La dernière année a été pénible pour Mario Dumont et l'Action démocratique

Martin Ouellet

2006 textes seuls

QUEBEC (PC) - Criblée de dettes, aux bas fonds dans les sondages, incapable de se démarquer sur l'échiquier politique, l'Action démocratique du Québec (ADQ) apparaît plus que jamais sur la corde raide, en cette fin d'année 2005.
Commencée lors de la dernière campagne électorale en 2003, la descente aux enfers de l'ADQ s'est poursuivie tout au cours de la dernière année, avec comme humiliation ultime, une spectaculaire débandade électorale à la mi-décembre.
De fait, la candidate de l'ADQ dans la circonscription montréalaise d'Outremont, Raya Mileva, n'a obtenu qu'un famélique deux pour cent des suffrages au scrutin du 12 décembre, se faisant doubler non seulement par l'Union des forces progressistes (UFP) mais aussi par le Parti vert.
Si Outremont n'a jamais vraiment été dans le radar de l'ADQ, la circonscription nationaliste de Verchères, ancien port d'attache de Bernard Landry, représentait un meilleur test pour le parti de Mario Dumont.
Malheureusement pour le député de Rivière-du-Loup, sa candidate Denise Graveline, sur laquelle il fondait beaucoup d'espoir, n'a recueilli qu'un marginal 10 pour cent des suffrages, poussant un peu plus le parti vers la marginalité.
La chute de l'ADQ depuis 2003 a été aussi spectaculaire que sa montée vertigineuse amorcée à l'automne 2002. En quelques mois à peine, Mario Dumont est passé d'aspirant premier ministre à chef d'un tiers parti de plus en plus en marge, à la recherche d'une formule miracle pour convaincre les électeurs de sa pertinence.
Même l'élection de Sylvain Légaré dans la complémentaire de Vanier, à Québec, à l'automne 2004 n'a pu créer l'illusion d'une relance.
De fait, plusieurs analystes ont attribué la victoire du candidat adéquiste au soutien actif que lui ont procuré les animateurs de la puissante station de radio CHOI-FM, pour laquelle Mario Dumont avait cru bon de prendre fait et cause.
L'apport de l'ADQ n'a cependant pas empêché la révocation de la licence d'exploitation de la station, ni le congédiement de son animateur vedette, Jean-François "Jeff" Fillion.
Qui plus est, en dehors du bassin d'auditeurs de CHOI-FM que constituait la circonscription québécoise de Vanier, l'engouement pour l'ADQ est demeuré plus que ténu.
Une nouvelle formule gagnante
En 2005, l'ADQ croyait toutefois avoir trouvé une formule gagnante en se rangeant, plus que jamais, du côté "des victimes" de tout acabit, dans l'espoir d'attirer dans son giron un certain électorat qui juge trop laxiste le système carcéral actuel basé sur la réhabilitation.
En conséquence, Mario Dumont a fait sienne la doctrine selon laquelle les criminels ne sont pas suffisamment punis et les victimes ne sont pas assez entendues.
Suivant le courant dominant de la droite américaine, Mario Dumont a engagé son parti résolument sur la voie de la répression du crime, promettant des peines plus sévères pour les criminels et un droit de regard de leurs "victimes" sur toute possibilité de remise en liberté.
La proposition, qui se démarquait nettement des orientations péquistes et libérales, n'a pas eu l'effet de levier escompté dans les sondages.
Refusant de se laisser démonter, M. Dumont a tenté en vain par la suite de tirer profit de l'émotion suscitée par le film de Paul Arcand, "Les Voleurs d'enfance", en exigeant la tenue d'une commission d'enquête sur la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ).
Là encore, la voix du chef de l'ADQ n'a trouvé que peu d'oreilles attentives, une fois passé l'intérêt médiatique et populaire entourant la sortie du film.
A l'automne, Mario Dumont espérait encore porter un grand coup à l'occasion du conseil général de son parti, au cours duquel il devait présenter sa politique de santé basée sur l'apport du secteur privé.
Au lieu de cela, ce sont les problèmes financiers du parti qui ont éclaté au grand jour et occupé l'essentiel de l'espace médiatique.
L'ADQ, qui compte moins de 1000 membres en règle selon le rapport financier annuel du parti soumis au Directeur général des élections (DGE), a une dette accumulée de 1,5 million $ qu'elle peine à rembourser.
Et avec moins de 20 pour cent des intentions de vote dans les sondages, les mécènes ne semblent guère se bousculer au portillon pour regarnir les coffres du parti.
Présent sur la scène politique québécoise depuis une bonne quinzaine d'années, Mario Dumont a par ailleurs jugé opportun en 2005 de faire le bilan de son engagement public dans un ouvrage autobiographique intitulé "Avoir le courage de ses convictions".
M. Dumont y fait état des hauts et des bas, des joies et des peines qui ont émaillé son parcours, de la commission jeunesse du Parti libéral en 1990 à la débâcle électorale du printemps 2003.
À 35 ans, l'homme ne se considère pas encore tout à fait à la croisée des chemins, mais le test ultime approche.
Le destin du jeune chef et son parti se jouera vraisemblablement en 2007, au prochain rendez-vous électoral.


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