Politique canado-américaine

Des négociations chaotiques en perspective

What does Quebec want?

Tribune libre

Aussitôt implantée, aussitôt retirée. Sous la pression de Donald Trump, Mark Carney décide de retirer la taxe sur les services numériques qui devait entrer en vigueur le 1er juillet pour relancer les négociations commerciales avec les États-Unis interrompues par le président en guise de représailles contre l’implantation de ces tarifs contre les GAFAM, le premier paiement, soit l’équivalent de 2 milliards de dollars, devant être perçu le 30 juin 2025. Le Canada espérait récolter 7 milliards de dollars sur cinq ans grâce à cette taxe.

Par ailleurs, tout en prenant pour acquis que la reprise des négociations canado-américaines incarnent une dimension géo-politique majeure et que, de ce fait, leur relance est prioritaire, le contexte dans lequel s’amorcent ces négociations est pour le moins fragilisé par l’imprévisibilité viscérale de Donald Trump. En termes clairs, on peut se demander quel sera le prochain irritant qui débouchera sur un arrêt des pourparlers et, le cas échéant, comment réagira le premier ministre Carney?

À ce sujet, d’un côté, l’épineux dossier sur la protection de la gestion de l’offre, si chère au gouvernement Carney vient d’être ajouté à la loi fédérale, rendant de facto ce sujet intouchable lors des négociations du côté canadien. De l’autre, les producteurs agricoles surveillent de près la gestion de l'offre qui est dans la mire de Donald Trump depuis le début de son mandat. Ce dossier pourrait-il devenir un second frein aux négociations avec les USA?

En bref, ces négociations risquent d’être fortement chaotiques. Le « Canada fort » de Mark Carney devra emprunter des sentiers sinueux et raboteux pour se concrétiser. Sa lune de miel avec la majorité des Canadiens saura-t-elle contourner les obstacles qui se retrouveront sur son chemin? À ce sujet, les prochaines semaines seront déterminantes. Reste à voir si Mark Carney réussira à passer de la parole aux actes…

What does Quebec want?

Pendant que le Parti québécois ( PQ) de Paul St-Pierre Plamondon trône en tète des sondages depuis des mois, le taux de popularité de Mark Carney atteint près de 60% au Québec. Plus encore, s’il y avait des élections fédérales aujourd’hui, 44% des Québécois voteraient pour le Parti libéral (PLC) contre 25% pour le Bloc québécois, un parti souverainiste comme le PQ. En somme, les Québécois souffle allègrement le chaud et le froid sans coup férir, ils placent leur siège dans le sens de l’histoire. Comme le disait narquoisement Yvon Deschamps, les Québécois veulent un « Québec libre dans un Canada uni ». Le nationalisme du gouvernement Legault est miné par l’usure du pouvoir, tant pis pour lui, le PQ s’apprête à reprendre les rennes du pouvoir. L’aura de l’ex-banquier, Mark Carney, brille de tous ses feux, le PLC renaît subitement. Dans ce climat pour le moins instable, il n’est donc pas surprenant que les anglophones, à une époque pas si lointaine, se demandaient à juste titre « what does Quebec want », une question qui colle à la peau des Québécois tel un leitmotiv pernicieux dont ils sont incapables de se défaire.


Henri Marineau, Québec




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