La prétention péquiste

Ce qui demeure tout aussi stable, c'est l'écart de 18 points entre le vote péquiste et l'appui à la souveraineté (43 %)

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Si besoin était, les deux dernières semaines ont permis de mesurer toute la distance qu'il y a entre la prétention péquiste de «faire de la politique autrement» et celle qu'on y pratique en réalité.
Quand Bernard Drainville a lancé son cri d'alarme dans une entrevue au Devoir, on a chargé le leader parlementaire, Stéphane Bédard, de lui «faire la job» et il a accompli sa mission avec sa mesquinerie coutumière. À l'entendre, le député de Marie-Victorin n'était qu'un jeune blanc-bec sans expérience dont les propos traduisaient simplement la panique et l'ambition.
M. Bédard n'en était pas à son premier contrat du genre. Pour tirer son parti d'un autre mauvais pas l'hiver dernier, il n'avait rien trouvé de mieux que d'étaler sur la place publique les problèmes psychologiques de son collègue de Groulx, René Gauvreau.
Ce n'est pas demain la veille que les intérêts du parti vont s'effacer devant ceux de la patrie, comme en témoigne la tournure prise par le débat sur une éventuelle alliance avec Québec solidaire. On peut résumer en une phrase: «Touche pas à ma circonscription!»
La paroisse d'abord, pourrait-on dire en entendant l'ineffable Agnès Maltais s'indigner à l'idée que le gouvernement fédéral puisse participer au financement d'un nouvel amphithéâtre à Laval alors que Québec doit se contenter des 200 millions offerts par le gouvernement Charest. Le PQ a-t-il déjà fait une croix sur Laval? Certains vont peut-être commencer à penser que Taschereau ferait une excellente circonscription pour Québec solidaire.
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Après le psychodrame des dernières semaines, les discussions sur le renouveau démocratique qui meubleront le conseil national du PQ en fin de semaine risquent de paraître quelque peu ésotériques au commun des mortels.
À la relecture des conclusions des États généraux sur la réforme des institutions démocratiques qui s'étaient réunis au début de 2003, on a aussi l'impression qu'il enfonce une porte ouverte.
Le comité directeur présidé par Claude Béland avait tenu des assemblées dans 16 régions différentes, rencontré plus de 2000 personnes et reçu 237 mémoires. Presque toutes les propositions qui sont soumises aujourd'hui au conseil national avaient été examinées sous toutes les coutures et fait l'objet de recommandations: réforme du mode de scrutin, référendum d'initiative populaire, Chambre des régions, droit de vote à 16 ans, etc.
À l'époque, le PQ avait été le seul parti à boycotter cet exercice, qui avait pourtant été lancé par le ministre responsable de la réforme des institutions démocratiques dans le gouvernement Landry, Jean-Pierre Charbonneau.
Bien avant Bernard Drainville ou Pierre Curzi, M. Charbonneau s'inquiétait du cynisme grandissant d'une population qui avait perdu confiance dans ses dirigeants politiques et ses institutions, mais il passait presque pour un illuminé.
M. Landry s'était tout de suite méfié de cette initiative, et plus particulièrement du référendum d'initiative populaire, qui risquait de lui faire perdre le contrôle des opérations. Au déclenchement des élections, le rapport des États généraux a pris le chemin des archives et le gouvernement Charest s'est bien gardé de l'en tirer.
Comme M. Landry, Mme Marois s'est fait imposer un exercice dont elle ne voulait pas. Si son leadership n'avait pas été aussi fragile, ce conseil national n'aurait jamais eu lieu. Hier matin, elle a commencé à évoquer les «balises» qu'il faudra imposer au référendum d'initiative populaire, qui risque de devenir aussi fantomatique que le vote libre.
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Ceux qui ne voient pas l'utilité de renoncer à la politique traditionnelle ou de s'engager dans une alliance aux conséquences imprévisibles seront sans doute confortés par le dernier sondage Léger Marketing-Le Devoir.
Pour l'heure, les Québécois ne semblent pas très impressionnés par la ténacité de la «Dame de béton», que seulement 15 % croient la plus apte à occuper le poste de premier ministre, mais le désolant spectacle offert par la famille souverainiste au cours des deux dernières semaines n'a pas empiré les choses. Si le PQ est toujours troisième, ses intentions de vote sont demeurées stables à 25 % et il n'a plus que six points de retard sur la Coalition avenir Québec dans l'électorat francophone.
Ce qui demeure tout aussi stable, c'est l'écart de 18 points entre le vote péquiste et l'appui à la souveraineté (43 %). Le sondage tend à donner raison à Bernard Landry quand il dit qu'il faut «mettre le cap sur l'indépendance». Près d'un électeur caquiste sur cinq (18 %) et le quart des solidaires (25 %) disent qu'ils seraient davantage portés à voter pour le PQ s'il était plus actif dans la promotion de la souveraineté.
Paradoxalement, la «gouvernance souverainiste» proposée par Mme Marois semble mieux répondre au souhait d'une majorité de caquistes (54 %), qui préféreraient que le Québec ait plus de pouvoir au sein d'un Canada uni.
La division de la CAQ sur la question nationale est patente: 41 % de ses partisans voteraient oui à un référendum sur la souveraineté, 47 % voteraient non et 11 % ne le savent pas. Inversement, la résignation constitutionnelle des libéraux n'a jamais été aussi grande: 51 % d'entre eux préfèrent maintenant le statu quo à un fédéralisme renouvelé (42 %). On est très loin du parti de Robert Bourassa.


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