La crise économique, une tempête ou une simple brise ?

Le cadre financier rendu public par Jean Charest semble contredire les propos qu'il tient sur toutes les tribunes

Élection Québec - 8 décembre 2008



Dutrisac, Robert - Laval - Sur toutes les tribunes, le chef libéral, Jean Charest, prévient qu'une tempête économique s'abattra sur le Québec. Mais si l'on se fie au cadre financier du Parti libéral du Québec qu'il a rendu public samedi, ce n'est qu'une légère brise qui soufflera.
Le cadre financier du PLQ prévoit une hausse des dépenses de 1,5 milliard en cinq ans, soit une moyenne de 300 millions par an, soit moins de 0,5 % du budget du Québec. En cette période troublée sur le plan économique au dire de Jean Charest, aucun déficit n'est à l'horizon, bien que les promesses libérales fassent augmenter la dette du gouvernement de 1,6 milliard.
La ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, s'attend à une croissance famélique en 2009-1010, soit 0,6 %, mais le Québec évitera la récession. «On ne pense pas qu'on s'en va vers une crise économique. L'emploi n'a pas diminué. Les revenus de l'État ne baisseront pas», a expliqué un conseiller du chef libéral. Après une année au ralenti, la croissance devrait être solide en 2010, note-t-on, en citant les prévisions de la Banque du Canada qui entrevoit une reprise marquée après 2009. La croissance prévue en 2010 est de 3,4 % pour l'ensemble du Canada.
Le cadre financier s'appuie sur une croissance moyenne des dépenses de l'État de 4,5 %, le même taux moyen que le gouvernement Charest a affiché depuis 2003. Pour l'an prochain, la ministre des Finances a toutefois établi la cible de croissance des dépenses à 3,2 %. Les promesses libérales gonfleront les dépenses de 0,3 %. Mme Jérôme-Forget a indiqué qu'elle utiliserait sans doute la réserve pour éventualités de 200 millions qu'elle a mise de côté pour l'an prochain.
De ces engagements de 1,5 milliard, 938 millions portent sur des mesures budgétaires, 485 millions sont des mesures fiscales et une somme de 82 millions couvre la hausse du service de la dette.
Instauration progressive
Jean Charest a indiqué que plusieurs mesures seraient mises en oeuvre graduellement. C'est le cas des principales mesures budgétaires que sont l'ajout de 15 000 places en garderie (195 millions), la réduction des ratios élèves-enseignant (200 millions) et l'amélioration des services aux personnes âgées en perte d'autonomie (140 millions).
En revanche, deux mesures devront être mises en place au cours des deux prochaines années parce qu'elles visent à stimuler l'économie à court terme. C'est le cas du crédit d'impôt pour la rénovation domiciliaire (250 millions) et de l'avance de un milliard à la Société générale de financement (SGF). Cette avance représente des frais d'intérêt de 50 millions par an, soit 25 millions par tranche de 500 millions l'an prochain et l'année suivante. Le cadre financier ne comptabilise que les frais d'intérêt pour un an seulement; on présume donc que ces placements que ferait la SGF dans des entreprises ne seraient que temporaires.
Une des mesures fiscales dont l'introduction risque de ne se faire que tard dans le mandat, c'est l'exemption de taxe de vente du Québec (TVQ) sur les produits culturels. Les libéraux n'ont prévu que la valeur d'une seule année de cette exemption qui retrancherait 50 millions par an aux revenus de l'État. De même, l'exemption de la première tranche de 10 000 $ de revenus de travail pour les personnes âgées de 65 ans et plus, une mesure qui prive les coffres du gouvernement de 100 millions par an, n'entrera en vigueur que petit à petit.
Parmi les mesures qui sont financées par la dette, on trouve 250 millions pour les infrastructures du Plan Nord, 196 millions pour le transport en commun dans la région de Montréal, une somme affectée principalement aux trains de banlieue, et 135 millions pour les infrastructures de la capitale nationale.


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