Le bon locataire

Le Québec sera-t-elle un jour une nation ?

Avons-nous ce qu’il faut pour assumer notre destin ?

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Tribune libre

On peut trouver toutes sortes de raisons pour appuyer cette fatalité. On peut citer la conquête. On peut citer les effets d’après-conquête. On peut citer la pauvreté des ressources. Même blâmer le climat rude que nous subissons. La pauvreté de notre éducation. Et pourquoi pas les politiciens qui nous mènent ? Il y a plusieurs raisons qui peuvent expliquer notre situation actuelle.


Dans les démocraties, il y a trois éléments qui opèrent pour faire fonctionner le système.


1. Les lois. 2.  Les échappatoires 3.  Les normes.


Les lois sont les bases mêmes du système. Nous acceptons tous de fonctionner selon ces édits pour éviter le chaos, pour se garantir un certain avenir stable.


Les échappatoires sont les moyens utilisés pour justement arriver à de nouvelles façons de voir la société. C’est par ceci qu’émergent de nouvelles idées, de nouvelles réalisations.


Les normes sont les empêchements. « Selon les normes en vigueur, j’ai le droit ou non de faire une telle action ou pas. » Ceci n’est pas une loi, c’est un empêchement souvent moral. Par exemple, selon les normes environnementales (que nous avons votées), une telle loi nous empêche de faire tel ou tel geste.  Ou selon la Charte des droits et des libertés, je n’ai pas le droit de telle et telle chose. La charte n’est pas une loi, c'est une norme.



La manière dont nous agissons, selon ces trois points sur la démocratie, détermine le niveau d’action que nous voulons faire. Si nous ne faisons que des lois et nous ne suivons que des normes bien établies, les changements souhaités risquent de ne jamais arriver. Mais lorsqu’on utilise les échappatoires (comme fait continuellement Trump), alors là, une nouvelle réalité se pointe plus rapidement. Si nous prenons comme exemple son action qu’il veut faire dans le domaine de la « déportation » des immigrants illégaux aux États-Unis, il ne se bute pas aux lois ni aux normes pour aller vers son but. Il va faire voter des lois pour venir appuyer son action, pas le contraire. Il va faire une action et ensuite suivre les nouvelles normes, pas l'inverse.


Maintenant, au Québec, comment opère-t-on ? Quel ADN avons-nous ? Avons-nous la fronde pour avancer ou prenons plutôt le chemin de la rectitude politique sans bousculer la moindre norme ? Nous sommes plutôt dociles, voire inanimés.


Mais quand nous sortons de ce moule, la réussite est toujours au rendez-vous. 


Quelques exemples : la nationalisation de l’électricité, notre détachement religieux et la loi 101.


Quand nous sortons des normes, cela nous est toujours avantageux. Et pourtant, collectivement, on s’impose des actions trop mesurées et incomplètes.



Comment opère le Québécois ?


Prenons un premier exemple, l’habitation.



Les gens d’ici préfèrent louer que de devenir propriétaire. C’est plus cher, mais moins de troubles. C’est plus facile. Plus de temps pour s’amuser. Et quand certains deviennent propriétaires, c'est en majorité pour habiter dans un unifamilial. C’est moins trouble. C’est plus facile. Plus de temps pour s’amuser. Et pourquoi nous ne sommes pas dans une logique de voir grand et d'acheter des duplexes ou des multilogements et de construire de la richesse ?


Nous semblons vouloir laisser les autres faire ça. 



Prenons un deuxième exemple, l’entente signée par François Legault et Terre-Neuve à propos de l’électricité.


Regardez comment nos élus ont fonctionné dans ce dossier. D’abord, le Premier ministre accepte d’ouvrir le contrat malgré le fait qu’il reste plus de 16 ans avant l’échéance. C’est comme si un locataire demandait d’ouvrir un bail dans le but de payer plus. Il accepte de payer plus de 20% plus cher et en plus accepte de construire chez le voisin un nouveau barrage au coût de 28 G $. Il annonce qu’il veut demeurer locataire ! Pourquoi ? Car le Premier ministre ne veut pas aller contre les normes ! Il n'utilise pas une échappatoire pour devenir propriétaire au Québec, bien au contraire, il fait tout pour demeurer locataire ! Sur une terre qui a déjà appartenu au Québec, en plus. On vient de confirmer qu’on reconnait que le Labrador appartient dorénavant à Terre-Neuve. 



Pourquoi cette hâte d’ouvrir le contrat alors qu’il reste 16 ans ? À qui, Terre-Neuve, peut bien pouvoir vendre de l’électricité, sauf au Québec ? À Saint-Pierre-et-Miquelon ? Au Groenland ? Non, Terre-Neuve n’a qu’un seul et unique client, le Québec ! Voulant aller trop vite et ne voulant pas construire un barrage au Québec, le Québec vient de perdre 16 ans d’énergie à bon prix.


C’est plus cher, mais moins de trouble. C’est plus facile. Plus de temps pour s’amuser.



Un troisième exemple, notre dénomination et le pays.


Au Québec, il y a beaucoup de Canadiens, encore des Canadiens-français et des Québécois.


Les Canadiens sont les locataires. C’est moins de troubles. C’est plus facile. Plus de temps pour s’amuser. Les Canadiens-français sont les propriétaires de bungalows. C’est moins de troubles. C’est plus facile. Plus de temps pour s’amuser. Le plus difficile est d’être Québécois et d’assumer les responsabilités qui vont avec. Construire une richesse individuelle et collective pour soi-même et ses descendants.


Il est plus facile de demeurer Canadien en locataire que de devenir semi-propriétaire en étant Canadien-français ou encore d'être propriétaire à 100% et d'être Québécois.


C’est notre ADN même qui nous bloque. C’est cette attitude que nous avons envers nous-mêmes et de qui nous sommes qui produit nos échecs et quelques réussites. Notre façon de voir les lois, les échappatoires et les normes est guidée par notre vision de qui nous sommes. 


Apprendre à nous comprendre semble un défi à réussir.


Qui nous ramène au titre :


Le Québec sera-t-elle un jour une nation ?



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