Ce qui est arrivé à Pitou arrivera à Minou.

"Home run", l'article retenu d'un mauvais perdant.

Le "changement" - Ça dure généralement longtemps.

Tribune libre

« Quel était donc l’unique iceberg que le bateau Harper devait absolument éviter ?
Réponse : ce n’est pas un parti politique qu’il devait éviter. Il n’y avait pas, il n’y a pas, et il n’y aura pas de sitôt un parti canadien qui pourrait se constituer en parti iceberg pour lui. Harper est un bien meilleur capitaine qu’il n’y paraît.
Minoritaire, le gouvernement Harper était devant un électorat à conquérir. Il y a encore, en effet, un électorat particulier, redoutable, à conquérir, dont les rivages lui étaient hier inaccessibles. Le capitaine Harper sera bientôt en mesure d’y accoster.
Harper n’a jamais craint aucun parti. Peut-être le bonhomme est-il d’une autre époque, mais c’est néanmoins un conquérant. Il a d’abord gagné la chefferie conservatrice. Puis, le pouvoir canadien. Son gouvernement supposé de la grosse drette, supposé aussi sans imagination, minoritaire, s’est toujours comporté comme un gouvernement majoritaire. Il va bientôt s’en gagner une majorité parlementaire, sinon il pourrait être en mesure de s’en grignoter une à l’aide de transfuges.
L’iceberg qu’ Harper surveille depuis toujours, c’est l’électorat du Canada central, c’est-à-dire les électorats additionnés du Québec et de l’Ontario. C’est le Canada central qui a été au pouvoir à Ottawa depuis très longtemps. (Même avec Mulroney). Et c’est ce Canada central qui est contesté par l’ouest canadien. Stephen Harper est un pur produit du Canada de l’ouest.
En mutilant et en divisant la force du Canada central, le Bloc a détruit le P.L.C., qui lui-même y a mis du sien avec les commandites. La chance d’Harper vient de là. Sans racine profonde ici, le parti d’ Harper a peu espéré du Québec : MAIS IL LUI SUFFISAIT AMPLEMENT QUE LE QUÉBEC N’APPARTIENNE PLUS AU P.L.C. --LE BLOC LUI SERVANT D’ALLIÉ OBJECTIF-- pour lui donner les coudées franches en Ontario. Et d’autant plus, et mieux, que la présence du Bloc à Ottawa a constitué et constitue encore un habile prétexte à Harper pour introduire radicalement son parti en Ontario, la partie majeure du « Canada central », en se présentant toujours lui-même comme le défenseur d’une majorité forte(canadian), qui ne serait plus à la merci des jeux parlementaires, dans lesquels excellent justement l’opposition en général, et tout particulièrement le Bloc et ses maudits separatists.
C’est le Bloc (et maintenant le N.P.D.), et non l’inverse, qui sont instrumentalisés par le P.C.C. de Stephen Harper.
Si ce point de vue a quelque sens, le P.L.C. va beaucoup souffrir lundi soir. Mais il ne sera pas seul. Le Bloc va souffrir lui aussi, peut-être moins que le P.L.C., mais il va souffrir lui aussi. Et peut-être même beaucoup plus que ce que les indépendantistes ne craignent déjà. J’estime que la stratégie de Harper a marché sur toute la ligne à partir d’un simple pion, qu’il a avancé en tout début de campagne, celui relatif au problème qu’une possible « coalition » posait à la société canadian. La suite devenait prévisible comme dans une partie d’échec.
Harper voulait évidemment une élection. Duceppe avait raison sur ce point.
Mais pourquoi fallait-il que Gilles Duceppe positionne le Bloc depuis si longtemps sur cette ligne, la seule défense des « intérêts du Québec » ? « Du Québec » ! Et pourquoi pas la défense des québécois zé des québécoises eux-mêmes, de Nous, tout simplement ?
Quel « Québec » d’ailleurs ? Celui de Pauline Marois ? Ou celui de Jean Charest et du West Island ? Celui d’Amir Khadir peut-être ? Tous aspirent à défendre eux aussi les « intérêts du Québec » !
Pourquoi un si bon défenseur des intérêts « du Québec » à Ottawa ne serait pas appuyé-- et n’est pas appuyé-- par notre inestimable premier sous-ministre Charest* ?
Pourquoi un si bon défenseur des intérêts « du Québec » ne serait pas payé de retour ?
Réponse préliminaire : peut-être pour ceci, qui s’appelle la fidélité…. Toujours la même raison finalement : alors que le P.Q. remisait le référendum dans son carquois de stratégies fermées, Gilles Duceppe, tout affairé déjà aux « valeurs et intérêts du Québec », très haut dans le ciel d’Ottawa…s’invitait lui-même sur le sujet et se faisait le champion, avant le congrès péquiste, ( ben ouiiiiii, avant, n’est-ce pas ? Avant de se rallier aussi), d’un référendum ouvert le plus tôt possible… méchant timing… timing qui s’est poursuivi avec une désolante constance.
Méchant timing et ultime tentative de pousser son propre agenda, sinon de se pousser tout court…. Alors précisément que le mot lui-même, ré-fé-ren-dum, est devenu un irritant, un irritant de plus, à un électorat déjà plus que tanné.
Contrairement à Jack Layton, Gilles Duceppe n’a pas semblé prendre la mesure de la mauvaise humeur de l’électorat, de sorte que toute la campagne(en amont) de diabolisation de Stephen Harper (et de la mauvaise humeur inhérente) par le Bloc s’est retournée contre lui, au profit de Jack Layton, peut-être insignifiant, PARCE qu’insignifiant*, mais certainement souriant. Il y a sans doute pas mal de « Assez, n’en mettez plus » dans la réaction de l’électorat à l’encontre du Bloc, révélée par les sondages.
Au fond, et pour donner la mesure : plus tannant que cela pour Nous tanner encore, que reste-t-il d’autre que le restant des restants : Jean Charest ?
Ni Jack ni Stephen ne sont plus fidèles que Gilles Duceppe. Certes non. Certes non. Mais pour le timing politique, cette fois-ci…
Et le timing dans l’élan, c’est tout ce que ça prend pour réussir un « home run » ! Personne ne va apprendre ça à Gilles Duceppe !
Beau temps, mauvais temps, je vais aller voter demain pour le Bloc. »
Et j’y suis allé, en effet. Pour le Bloc. Pas fâché, mais déçu par avance.
* L’a-t-on entendu une seule fois notre humoriste du West Island ?
* Tout au long de la campagne électorale, la mauvaise humeur de l’électorat québécois l’empêchait de regarder chez les libéraux ou les conservateurs. S’est donc retourné vers le N.P.D. avec la même insouciance qu’il y a très longtemps avec les créditistes : « on a rien à perdre ».



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