Des «vaches à lait» qui tirent de la patte

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La privatisation des filières énergétiques d'Hydro mène à une saignée d'un milliard de dollars par année

Les vaches à lait du gouvernement du Québec tirent de la patte. Depuis cinq ans, les revenus et les profits d’Hydro-Québec, de la SAQ et de Loto-Québec ont peu progressé. Leurs modèles d’affaires doivent être révisés, estiment des experts consultés par Le Journal.


Depuis cinq ans, le chiffre d’affaires d’Hydro-Québec fait véritablement du surplace. L’an dernier, malgré un volume record d’exportation d’électricité, Hydro-Québec a même vu son bénéfice net reculer de 15 millions $.


Entre 2012 et 2017, les profits annuels d’Hydro-Québec n’ont progressé que de 3,5 %, passant de 2,74 milliards $ (2012) à 2,84 milliards $ (2017).


« Ça va être très difficile pour Hydro-Québec de maintenir ses revenus actuels au cours des prochaines années », soutient le professeur titulaire à l’Université de Montréal et directeur académique de l’Institut de l’énergie Trottier, Normand Mousseau.


Selon ce dernier, le gouvernement a tellement imposé des achats d’électricité inutiles à Hydro-Québec (dont de nombreux projets de parcs éoliens très coûteux) qu’elle aura toutes les misères du monde à dégager des revenus additionnels significatifs au Québec ces prochaines années.


À moins d’augmenter de façon importante les tarifs d’électricité des Québécois. Ce qui n’est jamais une bonne idée pour les politiciens en campagne électorale.


Tout cela dans un contexte où les prix de l’électricité sont poussés vers le bas dans le Nord-Est américain en raison de l’arrivée sur le marché de gaz naturel produit à faibles coûts.


Résultat : Hydro-Québec, qui touchait jusqu’à neuf cents en moyenne par kilowattheure exporté aux États-Unis, n’en retire que 4 à 5 cents aujourd’hui.


Le professeur Mousseau croit que le modèle d’affaires d’Hydro-Québec, c’est-à-dire celui d’aller à l’international, aura du bon. Mais il doute que cela puisse avoir un impact immédiat sur ses résultats financiers.


Que faire avec la SAQ ?


La Société des alcools du Québec (SAQ) se retrouve elle aussi à la croisée des chemins. Avec la population du Québec qui vieillit, ses revenus (et profits) ont peu avancé ces dernières années.


« La SAQ est rendue au bout de ce qu’elle peut développer dans son modèle d’affaires actuel », croit le professeur en économie à l’Université de Trois-Rivières, Frédéric Laurin.


Ce dernier est d’avis que le gouvernement doit toutefois conserver les magasins de la SAQ. « Mais si on veut dynamiser le marché, on doit aller vers des spécialistes qui vont offrir des choses qui sont plus authentiques et qui vont mieux nous accompagner dans les découvertes et les connaissances », ajoute-t-il.


Ces cavistes feraient en sorte de stimuler le marché du vin au Québec (vente par le web, notamment) et d’augmenter les revenus de l’État tirés par le commerce de l’alcool.


Loto-Québec et les gros lots



PHOTO D'ARCHIVES, BEN PELOSSE


Chez Loto-Québec, les revenus sont en faible augmentation (+4 %) depuis 5 ans. Les bénéfices nets sont passés de 1,28 milliard $ en 2013 à 1,34 milliard $ pour le dernier exercice terminé le 31 mars 2018.


H-Q et l’international



PHOTO D'ARCHIVES, MARTIN ALARIE


Le PDG d’Hydro-Québec a l’intention de doubler les revenus de la société d’ici 2030. Le contrat avec le Massachusetts est un pas dans la bonne direction. Pour aller à l’international, Hydro-Québec devra trouver les « bons actifs et les payer à un juste prix », dit le Pr Normand Mousseau.


La SAQ mise sur le cannabis



PHOTO D'ARCHIVES, AGENCE QMI


La Société des alcools du Québec mise sur le cannabis pour augmenter ses revenus au cours des prochaines années. Le marché québécois du cannabis pourrait représenter des ventes annuelles supplémentaires de plus de 2 G$ par année pour la SAQ.


Ce que les partis proposent


Coalition avenir Québec


La CAQ espère créer des ententes stratégiques pour augmenter les exportations d’électricité. Quant à la SAQ, la CAQ parle de libéraliser le marché du vin. Jamais la CAQ ne va vendre la SAQ. La CAQ réduirait le nombre d’appareils de loterie vidéo.


Parti libéral


Le Parti libéral promet d’offrir des tarifs d’électricité parmi les plus bas au monde, tout en augmentant les exportations d’Hydro-Québec. Pour la SAQ, le PLQ dit avoir entamé une réflexion sur l’évolution du modèle d’affaires.


Parti québécois


Le PQ demeure discret sur Hydro-Québec et sur une hausse éventuelle des tarifs d’électricité au cours des prochaines années. Sur la SAQ, le PQ ne touche pas au monopole et n’ouvrirait pas le marché du vin à la compétition.


Québec Solidaire


Prioriser l’utilisation et le développement des énergies solaire, géothermique et éolienne afin de limiter au maximum tout recours supplémentaire à l’hydroélectricité et aux énergies fossiles. Rien sur la SAQ ni Loto-Québec.