Au palmarès des bons coups de la semaine, la première place revient à Alexandre Cloutier pour avoir réussi à recruter sa très convoitée collègue de Joliette, Véronique Hivon.
Le doigté et les qualités humaines qu’elle a démontrés dans le délicat dossier de l’aide médicale à mourir en a fait une sorte de symbole de cette façon de faire de la politique autrement que tout le monde appelle de ses voeux et dont le jugement rendu par la Cour suprême vendredi consacre en quelque sorte le bien-fondé.
Sa capacité à se hisser au-dessus de la partisanerie, une qualité plutôt rare, pourrait certainement être très utile dans la recherche d’un terrain d’entente avec les autres partis souverainistes, comme M. Cloutier lui en confiera le mandat s’il devient chef du PQ.
Un candidat au leadership peut difficilement déclarer d’entrée de jeu que l’heure est venue pour le PQ de renoncer à l’hégémonie qu’il a longtemps exercée sur le mouvement souverainiste. Il vaut mieux parler de « mettre en place un espace de dialogue et de travail avec les autres forces indépendantistes », comme l’a fait M. Cloutier.
Chose certaine, d’une élection à l’autre, il apparaît de plus en plus évident qu’une forme d’alliance entre les forces souverainistes est non seulement une condition indispensable à une éventuelle victoire du Oui, mais aussi à l’élection d’un gouvernement qui sera en mesure de tenir un référendum.
Il existe des organismes tels que les Organisations unies pour l’indépendance (OUI), comme s’est rebaptisé l’ancien Conseil de la souveraineté, ou encore le Nouveau Mouvement pour le Québec (MNQ), qui s’emploient à promouvoir la « convergence » au sein de la société civile, mais il faudra nécessairement que cela se concrétise au niveau des partis.
Malgré la tiédeur affichée par leurs dirigeants, le désir d’unité est manifeste à la base. La présence de militants de Québec solidaire et d’Option nationale au lancement de la campagne de Martine Ouellet démontre que les affinités demeurent nombreuses. Il est vrai que Mme Ouellet est largement perçue comme la candidate de la gauche et qu’elle est la seule à s’être engagée sans réserve à tenir un référendum dans un premier mandat.
Françoise David a déjà déclaré qu’aucun député de QS ne s’assoirait aux côtés de Pierre Karl Péladeau. On ne leur en demanderait sans doute pas autant, le rapprochement serait certainement moins facile si Pierre Karl Péladeau devenait chef du PQ. Encore que, sondage après sondage, 20 % des partisans de QS se disent d’avis que PKP ferait le meilleur chef.
Jacques Léonard s’est bien rendu compte qu’il aurait été aberrant de limiter à deux le nombre de débats. Comme il se doit, l’indépendance sera un thème imposé lors des cinq confrontations. Il faudrait en profiter pour demander à chacun des cinq candidats en quoi il serait le plus apte à favoriser une alliance sans laquelle le Québec risque de demeurer à jamais une province.
Ce serait faire injure à M. Péladeau que de le croire incapable de débiter autre chose que des lieux communs. De toute évidence, l’insignifiance à laquelle il s’applique depuis des mois est délibérée. D’ailleurs, pourquoi prendrait-il le risque d’être le moindrement précis si les militants se satisfont de l’entendre clamer béatement son désir du pays ?
Les résultats du dernier sondage Léger Marketing–Le Devoir laissent penser qu’ils n’en demandent pas plus. Il se peut que les opinions soient plus partagées chez les membres du PQ, qui auront seuls le droit de voter pour le choix du chef, que chez les électeurs péquistes, dont 63 % favorisent PKP. Dans le passé, le candidat à une course au leadership qui jouissait d’une telle popularité auprès de la clientèle de son parti a cependant toujours fini par l’emporter.
M. Péladeau est nettement celui qui offrirait au PQ les meilleures chances de l’emporter si une élection générale avait lieu maintenant, mais on serait très loin d’un raz-de-marée. Avec 32 % du vote à l’élection du 4 septembre 2012, Pauline Marois avait réussi d’extrême justesse à former un gouvernement minoritaire. Même si PKP est actuellement au sommet de sa popularité, c’est exactement le pourcentage d’intentions de vote dont Léger Marketing crédite le PQ s’il en était le chef.
Autrement dit, même avec M. Péladeau, le PQ ne serait pas en mesure de tenir un référendum. Certes, la prochaine élection n’aura lieu qu’à l’automne 2018, mais les résultats du sondage de Léger Marketing sont plutôt encourageants pour les libéraux. Malgré la grogne suscitée par les politiques d’austérité, les intentions de vote en faveur du PLQ sont en hausse de 3 % depuis décembre et le taux de satisfaction à l’endroit du gouvernement a augmenté de 5 points. Il n’est certainement pas trop tôt pour s’atteler sérieusement au rapprochement des forces souverainistes.
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