Le sens à la pompe

Pour ceux qui l'auraient oublié, le Canada est un pays capitaliste.

17. Actualité archives 2007


Quand il est question des prix de l'essence, bien des gens perdent toute notion de bon sens. On s'en rend compte une nouvelle fois cette semaine alors que sur toutes les tribunes on dénonce l'intention du gouvernement du Québec de financer son plan vert par une taxe imposée aux distributeurs de carburants sans pouvoir garantir que ceux-ci ne refileront pas la note aux consommateurs.
Il y a pourtant des années qu'on exige des gouvernements qu'ils taxent davantage les multinationales du pétrole. Par exemple, le Bloc québécois réclame qu'Ottawa impose une surtaxe de 500 millions sur les profits des pétrolières. Et celles-ci encaisseraient le coup sans mot dire?
Pour ceux qui l'auraient oublié, le Canada est un pays capitaliste. Les entreprises cherchent à maximiser leurs profits, ce qui leur permet d'investir, de croître et de verser un revenu suffisant à leurs propriétaires ou actionnaires. Cette règle vaut pour le dépanneur du coin, pour l'usine du village et pour les multinationales. Le ministre des Ressources naturelles, Claude Béchard, s'en remet à la bonne foi des pétrolières pour qu'elles absorbent ce coût supplémentaire. Or, la bonne foi ne fait pas partie des états financiers des entreprises, petites ou grandes. Si les dépenses augmentent, les revenus doivent augmenter, à moins d'accepter que les profits diminuent.
"Ben oui, qu'elles coupent dans leurs profits!", disent bien des gens. Il n'y a pas de doute qu'en raison du prix élevé de l'essence sur le marché nord-américain ces temps-ci, les raffineurs jouissent d'une marge considérable. Pas de doute non plus: les multinationales du pétrole ne sont pas pauvres. Mais les patrons de ces entreprises, grassement payés il va sans dire, ne sont pas les seuls bénéficiaires de cette prospérité. Il y a aussi les milliers d'actionnaires, dont nous sommes presque tous par le biais notamment des fonds de pension privés et publics, qui ont vu la valeur de leurs titres exploser au cours des dernières années. Les travailleurs ne sont pas en reste: l'industrie investira 100 milliards dans les sables bitumineux d'ici 2020, créant des dizaines de milliers d'emplois.
Faut-il se résigner à la hausse des prix de l'essence? Non. Cependant, la solution ne peut pas venir des gouvernements, dont toute action radicale aurait des effets pervers encore plus néfastes que les augmentations des prix. Ce sont les consommateurs qui ont le gros bout du bâton. Au Québec, bien qu'on ne cesse de grogner contre les prix de l'essence, la consommation a augmenté de 564 millions de litres depuis 2000. Pourquoi l'industrie baisserait-elle ses prix si les consommateurs sont prêts à les payer?
Il y a plusieurs moyens indolores de diminuer sa consommation. Le plus simple... est de respecter les limites de vitesse. Selon les calculs de Jean-Marie de Koninck, président de la Table québécoise de la sécurité routière, un automobiliste roulant 10 000 kilomètres par année pourrait économiser quelque 400$ par an (à un prix de 1,20$ le litre) en respectant scrupuleusement les limites de vitesse. Si les consommateurs agissaient ainsi dans tous les pays développés, les ventes diminueraient... et les prix suivraient.
Évidemment, il faudrait sacrifier un peu de la jouissance de conduire. Il est certainement plus simple de rouler à 130 km/h en écoutant Paul Arcand dénoncer les pétrolières!

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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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