La CLASSE déterminée à rallier les Québécois à sa «grève sociale»

Élection Québec 2012 et le Conflit étudiant


Geneviève Tremblay - Au lendemain de son congrès, qui s’est déroulé samedi, à l’Université Laval, la Coalition large de l’Association pour une solidarité étudiante (CLASSE) a réaffirmé hier sa détermination à s’opposer aux « politiques néolibérales » et à rallier les Québécois à sa « grève sociale » par le dialogue, que des élections aient lieu ou non.
Cette stratégie, élaborée la semaine dernière avec la publication du manifeste « Nous sommes avenir » et peaufinée à Québec en fin de semaine, restera indépendante de tout parti politique et ira s’intensifiant advenant le déclenchement d’élections, a soutenu hier le coporte-parole Gabriel Nadeau-Dubois, joint par Le Devoir après une journée de discussion en Montérégie.
« Ce que le congrès a décidé, c’est de faire une campagne centrée sur les idées et les valeurs des étudiants. De fonctionner en parallèle de la campagne électorale, de ne pas suivre un parti en particulier, d’aller parler aux gens de notre projet de société sans envoyer de mot d’ordre ou de consigne sur ce qu’il faut faire le jour du vote », a-t-il dit, ajoutant que la Coalition a « les idées claires ».
Si elle ne ciblera aucun parti ni aucune plateforme électorale, la Coalition promet toutefois qu’elle « défendr[a] des principes et en critiquer[a] d’autres », dans le but d’échanger des idées avec la population québécoise et peut-être ainsi l’inspirer le jour du vote, si vote il y a.
Mise en garde vendredi par le Directeur général des élections, qui a rappelé que les groupes de pression ne peuvent engager des dépenses pour « favoriser ou défavoriser, directement ou indirectement, un candidat », la Coalition assure que ses dépenses sont « extrêmement marginales » et se résument pour l’instant à l’impression de manifestes et au déplacement en voiture des militants.

Une tournée éparpillée
Les propos de la ministre de l’Éducation Michelle Courchesne, qui a déclaré vendredi dernier que la CLASSE s’éparpillait et changeait de registre en abordant des enjeux sociaux plus larges comme le Plan Nord et l’exploitation des gaz de schiste, ont fait bondir Gabriel Nadeau-Dubois, qui les qualifie de « ridicules ».
« Au début de la grève, les ministres libéraux étaient sur toutes les tribunes pour condamner le fait que les étudiants se mobilisaient seulement pour leur petit nombril, sans tenir compte des contribuables, a-t-il explosé, soutenant que les libéraux les ont d’ailleurs défendus en qualifiant de « corporatives » les revendications de la CLASSE. « Et maintenant qu’on parle de projet de société, que comme jeunes on prend position sur des enjeux plus larges, Mme Courchesne nous tape sur les doigts et nous dit de nous mêler de ce qui nous regarde », a-t-il accusé.
Reprenant le contenu du manifeste présenté jeudi dernier, Gabriel Nadeau-Dubois a tranché que la CLASSE remplit un « devoir » en s’attaquant ainsi à plusieurs fronts. « Ce qu’on attend de la jeunesse québécoise, c’est qu’elle prenne position sur l’avenir du Québec, a-t-il soutenu, parce que cette province-là, on va en hériter et que les libéraux sont en train de la détruire. »
La « tournée de mobilisation politique » entamée à Sorel vendredi dernier, qui sort de la stricte question des droits de scolarité pour aborder les quatre valeurs défendues par la Coalition - démocratie, justice sociale, écologie et égalité hommes-femmes -, entend ouvrir un « dialogue » avec la population des régions du Québec, de Granby à Rimouski, où l’appui est plus tiède depuis les débuts de la crise étudiante.
« L’objectif n’est évidemment pas de changer profondément l’imaginaire politique québécois en trois semaines, précise le porte-parole. C’est d’y aller peu à peu, de commencer à tisser des liens, à faire circuler le texte du manifeste le plus possible dans les villes du Québec. »
De passage à Saint-Jean-sur-Richelieu hier après-midi, où elle était invitée à la première assemblée populaire de la ville, la CLASSE n’a toutefois attiré qu’une trentaine de personnes - un départ discret que le porte-parole qualifie d’« honorable ». « Dans le mouvement étudiant, il n’y a pas si longtemps, il y avait aussi 40 personnes dans les assemblées générales. C’est à force de travail, à force d’efforts qu’on a rejoint de plus en plus de personnes. »

Poursuite de la grève ?
Malgré son soutien indéfectible à la grève et à la gratuité scolaire, positions qui lui ont valu l’étiquette de « radicale » durant la crise étudiante, la Coalition entend organiser le plus rapidement possible des assemblées générales pour statuer sur la reconduction ou non de la grève au cégep et à l’université - et ce, avant le retour en classes prévu pour le mois d’août.
« La dernière fois qu’on a consulté les étudiants, il y avait une volonté d’aller en grève. C’est le plan d’action qu’on avait adopté au préalable, donc pour nous la suite naturelle des choses est de reprendre la grève, a affirmé Gabriel Nadeau-Dubois. Mais dans le contexte de la loi 78 et d’une probable campagne électorale, a-t-il nuancé, il faut « tenir des assemblées générales le plus rapidement possible, parce que nous avons une décision très importante à prendre ».


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