyclopédies du savoir moderne»). Réédition 1988. Édition poche : Bruxelles, Editions Complexe, 2006. (Voir le compte rendu de Damien Baldinde cette version abrégée.
En ce sens, Maurice Séguin a vu clair depuis soixante ans quant à son idée de faire la Grande histoire du Québec, c’est-à-dire l’«histoire des structures» qui caractérise le fait historique de longue durée. Par exemple, s’attaquer au problème de l’ANNEXION d’une nation par une autre nation qui se caractérise par le remplacement et la privation d’agir (par soi) collectif pour la NATION ANNEXÉE.
Le nouveau Centre « dont le mandat consistera à nourrir et soutenir une connaissance accrue de l’histoire politique et nationale du Québec» aurait tout intérêt de s’inspirer de cette idée de Maurice Séguin , à savoir qu’il est «permis d’écrire l’histoire (même prise de très haut) d’une évolution politique, économique, culturelle ou sociale et d’en discuter, avec toute la liberté voulue, les composantes majeures» (Cf., l’Introduction de son œuvre magistrale que sont Les Normes). Car l’historien «ne saurait éviter de recourir à une explication historique». Cette histoire-explication-compréhension serait aussi légitime que l’histoire-récit ou événementielle.
Sur cette question particulière du recours à l’histoire, Paul Ricoeur aborde dans son ouvrage, La mémoire, l’histoire, l’oubli (suivi d’un Épilogue qui porte sur Le pardon difficile), le problème de ce que nous appellerons le «souvenir». L’auteur annonce d’entrée de jeu dans son Avertissement que «sa recherche est issue de plusieurs préoccupations» dont celle «que je dirais publiques» et qu’il formule en ces termes :
«Je reste troublé par l'inquiétant spectacle que donnent le trop de mémoire ici, le trop d'oubli ailleurs, pour ne rien dire de l'influence des commémorations et des abus de mémoire - et d'oubli. L'idée d'une politique de la juste mémoire est à cet égard un de mes thèmes civiques avoués.» (Paris, Seuil, 2000, p. 1.)
Cette préoccupation au sujet de ce que Paul Ricoeur nomme la «juste mémoire» concerne un problème très sérieux de la vie politique des individus et des sociétés. En effet, [ce qui concerne le «collectif» réfère au civisme>http://www.toupie.org/Dictionnaire/Civisme.htm] qui est «l'état du citoyen respectueux de ses devoirs et des principes collectifs» qui se distingue des mots citoyenneté et civilité. Paul Ricoeur fait remarquer que «c’est en ce point de friction que le devoir de mémoire s’avère particulièrement lourd d’équivoque. L’injonction à se souvenir risque d’être entendue comme une invitation adressée à la mémoire à court-circuiter le travail de l’histoire. […] La tentation est alors grande de transformer ce plaidoyer en une revendication de la mémoire contre l’histoire. (p. 106)» L’ostracisme à l’égard de certains historiens dont, en particulier, Maurice Séguin, par une intelligentsia traditionaliste qui oublie, ignore ou occulte un pan fondamental de l’historiographie québécoise pour s’en tenir à l’interprétation de notre histoire, en 1845, par F.-X. Garneau.
La nouvelle interprétation proposée aux Québécois par Maurice Séguin remonte aux années 1950. Elle répond à deux thèses explicatives traditionnelles :
1. À la thèse de l’Indépendance à deux, elle répond par la thèse de l’indépendance à une seule nation.
2. À la thèse du refus ou de la perte de l’indépendance par accident, elle oppose la thèse de l’ANNEXION canadienne-française conséquence normale de la Conquête.
Bruno DESHAIES, «Le "nationalisme pessimiste" de Maurice Séguin, un bobard !»(Le Rond-Point des sciences humaines (20 mars 2000).
La tradition canadienne-française est tenace. Une certaine mémoire collective ignore le phénomène d’annexion. Contre cette tradition, la distanciation de la perspective historique que Maurice Séguin oppose à la mémoire générationnelle ou, autrement dit, par rapport à la mémoire même collective – surtout collective, faudrait-il dire. D’où cette question de Paul Ricoeur : «Mémoire et historie ne sont-elles pas condamnées à une cohabitation forcée ? (Id., Ibid., p. 517)»
On devrait savoir que l’annexion canadienne-française c’est politiquement l’annexion du Québec-Français d’aujourd’hui comme collectivité nationale distincte et, de facto, de l’État québécois provincial. Le carcan fédéral d’aujourd’hui est là, depuis 1760-1763, sous des formes diverses de «gouvernance», d’abord britannique puis, depuis 1867, canadian. C’est la superposition du Central sur le Local avec toutes les privations qui en découlent constitutionnellement et juridiquement pour l’État québécois fédéré. La mémoire individuelle et collective dominante de notre passé ne correspond pas au fait historique de l’annexion de la nation québécoise à une autre la nation : le Canada-Anglais. C’est une question de prépondérance, de suprématie, qui n’est pas à notre avantage collectif en tant que nation ANNEXÉE. L’effort de libération collective ne peut se priver d’une connaissance historique rigoureuse.
Sortir du cercle vicieux électoraliste et référendaire
Il ne s’agit pas de faire de l’angélisme ou du machiavélisme mais de bâtir conceptuellement l’idée indépendantiste libérée des scories découlant des interprétations Fédéralistes optimistes tout comme des interprétations Indépendantistes optimistes. «[Ces dernières] n’ont pas cependant été retenues par les historiens chevronnés et n’ont pas servi de trame à de vastes synthèses historiques.» (Cf., Maurice Séguin, Introduction, dans Les Normes, division 0.3.)
Les souverainistes d’aujourd’hui ont un immense travail de reconstruction non seulement de leur propre histoire mais aussi de leur conception de l’idéal indépendantiste. Jusqu’à ce jour, le schéma traditionnel proposé par les interprétations Fédéralistes optimistes sont toujours dominantes. Selon Maurice Séguin : «Elles ont pris corps chez la majorité vers 1842, 1846, 1848 et 1867, au moment même de l'action sur le plan politique, économique, etc., par les hommes politiques ou d'affaires anglophones ou francophones se passant alternativement le pouvoir et dominant la société ou par les journalistes et les publicistes en place.» (Cf., Id., Ibid.) Cette conclusion demeure toujours vraie.
Devant cette situation, on peut comprendre les souverainistes-péquistes de tergiverser avec leur Programme politique pour un Québec souverain (2014) avec le slogan : «L'indépendance, ça dépend de nous.» Tout le discours au sujet de l’indépendance est un réquisitoire contre le fédéral. En définitive, le programme de gouvernance n’est qu’un plaidoyer de bon gouvernement.
ANNEXE
Bruno DESHAIES, «PETIT LEXIQUE DE L’INDÉPENDANCE.Essai pour servir les besoins terminologiques des indépendantistes.» Dans Vigile.net, jeudi 16 décembre 2004
Bruno DESHAIES, « Le mouvement souverainiste se reprend en main. »INDÉPENDANCE NATIONALE DU QUÉBEC 376. Dans Vigile, lundi 22 août 2011. (350 visites 2014-02-15 00:36 (les commentaires de cet article sont fermés)
Bruno DESHAIES, «Sur la lutte nationale au 2e degré.»
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5 commentaires
Bruno Deshaies Répondre
22 février 2014• Du bon gouvernement
21 février 2014, par Bruno Deshaies
D’une façon générale, on devrait s’attendre à ce que nos gouvernements s’occupent convenablement du «bien commun» de toute la collectivité nationale. Chaque gouvernement le fait à sa façon, mais... Car tout ce qui concerne la vie intérieure d’une société soulève des problèmes complexes que les politiques ne peuvent résoudre complètement eux-mêmes. En outre, la société québécoise a ses propres limites au plan collectif : c’est une nation ANNEXÉE (fédérée et superposée). Ce nœud gordien doit être tranché. Le gouvernement Marois ne s’attelle pas sérieusement à la tâche. Il se contente de faire de la gouvernance.
Une bonne définition de ce mot serait la suivante : «Initialement utilisé pour désigner la manière dont un gouvernement exerce son autorité économique, politique et administrative et gère les ressources d'un pays en vue de son développement, le concept de "gouvernance" a ensuite été étendu à la gestion des entreprises.» Cf., http://www.toupie.org/Dictionnaire/Gouvernance.htm Selon cette approche, le gouvernance Marois n’a de préoccupations que pour le tissu socio-économique et met sous le tapis le domaine NATIONAL qui est l’indépendance du Québec. Sur cet objectif fondamental, c’est le brouillamini de la pensée souverainiste depuis René Lévesque qui se perpétue.
Où est-il le centre de recherche ou la fondation qui aurait pour objet de faire comprendre la Grande histoire d’une évolution historique http://www.rond-point.qc.ca/histoire/seguin/regime_francais.html qui a marqué le destin du Québec d’aujourd’hui à la suite d’une longue période de mise en subordination par le Conquérant. Les Canadiens (français) ont subi une DÉFAITE fondamentale en 1760. «Le terme « défaite », écrit Maurice Séguin, prend tout son sens quand la nation vaincue ne peut plus, dans son ensemble ou dans sa majeure partie, retrouver la maîtrise de sa vie (pour toujours ?)» «Une collision entre nations et leurs dépendances, suivie d’une « défaite fondamentale » http://www.rond-point.qc.ca/histoire/seguin/colonisation.html qui produit une annexion graduelle où la nation vaincue [le cas de la nation québécoise] devient minoritaire au cours des âges par invasion et consolidation d’une autre nation devenant majoritaire [par ex. : les British Americans du Canada-Anglais].»
Voici un effet pervers de l’annexion permanente dans cette «opinion» de Denise Bombardier, ce matin, dans le Journal de Montréal.
«Les Québécois ont tendance à s’identifier à des peuples victimisés et à l’histoire tragique alors que c’est l’absence du tragique dans leur propre histoire qui leur permettrait de retrouver le tonus nécessaire et, lâchons le mot, le courage d’affronter l’avenir.»
Coup donc ! Les Canadiens ont subi l’oppression essentielle du Conquérant et, en supplément, depuis 254 ans, toutes les oppressions accidentelles. Mais non ! Rien de tragique. OUF !
Archives de Vigile Répondre
19 février 2014"En définitive, le programme de gouvernance n’est qu’un plaidoyer de bon gouvernement."
Votre conclusion est bonne.
Et un bon gouvernement aux yeux du Système, c'en est un qui cherche comment imposer une plus grande austérité à ceux qui vivent déjà une vie austère: chômeurs, personnes âgées, assistés sociaux, afin que l'élite-Système riche soit encore plus riche.
Au contraire de cela, un bon gouvernement devrait être celui qui fait en sorte que tous puissent vivre décemment et être heureux à l'intérieur du pays. À cet effet, un bon gouvernement devrait accorder une attention particulière aux citoyens les plus fragiles de la société afin de s'assurer que ces derniers ont accès à un revenu suffisant pour une vie décente et heureuse.
Vous voyez qu'en 2014, on s'est beaucoup éloigné de la signification fondamentale d'un bon gouvernement, les élus ayant désormais leur pensée complètement soumise au Système.
Bruno Deshaies Répondre
18 février 201418 février 2014, par Bruno Deshaies
En guise de réflexions, voici la réponse de Maurice Séguin :
Qui commandent ? Les doux, les humbles ? Ou la masse directement ? Non…
a) C’est toujours une minorité, une oligarchie, les chefs qui attirent l’attention, et se font «proposer» par des clans organisés.
b) La fonction de la masse réside d’abord dans son consentement tacite ou explicite. Il s’y ajoute le contrôle intermittent aux élections… En régime parlementaire [qui n’est pas toujours et nécessairement de type britannique] s’exerce la dictature du cabinet… Même dans les «démocraties populaires» s’affirme la clique du parti unique.
(Les Normes, Chapitre deuxième, Division 2, section 1, 5).
Le domaine du POLITIQUE ne se résume pas à un quelconque régime parlementaire ou électoral.
Bruno Deshaies Répondre
18 février 201418 février 2014, par Bruno Deshaies
Voici ce que je pense :
«Mais le leurre consiste à s’imaginer que la démocratie peut éradiquer complètement les conflits sociaux − et que dire des affrontements nationaux.»
Malheureusement, la démocratie idéale est une substance volatile. Les formes de gouvernement et d’état dans l’histoire de l’humanité ont grandement varié d’une époque à l’autre. Mais, l’occasion nous est donné de poser le problème du domaine politique par rapport à la fin de l’existence de la nation québécoise. L’objectif de l’indépendance nationale est sur la table.
Ce choix collectif est légitime, intelligent et possible.
La démocratie parlementaire de type britannique n’empêche pas, en soi, la réalisation de cet objectif politique. L’objectif de l’indépendance, c’est plus qu’une politique publique, c’est LA politique publique qui porte sur le statut politique du Québec au plan national. Les rapports entre les individus, la nation ou le peuple et le gouvernement doivent parvenir à un accord quant au consentement collectif sur l’atteinte de la FIN politique de l’indépendance du Québec.
Le combat ne doit pas être sur les institutions de gouvernement hic et nunc (et c’est le cas aussi pour tous les autres problèmes sociaux) mais sur la rencontre entre la nation et sa finalité collective. D’où un travail collectif afin d’entrainer le changement de régime politique. Le COMMMUN objectif est de taille NATIONALE. Par ailleurs, le combat national pour parvenir à l’indépendance complète n'est pas moins exigeant. Mettre le cap sur l’indépendance, c’est diriger une «équipe», des opérations collectives claires et gouverner avec détermination.
Qui sont ceux ou celles qui commandent ? (Voir la suite)
Archives de Vigile Répondre
17 février 2014Le parlementarisme britannique a été conçu par et pour la haute bourgeoisie. Il est tout-à-fait bancal pour une utilisation plébéienne.
Il fonctionnait bien lorsque les Whigs et Tories étaient plutôt des clubs sociaux plutôt que des partis politiques. Le système n'a pas été conçu pour des partis de masse.
Une gouvernance véritablement démocratique fait une nette différence entre les trois pouvoirs : législatif, exécutif et juridique. Le système britannique est totalement bancal et fait du premier ministre un vrai monarque .Il dirige les législateurs (ses propres députés, à cause de la ligne de parti, ne sont là que pour endosser ses mesures); il supervise l’exécution du tout en nommant ou en dégommant les ministres. De plus, il a une certaine influence, sinon une influence certaine, sur la nomination des juges. C’est en fait un véritable dictateur pour la durée de son mandat.
En une véritable démocratie, chacun doit avoir le même poids, la même influence.
Le principe en cause : une personne, un vote.
Il faut que toutes les opinions majeures soient justement représentées lors du débat, c’est-à-dire à l’Assemblée nationale ou au Parlement.
Notre système électoral uninominal à un tour ne permet pas une juste représentativité de l'électorat.
Il faut aussi que le représentant ou député jouisse de la plus grande liberté possible afin qu’il puisse faire valoir les opinions non seulement de son parti mais aussi, et surtout, les opinions de ceux et celles qui l’ont élu. Encore ici, la ligne de parti l'empêche de véritablement jouer son rôle. Il doit voter selon les directives du parti.