Migrants : Erdogan demande à ses garde-côtes d’empêcher les traversées de la mer Égée

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Erdogan est allé trop loin : il fait marche arrière


La Turquie continuera à laisser les migrants rejoindre l’Europe, mais pas par la mer, “en raison des dangers que cela comporte”, a indiqué Recep Tayyip Erdogan.




La guerre du chantage se poursuit entre la Turquie et l’Union européenne. Ankara, qui accuse Athènes d’user de violence pour repousser les milliers de migrants qui se pressent à la frontière, a ainsi ordonné aux garde-côtes turcs, par la voix de son président Erdogan, d’empêcher les migrants de traverser la mer Égée, qui sépare la Grèce de la péninsule anatolienne, rapporte notamment Le Monde ce samedi 7 mars, « en raison des dangers que cela comporte ». 


« La Turquie s’est transformée elle-même en trafiquant »


Toutefois, « l’approche consistant à ne pas intervenir pour empêcher les migrants de quitter la Turquie [par voie terrestre] reste valable », a précisé le service des garde-côtes, qui ont affirmé jeudi avoir sauvé 97 migrants à la dérive, accusant les Grecs d’avoir « dégonflé leurs trois bateaux et les avoir laissés dériver, à moitié en train de couler ». Plus tôt, le président turc avait assuré que les forces grecques allaient jusqu’à noyer ou abattre par balle les nouveaux arrivants, ce qu’a nié Athènes. Le pouvoir grec, de son côté, accuse les autorités turques de pousser, voire aider les migrants à passer la frontière, malgré les dangers. « La Turquie […] s’est transformée elle-même en trafiquant », a ainsi lancé le porte-parole du gouvernement grec, Stelio Petsas, dimanche dernier.



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Des accusations graves qui visent à mettre l’Union européenne sous pression, incitée à ouvrir ses portes aux migrants pour ne pas avoir des dizaines de milliers de morts sur la conscience. La situation s’est encore tendue entre Bruxelles et Ankara depuis l’annonce, le 29 février dernier, par le président Erdogan, du retrait de son pays de l’accord de 2016, qui prévoyait une aide financière européenne à la Turquie en échange de sa gestion des migrants. Officiellement, la Turquie dit cette aide insuffisante pour faire face aux coûts que ces 4 millions de réfugiés, principalement syriens, impliquent. Mais le milliard d’euros supplémentaire proposé par l’UE n’aura pas convaincu Erdogan, désormais accusé par les Européens de se livrer à un chantage politique afin d’obtenir un soutien occidental aux opérations turques en Syrie, en territoire kurde notamment. En réponse, le président turc avait assuré ne pas « considérer les réfugiés comme un moyen de chantage politique ».



Marine Le Pen accuse Erdogan de vouloir « islamiser l’Europe »


L’UE a annoncé « 700 millions d’euros » d’aides supplémentaires destinées à la Grèce, érigée en « bouclier de l’Europe », afin de faire face à la crise, ainsi que l’envoi d’une « douzaine » d’experts à la frontière, un renfort de Frontex, et s’est engagée à prendre en charge 400 migrants. Très engagé sur les questions de migration, le Rassemblement national a annoncé que son vice-président, Jordan Bardella, se rendrait mardi 10 mars sur place, en compagnie de l’eurodéputé RN Jérôme Rivière, pour exprimer son soutien à la Grèce. « Nous allons constater ce qui attend la France demain si rien n'est fait à la frontière grecque, à savoir une submersion organisée par un État étranger, la Turquie islamiste d'Erdogan », a-t-il déclaré, rapporte Actu Orange. En meeting ce vendredi, Marine Le Pen a quant à elle appelé à « inverser totalement la politique d’immigration », accusant Erdogan de vouloir « islamiser l’Europe ».