L'arrivée de Louise Harel sur la scène municipale à quelques mois des élections est une bonne nouvelle pour Montréal. L'ancienne ministre a une feuille de route impressionnante. Une candidature aussi expérimentée va sans contredit enrichir le débat démocratique.
En choisissant de se joindre au parti Vision Montréal, Mme Harel fait preuve de pragmatisme. Le parti n'avait aucune chance de remporter le pouvoir, mais il possède tout au moins une structure établie. Le chef de l'opposition, Benoit Labonté, a pour sa part fait preuve de sagesse et de réalisme en cédant sa place à l'ancienne ministre des Affaires municipales.
La conférence de presse d'hier, qui scellait l'union Labonté-Harel, n'était pas sans rappeler une célébration de mariage. Le couple faisant son entrée sous les applaudissements dans une grande salle ensoleillée du Marché Bonsecours, les yeux doux et les sourires complices des deux politiciens, l'émotion dans la voix. Ne manquait que la musique et le lancer du bouquet. Reste à voir combien de temps durera la lune de miel...
Pour l'instant, force est de constater que Mme Harel représente une opposition beaucoup plus menaçante pour Gérald Tremblay que Benoit Labonté. Lorsque la nouvelle chef de Vision Montréal questionnera le maire de Montréal sur l'intégrité de son administration, il ne pourra pas s'en tirer, comme il le fait maintenant, en disant qu'elle siégeait au comité exécutif lorsque les décisions ont été prises concernant la SHDM et le contrat des compteurs d'eau (c'était le cas de M. Labonté). Les débats risquent d'être enflammés.
Par contre, Mme Harel a plusieurs handicaps, qu'elle ne nie pas d'ailleurs. Elle parle très mal anglais et elle est responsable des fusions. Dans la presse anglophone, son retour en politique active est d'ailleurs commenté comme l'équivalent du retour de la peste bubonique...
Mme Harel a amorcé son retour en déclarant que Montréal était ingouvernable. Or la gouvernance de Montréal, c'est un terrain miné sur lequel Gérald Tremblay n'a jamais eu envie de s'aventurer. La question est pourtant incontournable. Les pouvoirs accordés aux 19 arrondissements sont un handicap pour Montréal, il n'y a aucun doute. Il faudra toutefois que Mme Harel précise sa pensée. De quelle façon compte-t-elle modifier la Charte sans rouvrir les plaies encore vives causées par la saga des fusions et des défusions? Beau défi. Il faudra attendre la fin de l'été pour connaître la plate-forme de Vision Montréal.
Louise Harel, ancienne ministre péquiste et souverainiste de la première heure, devra également expliquer comment elle compte s'y prendre pour obtenir une meilleure écoute à Québec. Même si les libéraux sont au pouvoir, le maire Tremblay peine à se faire entendre. Un autre défi. Chose certaine, l'automne montréalais sera divertissant.
nathalie.collard@lapresse.ca
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