La sécurité n'a pas été compromise, dit Harper

Le premier ministre refuse cependant de tenir une enquête plus approfondie

"L'affaire Maxime Bernier"


Bellavance, Joël-Denis - Paris - Le premier ministre Stephen Harper balaie d'un revers de main la demande des trois partis de l'opposition de tenir une enquête approfondie pour déterminer si l'ancien ministre des Affaires étrangères, Maxime Bernier, a mis en péril la sécurité nationale ou la sécurité des alliés du Canada.
M. Bernier a démissionné lundi après avoir reconnu avoir laissé des documents hautement confidentiels au sujet de l'OTAN et la mission des soldats canadiens en Afghanistan à la résidence de Julie Couillard, son ancienne amie de coeur qui a fréquenté le monde interlope pendant des années.
M. Harper s'est entretenu hier avec le président français Nicolas Sarkozy dans la capitale française, première étape d'une tournée de quatre pays européens visant à préparer le prochain sommet du G8. Il a dû de nouveau répondre à des questions portant sur les fréquentations passées de M. Bernier.
La nouvelle de la démission de M. Bernier a d'ailleurs eu des échos à Paris. Le quotidien Le Monde a rapporté dans son numéro d'hier toute cette affaire qui a provoqué une onde de choc au pays.
D'emblée, le premier ministre a affirmé que la sécurité nationale n'a pas été compromise par le comportement répréhensible de M. Bernier, un comportement qui lui a coûté le poste de chef de la diplomatie canadienne. Il a toutefois refusé net de divulguer le contenu des documents.
"Nous n'avons aucune preuve que les documents ont circulé. Au contraire, les documents ont été retournés au gouvernement du Canada. Nous n'avons reçu aucune inquiétude de nos alliés. En ce qui a trait au contenu des documents, ce sont des briefings pour des réunions. C'est un mélange de documents classifiés et de documents publics. Mais les documents classifiés sont classifiés. Évidemment, je ne discute pas du contenu des documents classifiés", a affirmé M. Harper, quelques heures avant de s'entretenir avec M. Sarkozy.
Devant les journalistes, le premier ministre a affirmé qu'il ne jugeait pas utile de tenir une enquête approfondie sur toute cette affaire à la lumière des révélations de Julie Couillard au réseau TVA lundi. Durant cette entrevue, Mme Couillard a notamment affirmé que des micros avaient été installés dans le sommier de son lit et qu'elle avait fait l'objet d'écoute électronique.
M. Harper a dit ne pas croire un seul mot de ces allégations.
"Je n'ai aucune information qui suggérerait que cela est vrai. Je n'ai aucune raison de croire que cela est vrai. Et comme nous l'avons dit, la vie privée est la vie privée, et le gouvernement du Canada n'a nullement l'intention de se mêler d'enquêtes de citoyens privés", a-t-il laissé tomber.
Le premier ministre a dit ne pas sentir le besoin de rassurer les principaux pays alliés du Canada qui sont membres de l'OTAN durant son séjour de 72 heures qui le conduira aussi en Allemagne, en Italie et en Grande-Bretagne. "Jusqu'à maintenant, nous n'avons aucune information nous permettant de suggérer que des secrets ont été découverts ou que nos alliés ont des inquiétudes." Toutefois, une "révision" sera menée au ministère des Affaires étrangères pour éclaircir les circonstances de cette nouvelle controverse qui ébranle son gouvernement minoritaire.
Et M. Harper, qui a appris seulement lundi après-midi que M. Bernier avait laissé des documents à la résidence de Mme Couillard, a de nouveau réitéré que les relations amoureuses entre M. Bernier et son ancienne amie de coeur relevaient du domaine privé. Et cela même si Mme Couillard a fréquenté pendant des années des individus appartenant au monde interlope.
"Le ministre devait quitter le cabinet, comme il l'a lui-même reconnu quand il a offert sa démission, parce qu'il a violé des règles du cabinet très sérieuses. Encore une fois, quelle personne fréquente un ministre, la vie privée d'un ministre, c'est à mon avis l'affaire de personne. Cela n'a rien à voir avec Mme Couillard. Mais c'est bien l'erreur malheureuse et le geste malheureux du ministre qui sont en cause", a affirmé M. Harper.
"Tous mes ministres doivent respecter les principales règles du gouvernement. L'une de ces règles est de ne pas divulguer des documents secrets. Et il faut certainement prendre soin adéquatement de ces documents de sorte qu'ils ne soient pas laissés de côté. Ce n'est pas pertinent qui le ministre fréquente", a-t-il ajouté.
M. Harper a fait ces commentaires après le vernissage d'une exposition au Centre culturel canadien à Paris. Cette exposition, La grande vague ou la mémoire de l'eau salée, a été réalisée par l'artiste peintre Marc Lincourt et vise à souligner le 400e anniversaire de fondation de la ville de Québec.
Aujourd'hui, M. Harper doit prononcer un discours à Bonn dans le cadre de la Conférence de l'ONU sur la biodiversité. Il compte profiter de cette tribune pour défendre le bilan environnemental de son gouvernement.
Le premier ministre doit ensuite rencontrer la chancelière Angela Merkel avant de se rendre à Rome où il doit s'entretenir avec le premier ministre italien Silvio Berlusconi.


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