La marijuana sera vendue librement et légalement au Canada dès le 17 octobre prochain. Le Canada devient le premier pays du G7, le premier pays du G20 et le deuxième pays sur Terre à agir ainsi. Cette semaine, Justin Trudeau a vu être franchies les dernières étapes de ce long parcours qu’il a entrepris pour mener à la légalisation.
Je n’ai jamais été d’accord. Je reconnais les ratés du modèle actuel, mais j’aurais préféré une approche plus modérée qui commence par une simple décriminalisation. Cela dit, je me rallie à la décision du gouvernement majoritaire. Surtout que le processus démocratique a été admirablement suivi. Justin Trudeau l’a annoncé clairement avant les élections et l’a fait une fois porté au pouvoir.
Je me rallie, mais je demeurerai un observateur soucieux et critique. Je suis particulièrement inquiet des impacts sur les jeunes d’avoir ainsi banalisé le produit. Je suis préoccupé par les effets sur la sécurité routière. Je serai aussi attentif à l’enrichissement indu de proches du Parti libéral qui semblent avoir les pieds trop bien placés dans l’industrie.
Pour le reste, je me croise les doigts que le gouvernement obtienne les effets escomptés. J’avoue un peu de scepticisme, mais il faut laisser le temps à la politique de s’implanter et aux autorités de s’ajuster.
Priorité ???
Une fois la loi adoptée et après quatre ans de débats, je demeure quand même obsédé par une question. Comment un leader politique peut-il faire de la légalisation d’une drogue une telle priorité d’importance capitale ? C’est une chose d’avoir une préférence pour la légalisation. C’en est une autre de dire que, parmi toutes les choses qu’il est possible de faire en ayant les pouvoirs de premier ministre en main, c’est celle-là que je mets en haut de la liste.
Pensez-y. Accéder au poste de premier ministre constitue à la fois une réussite et un privilège extraordinaire. En poste, vous avez entre les mains des pouvoirs uniques. Vous pouvez faire voter des lois qui vont aider les enfants, les vieillards, les malades, les handicapés. Et vous choisissez que le projet de loi le plus important de votre mandat sera de légaliser le pot.
Visiblement, monsieur Trudeau était ravi cette semaine de voir arriver le fil d’arrivée de son grand projet. Il a livré la marchandise. Mais je reste perplexe à l’idée qu’il s’agisse d’une pièce maîtresse valable pour un mandat de gouvernement. À la fin de son mandat, lorsqu’un dirigeant étranger demandera à Justin Trudeau ce qu’est sa plus grande réalisation. Il répondra qu’il a légalisé le cannabis ? Wow !
Prétextes vertueux
Vous me pardonnerez, mais au fond de moi, je ne crois aucune des motivations invoquées. Ni la lutte au crime organisé, ni la protection des jeunes, ni la santé publique. Il y aura peut-être des effets positifs dans ces sphères, mais ce ne sont que des prétextes.
La vraie, vraie, vraie motivation, c’est que le pot, ça fait cool. Au fond, c’est ça qui m’énerve.