Le Parti québécois remportait le 4 septembre, voilà un an, les élections par une majorité tout juste suffisante pour former un gouvernement minoritaire. L’attentat contre Pauline Marois, survenu à peine la victoire péquiste confirmée, était annonciateur de turbulences. Elles furent au rendez-vous durant cette première année. Elles le seront aussi durant cet an 2 qui s’amorce.
Eût-il obtenu une majorité à cette élection, le gouvernement Marois aurait pu gouverner autrement. Rappelons-nous l’arrivée du gouvernement Charest en 2003, qui invoqua l’état des finances publiques pour reporter ses engagements électoraux. Majoritaire, il put prendre son temps, luxe que n’a pas eu Pauline Marois.
Les quatre premiers mois du gouvernement Marois furent difficiles. Il n’était pas aussi prêt à gouverner qu’il l’avait prétendu en campagne. L’absence de cohésion de l’équipe, l’inexpérience de plusieurs ministres et la démission du ministre Daniel Breton créèrent une perception négative durable.
D’entrée de jeu, le gouvernement Marois prit des décisions difficiles qui donnèrent du grain à moudre à l’opposition. Rapidement, il annonça la fermeture de Gentilly-2 et le retrait d’une subvention à la mine Jeffrey, qui signaient l’acte de décès des secteurs du nucléaire et de l’amiante et qui entraînaient la perte de centaines d’emplois. De même, sans attendre, il présenta dès novembre un budget d’austérité qui marqua une rupture avec les milieux progressistes qui le reçurent comme une trahison.
Les compressions dans des programmes sociaux et la mise en veilleuse de plusieurs engagements électoraux, dont l’abolition de la taxe santé et le gel du tarif patrimonial d’électricité, n’ont pas encore été oubliées. La stratégie du gouvernement était de constituer, à la faveur d’une mise en ordre des finances, une marge de manœuvre, de telle sorte que le budget de mars 2014 vienne faire oublier tous ses « reculs ». Mais de mois en mois, de nouvelles compressions se sont ajoutées. D’autres viendront. Le chômage est à la hausse tandis que la croissance de l’économie est plus faible qu’attendu, ce qui entraîne une baisse des revenus du gouvernement. Rien n’assure que ce prochain budget marquera la sortie du purgatoire. Le déficit zéro atteint, il faudra de nouvelles compressions pour ne pas retomber dans le rouge.
Sa deuxième année, le gouvernement Marois l’entreprend néanmoins dans un climat plus positif. Les ministres ont pris de la maturité. La cohésion du cabinet solide. On a appris de ses erreurs. Et de ses succès, car il y en a tout de même eu, comme la résolution de la crise étudiante. Le gouvernement a dans l’ensemble, à commencer par la première ministre, pris de l’assurance. La façon dont Pauline Marois a géré la catastrophe de Lac-Mégantic l’a bien montré. Si une remontée se dessine dans les sondages, la tendance reste toutefois à être confirmée.
La rentrée qu’a préparée le gouvernement est ambitieuse. Parmi plusieurs débats délicats, il y aura celui sur l’avenir énergétique. On voudra statuer sur le passage de nouveaux pipelines et l’exploitation du pétrole et du gaz sur le territoire québécois. Puis, de graves débats de société, celui sur les soins médicaux en fin de vie (aide à mourir) et, surtout, celui sur la Charte sur les valeurs québécoises, dont le gouvernement veut faire le fer de lance de son action.
Sur aucun de ces sujets, il n’y aura de consensus faciles à créer. Les turbulences seront au rendez-vous, surtout pour le débat sur les valeurs québécoises. La polarisation s’annonce vive, mais le gouvernement Marois croit pouvoir rassembler une majorité d’appuis dans l’opinion publique et au Parlement qui pourrait le conduire à l’élection ou devenir le sujet d’une élection. Un pari risqué pour un gouvernement que de jouer son va-tout sur cette seule question.
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