Meilleurs Voeux 2017 de Bohème

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Chronique de Marie-Hélène Morot-Sir

C’est depuis la Bohème, charmante région aux forêts touffues de la république Tchèque, que je vous envoie mes meilleurs souhaits pour cette nouvelle année.

Toutes les fois où nous allons passer quelques jours dans ce pays de l’Est de l’Europe la même question lancinante me revient.

Comment ce peuple de l’Europe de l’Est, un tout petit peuple d’à peine dix millions d’habitants, écrasé durant plus de mille ans sous la domination hongroise puis durant quatre siècles sous la domination des souverains de Habsbourg, a-t-il trouvé assez de forces pour relever la tête et s’émanciper, avec les autres peuples slaves, de la tutelle austro-hongroise, puis de Moscou ?

Au moment de la dislocation de l’Empire austro hongrois en 1918, à la fin de la première guerre mondiale, avec son voisin slovaque ils créent la Tchécoslovaquie, mais ils sont vite rattrapés par la botte soviétique..

En 1968 a lieu « le printemps de Prague » au cours duquel les Tchécoslovaques essaient d’améliorer leur quotidien par rapport à ceux qui les écrasent. Pourtant en août 1968 les troupes de l’URSS appuyées par celles du Pacte de Varsovie, comprenant les Bulgares, les Hongrois, les Polonais et la RDA (Allemagne de l’Est) -ni l’Albanie ni la Roumanie n’ont accepté de participer à cette attaque - entrent à Prague, bloquent l’aéroport et écrasent avec une rare violence la tentative d’émancipation dans le sang, afin de tuer dans l’œuf ce « socialisme à visage (enfin) humain » prôné par le communiste Alexander Dubcëk.

Ce printemps-là voyait souffler un vent de réformes inédites pour le pays, mais justement ne préfiguraient-elles pas peut-être, l’effondrement du bloc soviétique ?...

Moscou voulait conserver sous sa coupe une « souveraineté limitée » qu’elle ne concédait que du bout des lèvres à ses satellites de l’Europe de l’Est.

Après de nombreuses résistances, au cours desquelles une centaine de personnes furent tuées et plus de cinq cents blessées très grièvement, les Tchécoslovaques durent s’effacer devant la force et rentrer dans le rang, mais en 1969 un étudiant, Jan Palach, pour protester contre l’invasion soviétique qui voulait endormir les consciences, mais aussi pour empêcher les gens d’accepter cette normalisation forcée, s’immola par le feu sur la place Venceslas, place emblématique, lieu de rassemblement de toutes les manifestations contestataires.

Vingt ans plus tard cette même place deviendra le foyer même de la Révolution de Velours, lorsqu’Alexander Dubcëk le 24 novembre 1989 apparut sur le balcon du bâtiment Melantrich aux côtés de Vaclav Havel, célèbre dissident, et futur président, le peuple Tchèque tout entier, sut qu’enfin l’ère communiste, sous laquelle il avait tant lutté, était révolue.

Ils sont aujourd’hui indépendants, ils ont créé la république Tchèque, ils parlent toujours leur langue tchèque qu’ils ont gardé à la force de leur courage, alors que durant tous ces siècles, les Allemands avaient implanté des écoles uniquement en allemand, ce qui est bien la façon toujours aussi terrible et efficace d’assimiler les gens, puisque c’est facile en s’attaquant à une langue de commencer, pour plus d’efficacité, par les enfants !

Aujourd’hui les Tchèques, tout comme nous en France, n’ont pas accepté le traité de Lisbonne qui leur a été imposé, voyant très bien où cette construction européenne faite non pour les peuples, mais pour une mondialisation à outrance, ne servant qu’à favoriser les grands groupes industriels et la finance, veut les entraîner.. Encore mieux, ils ont refusé l'euro et ont gardé leur propre monnaie, la couronne tchèque.

En regardant agir les Tchèques, cela démontre bien que les résistances ne sont jamais finies!

Depuis la nuit des temps, nous observons combien de peuples entiers, sous quelque latitude qu’ils se trouvent, ont été obligés de lutter pour leur survie.

Alors, au moment où cette année 2016 se termine, où une autre année commence, porteuse à nouveau de tant d’espoirs, n'est-il pas des plus encourageant de penser que l’espérance perdure sur cette planète.

Bonne et douce année 2017 à toute l’équipe éditoriale de Vigile, à vous tous les Vigiles si vigilants...et à votre Québec tout entier.

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Marie-Hélène Morot-Sir151 articles

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Auteur de livres historiques : 1608-2008 Quatre cents hivers, autant d’étés ; Le lys, la rose et la feuille d’érable ; Au cœur de la Nouvelle France - tome I - De Champlain à la grand paix de Montréal ; Au cœur de la Nouvelle France - tome II - Des bords du Saint Laurent au golfe du Mexique ; Au cœur de la Nouvelle France - tome III - Les Amérindiens, ce peuple libre autrefois, qu'est-il devenu? ; Le Canada de A à Z au temps de la Nouvelle France ; De lettres en lettres, année 1912 ; De lettres en lettres, année 1925 ; Un vent étranger souffla sur le Nistakinan août 2018. "Les Femmes à l'ombre del'Histoire" janvier 2020   lien vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=evnVbdtlyYA

 

 

 





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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    6 janvier 2017

    Chère madame,
    J'ai particulièrement apprécié vos bons vœux. Il n'est pas possible de lire le condensé que vous faites de l'histoire de la république Tchèque sans être appelé à établir certains parallèles avec ce que vit le Québec. Votre raffinement vous a empêché de le mentionner. C'est à nous de le faire. Votre texte a suscité aussi d'excellents commentaires comme celui de M Jean Lespérance.
    Je pense que tous les Vigiliens seront d'accord avec moi pour vous remercier des excellents textes que vous nous avez apportés de votre belle France.
    Nos meilleurs vœux à vous aussi
    Ernest Dufresne

  • Jean Lespérance Répondre

    4 janvier 2017

    La vigilance commence par l'ouverture de l'esprit, comme on dit, il faut avoir les deux yeux ouverts. On doit être capable de faire la différence entre ceux qui nous veulent du bien et ceux qui veulent notre bien. Et il y a maintenant pire, il y a ceux qui veulent se servir de nous comme un bien, un outil, faire de nous des esclaves comme à une époque que l'on croyait révolue. Et qui sont-ils? Ce sont les oligarques ou propriétaires de multinationales regroupés sous le parapluie de cette organisation appelée Union Européenne.
    Les multinationales sont devenues tellement puissantes qu'elles créent des camps de concentration déménageables, déplaçables à volonté pour utiliser la main d'oeuvre la plus ignorante et la plus démunie possible. Si des travailleurs veulent plus que leurs 3 repas par jour, on les abandonne pour utiliser des crève-la-faim, des miséreux. Les multinationales ne veulent que des miséreux pour faire le plus de profits possibles. Elles ne veulent pas les sortir de la misère, mais les garder dans cet état pour les exploiter comme des esclaves.
    On veut instituer quelque chose de pire que dans l'ancienne Union Soviétique ou l'URSS, Union des Républiques Soviétiques Socialistes démantelée. C'est ce que tentait de nous expliquer Vladimir Bukovski, ancien dissident soviétique. L'espoir vient du fait que maintenant nos en sommes conscients, nous n'entrerons pas dans les chambres à gaz de l'UE en nous faisant endormir par des messages du journal Le Monde, du Washington Post, du National Post, de Radio-Canada nous promettant un travail libérateur. Vladimir Bukovski nous l'a fait comprendre. La grande holocauste, la nouvelle Shoah des travailleurs sera évitée. L'Union Européenne va subir le même sort que l'ancienne URSS.
    www.wikistrike.com/article-un-ancien-dissident-sovietique-met-en-garde-contre-une-dictature-de-l-union-europeenne-78