Tel l’homme-Cendrillon, Amir Khadir incarne une figure iconoclaste en ces temps de morosité politique. Jamais plus nous ne pourrons nous passer d’une certaine dose de subversion dans la symbolisation de nos idéaux collectifs. Ici même au Québec, terre des Parizeau, Aquin, Chartrand et autres Michaud, la frilosité de nos débats ne saurait se passer d’une variété d’ingrédients contribuant favorablement à l’essor de nos réflexions.
Souvenons-nous, après avoir lancé un soulier sur une effigie de Bush fils, Amir ose se manifester en faveur du boycott de l’achat de souliers de provenance israélienne. Marchant, il interpelle nos consciences. Peut-être est-ce la goutte qui fait déborder le vase des résidus impérialistes et autres bien-pensants de notre paysage actuel. Il n’en reste pas moins que nous faisons haro sur un statut quo insatisfaisant. Après avoir fondé conjointement un nouveau parti politique avec Françoise David et parrainé l’initiative d’une pétition citoyenne à l’Assemblée Nationale réclamant la démission de notre premier ministre actuel, Amir persiste et signe dans ses démarches.
Récemment encore, le député de Mercier tenta de réhabiliter Yves Michaud aux yeux de l’opinion publique et de dénoncer une injustice parlementaire. Jusqu’à ce jour, les mêmes répliques assassines étant serinées, nous assistons à l’état de décrépitude de nos mœurs politiques. Pire encore, nous nous effarouchons de l’usage de certains mots qui traduisent le malaise. Dès lors que nous entreprenons une dénonciation en règle de la légitimité d’une certaine posture politique, venons-en aux faits.
Apartheid : la critique du statut quo des colonisations israéliennes est lancée. Peu importe le qualificatif utilisé, il est difficile de prétendre que malgré tout le vernis médiatique et la communication politique déployée, l’État israélien se soucie d’une réelle paix, jette du lest sur le colonialisme exercé et manifeste un souci tangible des libertés civiles palestiniennes. Après la guerre érigée en donnée permanente, la paix est une conquête difficilement gagnée à défaut d’être conclue à ce jour. Exercer des pressions commerciales avec nos humbles choix de consommateurs, c’est donner un exemple à nos dirigeants, fussent-ils même tentés d’imiter l’indifférence d’une élite en porte-à-faux avec la société civile.
Actuellement, de nombreux commentateurs, commentatrices, sont critiques de la virulence des moyens d’action entrepris par Amir Khadir, qu’ils verseraient dans une démesure du sens des proportions. Citer la proportion de 2% en parlant du chiffre d’affaires du commerçant vendant des chaussures israéliennes, c’est ouvrir la porte aux perspectives critiques. Comme l’économie imprègne une partie du débat, pourquoi est-ce que la simplicité volontaire ne serait point une option en ces circonstances utiles? S’abstenir d’acheter des produits, c’est voter d’une certaine manière.
Au cours des dernières années, nous avons connu et soupé de certains dirigeants colletés avec les milieux d’affaires et le complexe militaro-industriel. Inutile de les nommer. Comme le veut l’exercice, certains francs-tireurs du milieu politique ont à abattre du boulot. Amir Khadir ne sera peut-être jamais un premier ministre, il n’en reste pas moins qu’il dégage plusieurs perspectives dans les débats récurrents qui meublent l’actualité politique.
En 2010, nous avons pu voir le collectif Libre marcheur et le Mouvement Montréal français se manifester sous le radar politique. Dans un débat de longue haleine, nous avons débattu du bien-fondé d’élargir les dispositions de la loi 101 et de les appliquer aux cégeps. Il s’en est trouvé pour prétexter un traître pourcentage d’étudiants francophones passant au secteur anglais pour laisser sous-entendre le principe irréfutable du soi-disant libre-choix. En réalité, chaque cohorte et mouvement d’effectifs indique un certain niveau de secousses sur l’épicentre de la viabilité de notre communauté. Nous pouvons d’ores et déjà dire qu’un 2% peut être déterminant dans la suite des choses. Une certaine horloge est déjà en marche.
Tout comme nous pouvons miser sur nos épargnants, nous nous devons d’investir sur les options porteuses et garantes d’un avenir collectif. Nous nous inscrivons de ce fait en faux contre ceux qui déclament, telle Lysiane Gagnon, quelque fanatisme mal placé. Nous en tiendrons compte au moment d’exprimer le sens de la solidarité de la société civile. Cela passe par l’avènement d’une indépendance de statut du Québec souverain.
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