En Espagne, les «indignés» aux portes de Madrid et Barcelone

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Les Espagnols se révoltent contre les vieux partis

Les élections municipales et régionales dimanche en Espagne ont été marquées par la très forte poussée des listes Podemos et un net recul du Parti populaire au pouvoir.
«L’effet Cameron» n’a pas fonctionné en Espagne. Si, au Royaume-Uni, la bonne conjoncture économique a récemment permis au parti au pouvoir de se maintenir, le chef du gouvernement Mariano Rajoy, qui avait tout misé sur la «lente récupération» et de «bons indicateurs» (croissance à 2,8%, baisse sensible du chômage…), n’a pas récolté les marrons du feu. Certes, le Parti populaire, au pouvoir depuis 2011, est en tête du scrutin, mais il avec 10 points et 2,5 millions de voix en moins par rapport aux dernières élections. Il perd la majorité absolue dans toutes les régions et la plupart des grandes villes et, face à lui, il se heurte à des forces de gauche plurielles qui, si elles parviennent à sceller des alliances, deviendront maîtresses d’une bonne partie du territoire espagnol. Dans ce jeu, les indignés de Podemos et les centristes de Ciudadanos, deux formations récentes issues de la contestation populaire qui ont réalisé une belle percée, joueront un rôle crucial.
La nuit électorale a en effet réservé des surprises. Les plus importantes ont eu lieu à Madrid et à Barcelone, les deux plus grandes villes du pays. Dans la capitale, un bastion de la droite depuis le début des années 90, la «comtesse» Esperanza Aguirre (21 élus) ne l’a emporté que d’extrême justesse face à la révélation de ces municipales, la juge Manuela Carmena (20 élus). A 71 ans, cette magistrate qui circule à vélo, sans aucune expérience politique, a suscité l’enthousiasme des dirigeants de Podemos, dont elle était la candidate: selon toute vraisemblance, cette militante des droits de l’homme devrait s’entendre avec le Parti socialiste (9 élus) pour s’emparer de la mairie de Madrid.
A Barcelone, autre séisme, la forteresse tenue par les nationalistes catalans a été prise d’assaut par une activiste défendant le logement pour tous : Ada Colau a coiffé sur le poteau le catalaniste Xavier Trias et devrait former un gouvernement municipal de gauche. A Saragosse, La Corogne ou Cadix, d’autres candidats issus de l’indignation ont réalisé de gros scores et sont aussi en bonne position pour prendre les rènes municipales.
COALITIONS À FORMER
La droite a beau être unie, elle n’obtient nulle part la majorité absolue, ni dans ses fortins municipaux ni dans les parlements régionaux souvent décrits comme ses «territoires de chasse» tels que Castille Leon, Castille la Manche, Murcie ou la Rioja. En face, la gauche émiettée a paradoxalement bien plus de chances de former des coalitions majoritaires. Le Parti socialiste (deuxième force en suffrages), qui résiste bien à une déconfiture annoncée, s’annonce comme l’allié naturelle de Podemos ou de la Gauche Unie, ce qui lui permettra de prendre le contrôle de l’Extrémadure, des Baléares, Valence ou l’Aragon.
Les caciques du Parti populaire, eux, ne peuvent initier un round de négociations qu’avec Ciudadanos, «des libéraux progressistes». Mais, ces derniers ont fait du combat contre la corruption leur mantra; or d’innombrables dirigeants du PP ont été mis en examen ou sont dans la ligne de mire des juges pour prévarications, ce qui les rend peu «fréquentables». La réponse dans les prochains jours.


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