L'annonce du retrait des Etats-Unis et d'Israël de l'Unesco sonne comme le dernier acte d'une série de tensions présentes depuis plusieurs années entre l'institution onusienne chargée notamment de la protection du patrimoine mondial et les deux pays.
Les Etats-Unis, suivis par Israël, ont provoqué la stupeur en annonçant le 12 octobre leur retrait de l'organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco), fondée en 1945 et chargée de la valorisation et de la protection du patrimoine culturel mondial. Après plusieurs années de désaccords, notamment autour de la question palestinienne, le divorce semble être consommé entre les deux pays alliés et l'institution. Washington et Tel Aviv ont annoncé que leur départ de l'Unesco sera effectif au 31 décembre prochain.
Si les Etats-Unis avaient déjà boycotté l'Unesco entre 1984 et 2003 pour protester contre une supposée mauvaise gestion et une idéologie jugée «tiers-mondiste», le pays a cette fois pointé du doigt la «persistance des préjugés anti-israéliens au sein de l'Unesco».
Plusieurs mesures adoptées par l'institution ces dernières années autour de la question palestinienne et de la valorisation de son patrimoine, disputé par Israël, ont en effet donné lieu à des conflits diplomatiques, ayant amené au départ de l'Etat hébreu et de son allié américain de l'organisation, ce 12 octobre.
2011 : Washington stoppe son financement après l'entrée de l'Autorité palestinienne
Le 31 octobre 2011, la Conférence générale de l'Unesco avait accepté par un vote, l'admission de la Palestine comme Etat membre de l'organisation par 107 voix pour (dont celle de la France), 52 abstentions et 14 voix contre, dont celle des Etats-Unis et du Canada.
Cette décision, première reconnaissance majeure de la Palestine dans une institution internationale, avait provoqué le retrait du financement américain de l'organisation, soit 70 millions de dollars (59,09 millions d'euros) ou l'équivalent de 22% du budget de l'Unesco. Le Congrès américain a en effet voté une loi dans les années 1990 qui interdit le financement d'une agence spécialisée des Nations unies qui accepterait en son sein la Palestine en tant qu'Etat-membre.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou avait lui aussi ordonné le gel de la contribution de l'Etat hébreu à l'Unesco de 2 millions de dollars (1,45 million d'euros) quelques jours plus tard.
Débats autour des lieux saints
La question des lieux saints communs au judaïsme et à l'islam, revendiqués par les Palestiniens et par les Israéliens, a régulièrement fait l'objet de passes d'armes au sein de l'institution.
En 2010, le gouvernement israélien avait décidé de suspendre sa coopération avec l'Unesco pour protester contre la décision de décrire le Tombeau de Rachel à Bethléem, selon l'appellation juive, également comme la mosquée Bilal Bin Rabah, telle que la qualifient les musulmans. Le site du tombeau est une enclave sous contrôle de l'armée israélienne dans la ville palestinienne de Bethléem.
En octobre 2016, Israël avait une nouvelle fois suspendu sa coopération avec l'Unesco après l'adoption de deux projets de résolutions sur la «Palestine occupée», à l'initiative de sept pays arabes. Les textes approuvés dénonçaient les empiétements israéliens sur l'esplanade des mosquées, contrôlée par la Jordanie. Ce lieu est considéré comme le troisième lieu saint de l'islam et comme le premier lieu saint des juifs qui l'appellent «Mont du temple». Si la Jordanie continue à administrer le site, Israël contrôle tous les accès d'un lieu qui est régulièrement le théâtre de tensions commme en juillet 2017.
Benjamin Netanyahou avait condamné avec force cette décision de l'Unesco, qualifiée de «délirante».
«Cette fois-ci, ils ont estimé que le tombeau des Patriarches à Hébron est un site palestinien, ce qui veut dire non juif, et que c'est un site en danger», avait-il tempêté sur son compte Facebook à cette occasion.