Gentilly-1 pourrait attendre jusqu’en 2103

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Qui dit mieux : 6 milliards $ de coûts et 123 ans de misère pour une centrale qui n'a été en opération que 183 jours

Québec — Québec pourrait avoir de grosses surprises en recevant le plan de déclassement pour la centrale Gentilly-1, en dormance depuis 35 ans. En effet, il a toujours été établi que le démantèlement d’une centrale pouvait se faire dans un horizon de 50 ans après la fermeture. Or, des documents internes d’Énergie atomique du Canada limitée (EACL), obtenus par Le Devoir, montrent qu’il faudra plutôt attendre encore entre 40 et 90 ans pour que débute la phase ultime du démantèlement.
« Il est prévu que Gentilly-1 restera en phase 2, dite phase de dormance, jusqu’en 2053 à 2103 », peut-on lire dans la dernière mise à jour sur l’état des plans de déclassement d’EACL disponible, qui date du 5 janvier 2011.
Le document interne, signé par Peter Elder, directeur général de la Direction de la réglementation du cycle et des installations nucléaire, précise que « l’initiation de la phase 3 sera déterminée selon une analyse de critères de sécurité, de coûts, de bénéfices, de risques et de priorités du moment ». Une fois entrepris, les travaux de déclassement devraient prendre moins de cinq ans.
L’autre point qui doit être pris en considération, comme cela est exprimé dans le document, est la disponibilité du fameux site autorisé d’entreposage sécurisé pour les déchets radioactifs. La Société de gestion des déchets nucléaires (SGDN) devait rendre ce site disponible pour 2050, mais les négociations pour trouver un site convenable avancent très lentement. « De toute évidence, le gouvernement fédéral n’a pas trop confiance qu’il réussira à avoir son site d’entreposage à temps puisqu’il se donne encore 100 ans pour démanteler Gentilly-1 », affirme Jacques Dagenais, membre du comité consultatif du collectif Sortons le Québec du nucléaire.
Chantier-école
Le réacteur expérimental de Gentilly-1 a été construit au début des années 1970 et n’aura été opérationnel que 183 jours. La centrale a été mise en dormance au début des années 1980.
Pendant la commission parlementaire sur Gentilly-2, qui s’est tenue à Québec en janvier dernier, des groupes écologistes ont proposé aux parlementaires de démanteler l’ensemble du complexe nucléaire sur une période de 20 ans, en se servant de Gentilly-1 comme d’un « chantier-école ».
Dans son rapport, rendu public jeudi dernier, la Commission recommandait au gouvernement de faire une « étude de faisabilité pour un déclassement immédiat » de Gentilly-2. La Commission recommandait également « qu’une demande soit adressée au gouvernement fédéral pour un plan de déclassement de la centrale de Gentilly-1 ».

Des coûts qui explosent
Outre Gentilly-1, Énergie atomique du Canada limitée condamne également les centrales de Douglas Point et le réacteur expérimental de démonstration, tous deux en Ontario, à une dormance « pour les 50 à 100 prochaines années ».
Ce prolongement de la phase de dormance occasionne des surplus de coûts. Dans une communication en date du 19 mars 2013, Énergie atomique du Canada limitée affirme avoir informé le gouvernement du Canada « que son estimation du passif augmente de 2,4 milliards de dollars » en matière de déclassement et de gestion des déchets nucléaires. La facture, qui s’élevait auparavant à 3,6 milliards, grimpe donc à 6 milliards. Il s’agit d’un changement qui « sera reflété dans les résultats financiers de 2012-2013 du gouvernement », précise EACL.


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