Gaza

Israël maintiendra son blocus en dépit des pressions internationales

D'autres navires d'aide humanitaire tenteront de ravitailler le territoire palestinien

"Libérez Gaza" - 1ère Flottille humanitaire - le "Mavi-Marmara" -


Claude Lévesque - Affrontements entre des manifestants venus dénoncer le raid des militaires israéliens contre la flottille chargée d’aide humanitaire à destination de Gaza et les forces policières de la capitale turque, hier, devant la résidence de l’ambassadeur d’Israël à Ankara, Gabby Levy. Plus tôt, le premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, avait qualifié l’assaut de «massacre sanglant», d’«attaque insolente et irresponsable qui piétine toute vertu humaine» demandant qu’Israël soit «puni» pour son «opération inhumaine». L’attaque aurait fait neuf morts, dont au moins quatre Turcs, aux aurores lundi.
Au-delà de l'arraisonnement d'une flottille en Méditerranée, la communauté internationale a critiqué hier le blocus imposé par Israël à la bande de Gaza, encerclement que les militants propalestiniens ont d'ailleurs promis de forcer de nouveau à brève échéance.
Même si l'assaut donné à un navire turc par des commandos de la marine israélienne a fait au moins neuf morts lundi avant l'aube, le mouvement Free Gaza a annoncé hier que deux autres bâtiments allaient tenter de ravitailler le territoire palestinien la semaine prochaine. «Cette initiative ne s'arrêtera pas», a lancé une porte-parole de l'association, Greta Berlin, précisant qu'un navire avait déjà quitté les côtes italiennes et qu'il serait bientôt rejoint par un second bâtiment. «Nous pensons qu'Israël trouvera un peu de sens commun. Ils devront cesser le blocus de Gaza et l'une des façons d'y parvenir est que nous continuions à envoyer des bateaux.»
Le gouvernement israélien a cependant indiqué qu'il ne changerait pas sa politique, qui consiste à exiger que l'aide humanitaire à Gaza passe par des canaux qu'il contrôle lui-même ou que l'Égypte voisine surveille généralement à sa satisfaction.
Israël justifie ces mesures par la nécessité d'empêcher la livraison d'armes dans la bande de Gaza, qui est contrôlée par le mouvement islamiste Hamas depuis l'été 2007 et d'où plusieurs roquettes ont été tirées vers des villes israéliennes au cours des dernières années.
Dans le climat qui règne depuis la triste nuit de dimanche à lundi, le président égyptien, Hosni Moubarak, a ordonné hier l'ouverture pour quelques jours du point de passage entre son pays et l'enclave palestinienne, à Rafah, afin de permettre l'acheminement de l'aide humanitaire et le transfert de malades devant être opérés dans des hôpitaux bien équipés.
Conseil de sécurité
Dans la nuit de lundi à hier, le Conseil de sécurité de l'ONU, qui s'était réuni à la demande la Turquie, a exhorté, dans une déclaration non contraignante, l'État juif à conduire une enquête «transparente, crédible, impartiale et rapide» ainsi qu'à libérer les six navires et les personnes détenues à la suite de l'abordage de la «flottille de la paix».
Le Conseil a donc rejeté les nombreux appels à une enquête internationale. En revanche, il a exprimé son inquiétude quant à la situation humanitaire qui prévaut dans la bande de Gaza. Le communiqué diffusé par l'instance onusienne rappelle que les Nations unies ont, à plusieurs reprises dans le passé, fait part de leurs préoccupations «quant à l'entrée insuffisante de matériel pour répondre aux besoins élémentaires de la population et poursuivre la reconstruction».
Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU et la Ligue arabe ont organisé hier des réunions pour discuter du raid israélien.
Israël, qui avait averti qu'il empêcherait la flottille de se rendre jusqu'à Gaza, accuse les militants d'avoir déclenché les violences lundi en attaquant ses commandos avec des couteaux et des barres de fer. Les organisateurs de l'opération d'aide ont quant à eux affirmé que les militaires avaient ouvert le feu sans justification.
Des critiques en Israël
Même si l'on y perçoit assez peu de sympathie envers les militants propalestiniens, que les autorités ont accusés d'être de mèche avec le Hamas, voire avec al-Qaïda, la presse et certains politiciens en Israël s'interrogent sur les préparatifs de l'opération de commandos.
Le chef de l'état-major, le général Gabi Ashkénazi, a dû reconnaître que ces derniers étaient mal équipés, tandis que le commandant de l'opération, dont l'identité n'a pas été révélée, a déclaré ne pas s'attendre «à une telle résistance de la part des activistes [...], puisque nous parlions d'une organisation d'aide humanitaire».
Certains quotidiens ont réclamé la démission du ministre de la Défense, Éhoud Barak, mais dans l'ensemble, les éditoriaux et les commentaires sont loin de refléter les critiques qui fusent à l'étranger, quelques textes du quotidien de gauche Haaretz faisant toutefois exception.
Certains intellectuels israéliens de premier plan se sont montrés très critiques. «Nous nous plaçons nous même en état de siège international, ce qui est plus dangereux pour nous que le blocus de Gaza ne l'est pour les Gazaouis», a par exemple déclaré l'écrivain Amos Oz à la radio de Tsahal, comparant son pays à l'Afrique du Sud à l'époque de l'apartheid.
En Turquie, le ministre des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, a demandé au président américain d'agir avec plus de fermeté avec son allié israélien. Lundi, Barack Obama s'était contenté de déplorer les pertes de vies humaines et de réclamer des explications au premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou. Depuis deux jours, le premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, condamne dans des termes très durs le raid israélien qui a coûté la vie à plusieurs de ses compatriotes.
Enfin, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a révélé hier que le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, entend poursuivre les négociations indirectes récemment entamées avec ses interlocuteurs israéliens.
***
Avec l'Agence France-Presse


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé

-->