Le commerce extérieur de la France poursuit sa descente aux enfers

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La France s'appauvrit à la vitesse grand V

Le déficit commercial de la France s’est encore creusé en septembre pour s’établir à près de 61 milliards d’euros sur 12 mois. Le ministère des Affaires étrangères n'a d'ailleurs plus de secrétaire d’Etat spécifiquement dédié à ce dossier.


Dans un rapport, présenté ce 8 novembre en commission élargie des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale, cité par Les Echos, l’auteur Buon Tan, député La République en marche (LREM) de Paris, s’alarme : «De l'année civile 2016 à l'année glissante juillet 2016-juin 2017, le commerce extérieur français est passé de 49,2 milliards à 60,6 milliards d'euros de déficit. Le solde des services, qui pourtant était une force du commerce extérieur français, est devenu nul en 2016.»


En effet, les derniers chiffres rendus publics par la direction des douanes confirment cette tendance : d’août à septembre, le déficit s’est encore creusé de 500 millions d’euros. Autrement dit, la France achetant davantage qu'elle ne vend, la différence entre la valeur des importations et celle des exportations ne cesse de s'accroître. Cumulé sur les 12 derniers mois (d’octobre 2016 à septembre 2017), le déficit commercial atteint 60,8 milliards d’euros, ce qui situe la France en dernière place de l’Union européenne, à égalité avec la Grande-Bretagne, un autre pays qui compte lui aussi sur ses exportations de services.


La France dernier de la classe avec le Royaume-Uni au sein de l’UE


La détérioration de la balance commerciale concerne essentiellement les produits agricoles et agroalimentaires (repli des exportations plus marqué que celui des importations) et les machines industrielles (contraction des ventes). Seule l’industrie pharmaceutique tire son épingle du jeu avec un excédent de 500 millions d’euros sur le mois, tandis que l’industrie automobile, toujours déficitaire d’environ 700 millions d’euros, réduit malgré tout son solde négatif, notamment grâce à un recul des importations de véhicules en provenance d’Allemagne. 


Quant au secteur des hydrocarbures, naturellement déficitaire, il fait apparaître quelques facteurs intéressants, bien que purement conjoncturels. On relève par exemple une augmentation de l'importation de produits pétroliers raffinés en provenance d’Arabie saoudite et une augmentation marquée des importations de gaz naturel en provenance de Russie et d’Iran, au détriment de la Norvège, du Royaume-Uni et du Kazakhstan.


60% du déficit commercial de la France... au bénéfice de l’Allemagne


Les zones géographiques de déséquilibre du commerce extérieur français demeurent inchangées. C’est toujours au sein de l’Union européenne qu'il est le plus important, avec un solde négatif mensuel, en septembre, proche de 3,7 milliards d’euros. Des données annuelles fournies dans une note de l’Ambassade de France en Allemagne datée de juin 2017 sur le commerce extérieur de l'Allemagne révèlent, pour 2016, un excédent de près de 36 milliards d’euros au détriment de la France, soit près de 60% du déficit commercial total de la France !


Cet énorme déséquilibre entre les deux parties signataires du traité de l’Elysée ne semble pourtant pas faire l’objet de discussions prioritaires lors des échanges très fréquents entre les deux gouvernements à travers leurs nombreuses instances bilatérales. Ainsi, il ne figurait ni à l’ordre du jour du dernier conseil des ministres franco-Allemand de juillet ni à celui du Conseil franco-allemand de l’intégration qui s’est réuni à Berlin le 7 novembre.




Il n'y a plus de secrétaire d'Etat au commerce extérieur


Mais pour sortir du marasme, le député LREM Buon Tan ne manque pas d’idées. Cité par Les Echos, il propose par exemple de «simplifier le mille-feuille» entre Business France, les chambres de commerce et d'industrie à l'international, Bpifrance ou encore les régions, pour «faire travailler les différents acteurs ensemble sur un modèle de coentreprise». Ces différentes structures collaborent pour soutenir, par différents canaux, les entreprises françaises, dans la défense ou la conquête de marchés à l'étranger.


Enfin, il conseille de nommer «un membre du gouvernement explicitement chargé du commerce extérieur» et de lui «donner un rang de ministre plutôt que de secrétaire d'Etat». Car, alors que déficit du commerce extérieur de la France représente désormais 3% de son PIB, le gouvernement ne dispose plus (contrairement aux gouvernements précédents) d’un secrétaire d’Etat spécifiquement chargé du commerce extérieur.