La comédienne québécoise Françoise Graton est décédée vendredi à l’âge de 84 ans à la suite d’une malheureuse chute survenue la veille.
Mme Graton est tombée alors qu’elle accompagnait son conjoint, le comédien Gilles Pelletier, en tournage dans la région de Rawdon.
Françoise Graton aura joué une centaine de rôles dans sa longue carrière, des rôles des répertoires classiques et modernes. Pour elle, le théâtre était une véritable passion. Elle avait aussi été présente au début de l’ère de la télévision.
Elle a joué dans des émissions de télé pour enfants et participé à de nombreux téléromans et téléthéâtres. On a pu la voir entre autres dans La famille Plouffe et Terre humaine. On l’a aussi vue interpréter quelques rôles au cinéma.
Flanquée de Gilles Pelletier, et de Georges Groulx, Françoise Graton a aussi cofondé la Nouvelle Compagnie théâtrale (NCT) en 1964, devenue le Théâtre Denise-Pelletier en 1997. Elle aura dirigé 90 productions jusqu’en 1982. Françoise Graton et son conjoint avaient d’ailleurs été honorés en mai dernier à ce même théâtre le soir des célébrations soulignant le 50e anniversaire du diffuseur culturel.
Mme Graton estimait qu’il était important de mettre l’accent sur le théâtre de répertoire et d’attirer notamment le public étudiant.
Dans une entrevue au quotidien Le Devoir l’an dernier, la comédienne dressait un portrait on ne peut plus positif de ce que les professeurs font en classe pour sensibiliser les jeunes à la culture et au théâtre en particulier. « Je me rends compte que les professeurs stimulent les élèves et que le gouvernement apporte beaucoup d’aide sur le plan des concerts et des expositions de peinture pour les jeunes. En théâtre, il y a plusieurs jeunes groupes qui se sont formés dans le sillage de la NCT », avait soutenu la grande dame du théâtre.
L’intérêt suscité chez les jeunes au fil des représentations a donné la piqûre à plusieurs d’entre eux, ajoutait-elle. « On a découvert que, dans les écoles de théâtre de niveau collégial et autres, ils utilisaient en audition, pour y être admis, des extraits de textes tirés de pièces qu’ils avaient vues au Théâtre Denise-Pelletier. »
La comédienne Andrée Lachapelle était bouleversée en apprenant le décès de sa vieille amie. « C’était une femme très, très en forme, a soutenu Mme Lachapelle. Ça me fait de la peine, c’est soudain. Elle aurait pu vivre jusqu’à 100 ans. Je me rappelle qu’à ses 80 ans, elle tournait comme une jeune. Elle était forte, en santé », a-t-elle déclaré en entrevue avec La Presse canadienne.
Selon Mme Lachapelle, sa contribution pour le théâtre a été « remarquable ». Elle a notamment fait mention de son implication pour les enfants, afin qu’ils apprennent « à vivre le théâtre ».
« C’est incroyable ce que Françoise et Gilles [Pelletier] ont pu faire. On a joué de grands textes à la NCT. Pour eux, le théâtre a toujours été une passion, et ils suivaient ça avec intérêt », a-t-elle ajouté.
Pour sa part, Jean Leclerc, du Théâtre Denise-Pelletier, semblait lui aussi atterré par la mort de son amie. « C’était une battante, une femme qui a été une maman pour beaucoup de monde dans le milieu artistique », a-t-il dit, se rappelant la fondation de la NCT.
« C’était son enfant, elle l’a défendu bec et ongles. Elle était enflammée — dans le bon sens — passionnée, croyant à la mission de ce théâtre-là pour les jeunes et moins jeunes du Québec. Pour beaucoup, elle a été une inspiration », a soutenu Jean Leclerc, qui a côtoyé Françoise Graton et Gilles Pelletier au début de la fondation de la compagnie, qui était alors localisée au théâtre Gesù, rue De Bleury, au centre-ville, avant de déménager ses pénates dans l’est de la métropole.
M. Leclerc, qui a joué Dracula sur Broadway et divers rôles dans des feuilletons télévisés américains, et a fait de la mise en scène lors de son retour au Québec, a tenu à souligner que Françoise Graton souhaitait que Gilles parte avant elle, « afin d’en prendre soin, a-t-il mentionné. Mais ça arrive, comme ça… », a déploré M. Leclerc, faisant référence au destin.
Enfin, le comédien et commentateur Pierre Curzi a indiqué qu’il se souviendra de la disparue comme d’une comédienne de grand talent, une femme joyeuse, passionnée du théâtre et même de politique, comme indépendantiste.
1930–2014
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