Caroline Montpetit - C'est l'histoire tout entière du Québec qui devrait s'envoler au-dessus des plaines d'Abraham, par la bouche de la centaine de lecteurs qui alimenteront le Moulin à paroles durant 24 heures sans arrêt, les 12 et 13 septembre prochain.
De la politique à la botanique, en passant par la cuisine et même l'artisanat, les textes, principalement choisis par Sébastien Ricard, Sébastien Fréchette (Bizz) et Brigitte Haentjens, évoqueront en effet le Québec dans son ensemble. On devrait y entendre autant du Mordecai Richler que du Honoré Mercier déplorant l'assassinat de Louis Riel, en passant par Jehane Benoit vantant la cuisine québécoise, Mgr Bourget dénonçant la contraception, ou encore des représentants des onze nations autochtones du Québec. Et on y lira tant un texte de l'historien Marcel Trudel, qui considère que la Conquête a eu des effets bénéfiques sur le Québec, que celui d'un Guy Frégault, qui la voit comme une catastrophe nationale.
«On ne va pas se conter d'histoire, on n'est pas fédéralistes», précise cependant Brigitte Haentjens. Mais les organisateurs du Moulin à paroles n'ont pas voulu pour autant faire de cet événement une manifestation essentiellement partisane. Parmi les lecteurs de textes, on trouvera par exemple les descendants de Louis-Joseph Montcalm de Saint-Véran, marquis de son état, et de son adversaire lors de la fameuse bataille des Plaines, James Wolfe. Ces descendants se nomment respectivement baron Georges de Marestan et Andrew Burroughs Wolfe.
Venus de France et d'Angleterre pour l'occasion, ils liront des textes de leurs ancêtres respectifs, Montcalm et Wolfe. «Ces descendants se connaissaient entre eux. Ils avaient déjà participé à des événements commémoratifs», dit Sébastien Fréchette. Parmi les autres très nombreux lecteurs qui participeront à l'événement, mentionnons Victor Lévy-Beaulieu, Jean Barbe, Marc Béland, Andrée Lachapelle, Maka Kotto, Julie Snyder, Françoise David, Roméo Bouchard, Bernard Landry, Raôul Duguay, Gilles Duceppe, Robert Lepage, Hugo Latulippe, Yann Perreault et Régis Labeaume, pour ne nommer que ceux-là.
Le premier ministre du Québec, Jean Charest, a décliné l'invitation de se joindre aux lecteurs, mais on attendait encore hier la réponse d'une ministre du gouvernement libéral du Québec. Les organisateurs ont d'ailleurs tenu à rassembler des gens de différents milieux, patrons et syndiqués, immigrants, autochtones.
D'autres événements se tiendront à Québec, à l'occasion du 250e anniversaire de la bataille des plaines d'Abraham. La table régionale du Conseil de la souveraineté de la capitale nationale organise une marche, par laquelle les citoyens exprimeront leur souhait de voir le parc des plaines d'Abraham, aujourd'hui parc fédéral, devenir «pleinement québécois». Sur le thème «On reprend nos Plaines, on marche pour l'indépendance», cette manifestation quittera les jardins Saint-Roch à 10h. Une autre marche s'ébranlera à la même heure, du même endroit, mais passera celle-là par le cimetière de l'Hôpital général de Québec, où sont enterrés «les restes des braves morts au combat», avant de se rendre elle aussi au Moulin à paroles.
Jacques Beaumier, président de la table régionale du Conseil de la souveraineté de la capitale nationale, relève d'ailleurs que les activités de la journée de commémoration ne sont pas organisées de façon concertée. «C'est à l'image de ce qui se passe au Québec, dit-il. Chacun pose des gestes en son nom. Il n'y a pas d'organisation parapluie qui couvre l'ensemble de ces manifestations.»

Consulter l'article sur Le Devoir