La gauche niaiseuse

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C'est le péril communiste qui a poussé les Européens vers le fascisme

Quand j’étais enfant, l’été, mes parents se dépêchaient de nous donner le bain après souper pour regarder un film loué au club vidéo. On peut se coucher plus tard, en vacances!


La saison est propice à l’écoute-marathon de séries télévisées sur Netflix. Aussi, je vous recommande celle que j’ai préférée au cours de la dernière année. Il s’agit de Babylone Berlin, la production la plus coûteuse créée dans une autre langue que l’anglais par le géant de la diffusion en ligne.


Envoûtante


La proposition est la suivante : Berlin, entre-deux-guerres, divisée en différentes factions. Les policiers, presque tous des vétérans post-traumatisés à divers degrés ; la gauche ouvrière, qui fait monter la chaleur dans les quartiers ; la pègre, contrôlée par un homme mystérieux appelé «l’Arménien» ; les gens de nuit qui, fêtards, prostitués ou musiciens, sont trop jeunes pour avoir vécu la Grande Guerre et connaissent encore l’insouciance ; des Russes trotskistes qui complotent contre Staline ; l’aristocratie qui rêve de rebâtir l’armée allemande et réinstaller le kaiser ; la majorité des Berlinois, dans l’extrême pauvreté ; et la peste brune, qui commence à faire sentir sa présence.


Tout ce beau monde, incarné par autant de personnages fascinants, évolue dans un ballet envoûtant, avec pour décor une reconstitution d’époque saisissante de Berlin, avant qu’elle ne soit brisée par le joug nazi, les bombardements alliés puis la botte soviétique.


Vraiment, c’est à voir.


Exalté


Je repense souvent à cette série, parce qu’elle met en lumière ce dont la droite radicale a besoin pour atteindre ses objectifs, soit une gauche niaiseuse et bien organisée.


(ALERTE DIVULGÂCHEUR!) En effet, l’enjeu de Babylone Berlin, c’est que l’armée noire allemande tente de s’approprier un wagon rempli d’or que les trotskistes ont fait venir de Russie pour financer leur cause. Plus tard, une jeune gouvernante est convaincue de venger la mort de son compagnon, un militant communiste exalté, en posant une bombe dans le bureau du commissaire de police social-démocrate chez qui elle travaille. On découvre ensuite que les fascistes ont orchestré le tout.


Ça rappelle l’incendie du Reichstag, lorsque les nazis ont profité du geste d’un jeune communiste plutôt mêlé pour suspendre la démocratie­­­.


1933


On entend parfois ces temps-ci des gens qui font des parallèles entre 1933 et notre époque, quand des partis populistes prennent le pouvoir par les voies légales en tablant sur la xénophobie ambiante et en proposant de restaurer une grandeur passée.


Tout cela est vrai et inquiétant. Mais on oublie que s’il y a une autre ressemblance entre 1933 et aujourd’hui, c’est qu’il y a toujours une gauche épaisse, déconnectée des aspirations des gens modestes qu’elle prétend défendre.


J’y pense souvent. Quand je vois des ploucs portant des masques soviétiques qui installent leur enfant devant une pinata en forme de tête de loup de La Meute. Quand je vois des «antifas» traiter Lorraine Pintal de gardienne de plantation. «Ah, les fachos doivent vraiment les aimer, ceux-là!»


Parce qu’il n’y a rien qui pousse autant le peuple à se précipiter dans les bras de la droite populiste qu’une gauche niaiseuse qui le convainc qu’il a raison de craindre pour sa sécurité et ses acquis.


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Claude Villeneuve137 articles

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L’auteur est blogueur au Journal de Montréal et au Journal de Québec. Il a été président du Comité national des jeunes du Parti Québécois de 2005 à 2006 et rédacteur des discours de la première ministre Pauline Marois de 2008 à 2014.