Lundi, le 22 février, en après-midi, la première ministre Kathleen Wynne prendra la parole à l'Assemblée législative ontarienne. Elle présentera formellement ses excuses, au nom de la province, à la communauté franco-ontarienne pour le tristement célèbre Règlement 17, qui interdisait l'enseignement et l'utilisation du français dans les écoles.
Plusieurs ont déjà salué l'audace du gouvernement libéral dans ce dossier. L'Assemblée de la francophonie ontarienne (AFO) accueillait déjà « avec enthousiasme » l'initiative de la province lorsqu'elle a été évoquée pour la première fois cet automne.
Mais est-ce suffisant pour « fermer la porte sur ce chapitre noir de l'histoire franco-ontarienne » comme le suggère l'AFO?
Plus que de l'histoire ancienne
89 ans nous séparent peut-être de ce « chapitre noir », n'empêche que devant Queen's Park, la statue de James Whitney est toujours bien en place. James Whitney, c'est le premier ministre conservateur qui a imposé l'infâme règlement, en vigueur jusqu'en 1927.
Affolé par le fait que les Canadiens français comptaient pour environ 10 % de la population en Ontario en 1910, Whitney voulait protéger la province de la « Quebec invasion ». La présence d'un monument en son honneur devant l'édifice où la première ministre présentera ses excuses est peut-être symbolique, mais le fait que les Canadiens français en Ontario représentent maintenant moins de 4 % de la population est très concret.
C'est d'ailleurs là que le travail du député de Sudbury pour obtenir ces excuses prend tout son sens. Glenn Thibeault incarne lui-même les conséquences désastreuses qu'a eues le règlement pour la communauté franco-ontarienne. Canadien français de père et mère, M. Thibeault a dû réapprendre la langue de ses ancêtres une fois adulte. Il a toujours beaucoup de difficulté à parler en français.
« C'est pour ça que ces excuses me tiennent particulièrement à cœur », me disait-il, il y a quelques semaines. « J'ai perdu ma langue à cause de ce règlement, et c'est important qu'il y ait une reconnaissance ». Le Règlement 17 est plus actuel qu'on ne le croit.
Passer à l'avenir
Reconnaître et pardonner, c'est une chose : tourner la page en est une autre. Le militant franco-ontarien de longue date, Gilles Marchildon, a raison de dire que si ces excuses sont une « bonne nouvelle », le plus important reste « de poser des gestes concrets et tangibles pour l'avenir de la francophonie ontarienne ».
Comme la création d'une université franco-ontarienne, qui serait d'autant plus pertinente qu'après l'assimilation, c'est sur l'éducation que l'impact du Règlement 17 s'est le plus fait sentir. Pendant des décennies, les jeunes Canadiens français ont été moins scolarisés que les anglophones.
La belle occasion d'agir, ont rappelé pas moins de 150 étudiants devant l'Assemblée législative jeudi.
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