Le poids des mots

Le B'nai Brith est d'une virulence déshonorante dans bien des interventions publiques. Sa sortie d'hier est dans la même veine.

Indépendance et minorités


Jusqu'à hier matin, les critiques de la poutine citoyenne de Mme Marois avaient bien pesé leurs mots. Je veux dire qu'ils n'avaient pas métaphoriquement dessiné des chemises brunes aux péquistes.

Jusqu'à hier matin, 11h20.
Jusqu'à ce que Steven Slimovitch prenne la parole.
Steven Slimovitch, de l'organisme juif B'nai Brith, a lancé l'énormité suivante, au sujet des idées de citoyenneté enracinée dans le français émises par le PQ:
«On aurait pensé que ces projets de loi auraient été déposés par un parti de l'extrême droite en Europe. Pas par un parti du Québec»
Puis, l'ineffable Fô Niemi, du Centre de recherche action en relations raciales (CRARR), en a remis.
Pour MM. Slimovitch et M. Niemi, le projet de loi du PQ est xénophobe.
Pas maladroit, pas opportuniste. Xénophobe. Rien de moins!
MM. Niemi et Slimovitch affichaient des mines atterrées: on aurait juré qu'ils revenaient du Darfour. En tout cas, ont-ils promis, nous allons mettre Doudou Diène au courant de ce projet de loi
Doudou qui? Doudou Diène, le rapporteur spécial des Nations unies sur le racisme.
L'ONU! Hey, on ne rit plus
Personnellement, je me demande pourquoi nos deux charlots de la lutte contre le racisme s'arrêtent en si bon chemin. Je crains qu'il faudra carrément des observateurs internationaux. Saisir le Conseil de sécurité de l'affaire. En fait, l'ONU devrait envoyer des Casques bleus dans les rues de Montréal. Peut-être même que le général Dallaire pourrait reprendre du service.
Ce que M. Slimovitch a dit est parfaitement dégueulasse. On peut être en désaccord avec le projet péquiste. Je le suis. Des tas de gens le sont et l'ont dit, haut et fort. Mais agiter le spectre de l'extrême droite, c'est irresponsable et vicieux.
Parce que le PQ n'est pas un parti d'extrême droite. Oui, ses récentes idées identitaires sont maladroites. Mais faire un parallèle entre le PQ et des partis d'extrême droite d'Europe, qui prônent ouvertement le rejet de l'Autre, c'est nier 40 ans d'action politique pacifique qui n'a surtout rien à voir avec un Front national.
Mais on ne devrait pas être surpris. M. Slimovitch est le matamore du B'nai Brith, il n'hésite jamais à taxer ses cibles de racisme, d'intolérance ou d'antisémitisme. Même quand il n'y en a pas. M. Slimovitch n'hésite jamais à lancer la bombe nucléaire du racisme.
M. Niemi est également de cette mouvance de militants qui utilisent l'arme du racisme pour couvrir leurs adversaires de honte. M. Niemi est ce triste clown qui a décrété, en mars, qu'André Boisclair avait utilisé une expression «racialement intolérante» en parlant des «yeux bridés» d'étudiants asiatiques de Harvard.
Un clown, M. Niemi? Eh bien, il y a un restaurant à Montréal, rue Lajeunesse, qui s'appelle Les bridés. Il est tenu par des Vietnamiens.
Je me demande s'ils sont «racialement intolérants»
Le B'nai Brith est d'une virulence déshonorante dans bien des interventions publiques. Sa sortie d'hier est dans la même veine.
Heureusement, le Congrès juif canadien (CJC), section Québec, ne mange pas de ce pain-là. Daniel Amar, directeur québécois du CJC, a commencé par me dire qu'il a demandé un entretien avec Mme Marois pour lui exposer ses inquiétudes face aux projets de loi identitaires du PQ. «Et nous l'avons obtenu, immédiatement.»
Puis, il m'a déclaré ceci, à propos de la sortie de MM. Slimovitch et Niemi:
«Toute analogie entre le PQ et les partis européens d'extrême droite est de la fiction. On quitte la politique pour entrer dans la fiction.»
On écoute MM. Slimovitch et Niemi et ça colle à la plupart de leurs sorties publiques: le Québec dans lequel ils vivent, c'est ça: une fiction.
L'idée, au fond, c'est que les mots ont un poids. Que la fin ne justifie pas les moyens, ni toutes les étiquettes.
Évoquer l'extrême droite pour décrier le PQ, ce n'est pas banal. Et nos deux charlots de l'antiracisme n'ont pas hésité une seconde à le faire. Mais quand on se veut sérieux et qu'on intervient dans un débat public, la moindre des choses, c'est de laisser Hitler, les nazis, Milosevic et toutes ces saloperies racistes, au vestiaire. Parce que dans 99% des cas qui nous occupent, l'image est trop forte. Et elle banalise les vraies victimes de ces tares.
Car quand il se met à déconner, qu'est-ce qui différencie Steven Slimovitch d'André Drouin, l'exalté de Hérouxville?
Même sens de la provocation. Mêmes exagérations. Même simagrées rhétoriques.
Non, j'ai beau chercher, je ne vois pas de différence entre M. Slimovitch et M. Drouin.
Ah si, il y en a une.
M. Slimovitch a une plus belle coupe de cheveux.
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