Dans une société civilisée, on ne frappe pas sur une personne blessée. Or dans le train de mesures mises de l’avant par le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, au cours de la dernière année, force est de constater que la plupart de celles-ci partent d’une démarche répressive et foncièrement centralisatrice alors que l’école a un besoin urgent d’être recentrée hic et nunc sur sa mission première, à savoir incarner un temple du savoir ouvrant la porte à la communication des connaissances à des apprenants.
Dans cette foulée, le vouvoiement obligatoire en classe envers le personnel scolaire, l’interdiction du cellulaire à l’école, l’évaluation des enseignants, l’instauration d’un code d’éthique pour le personnel scolaire, la création d’un institut pour orienter les pratiques pédagogiques, la limitation du droit de grève pour les enseignants n’incarnent que quelques mesures qui mènent à une plus grande homogénéisation dans les écoles, forçant le réseau scolaire à marcher au pas, selon plusieurs analystes en éducation.
En revanche, aucune mesure n’est avancée par le ministre pour s’attaquer au déficit d’attractivité relié à la carrière d’enseignant, à la lourdeur de la tâche du personnel enseignant, au nombre croissant d’enseignants non-qualifiés, à la pénurie de main d’oeuvre du personnel spécialisé pour venir en aide aux élèves à besoins particuliers, à la carence des futurs enseignants reliée à leur méconnaissance du français, à la démission de plusieurs parents devant leur rôle essentiel de courroie de transmission entre l’école et eux, etc...
En somme, le ministre Drainville, alors que l’école souffre d’un mal d’amour criant, frappe sur les moyens au détriment des causes, une stratégie qui ne fait que poser un sparadrap sur la plaie béante dans l’espoir utopique de la guérir. Afin de rendre le réseau scolaire « plus performant », le ministre Drainville agit avec une forme d’autoritarisme et de centralisation anti-productifs. Dans ces circonstances, je suis d’avis que les enseignants, en collaboration avec les parents, tracent le pourtour d’une école co-éducative mettant en priorité le sain épanouissement des jeunes qui lui sont confiés dans un climat propice à l’apprentissage des connaissances.
L’élève
Cheveux en embuscade
Le regard presque ailleurs
Près de la barricade
Il attend que vienne l’heure
Il est là acariâtre
Arrive le cerbère
De son affreux enfer
Il sort sa clé de fer
Sous son regard sévère
Lui aurait bien aimé
Un sourire sur ses lèvres
Lui aurait bien souhaité
Un bonjour sur ses lèvres
Suivent ses camarades
Le regard presque ailleursLes yeux pleins d’escapades
La cloche résonne l’heure
À la tâche le bourreau
Prisonniers au bureau
Sont là pour faire leur temps
Et du maître l’argent
La chamaille dans le cœur
La rancoeur en grisaille
Tel un tas de ferraille
Il arrive au bercail
Franchit la barricade
Cheveux en embuscade
La chamaille dans le cœur
La rancoeur en grisaille
Henri Marineau, Québec
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1 commentaire
François Champoux Répondre
17 juin 202517 juin 2025
Bonjour M. Marineau,
Votre dernière réflexion sur l’école est meilleure que les précédentes où le retour à l’obéissance au maître devait ressouder, enfin et encore, cette jeunesse en manque de savoir pour faire une société obéissante et heureuse.
Vous croyez toujours que l’école est un temple du savoir alors qu’en réalité, elle est un lieu de recherche de la connaissance par tout un chacun.
Cependant, le titre de votre réflexion est très inspirant : Éducation; recentrer l’école sur sa mission première : l’élève
Je partage absolument cette vision de l’école : un apprenant à élever à la maturité d’une humanité laquelle est toujours en recherche permanente de cette maturité. Car il faut bien le reconnaître : l’humanité est encore loin d’avoir atteint la maturité quand elle se tue dans presque tous les coins de la planète. L’humanité est encore au rang d'une bête féroce qui se détruit par jalousie et envie d’être le plus grand, le plus fort, le plus gros, le plus riche, le plus de n’importe quoi.
Recentrer la mission de l’école sur l’élève, c’est se demander vers quoi voulons-nous élever cet enfant qui sera bientôt le “maître” des élèves à élever.
Merci de votre réflexion; elle ajoute à la mienne qui sera rendue, samedi 21 juin au Musée Pop de Trois-Rivières, 15 h 15 à 16 h 15.
Quant à nos élus qui doivent orchestrer cette mission de l’école, il faut les alimenter et les aider à être constructifs au lieu d’être répressifs. Il faut trouver la formule de deuxième niveau, celle qui justement fait création au lieu de répression. Pour ce, il faut sortir des cadres d'antan qui n'ont pas créé ce que nous pensions créer.
“Tout ce qui ne se régénère pas dégénère.” Edgar Morin « Enseigner à vivre; manifeste pour changer l’Éducation” Actes Sud/Play Bac, 2014, 148 pages.
François Champoux, Trois-Rivières