Mme Marois et le chaos

Débat des chefs - Québec 2012


Depuis quelques jours, la chef du Parti québécois, Pauline Marois, met en garde les électeurs contre la «menace pour la société québécoise» que représenterait un gouvernement de la Coalition avenir Québec. La volonté de la CAQ d'abolir certaines structures, notamment les commissions scolaires, risque de «créer une crise sociale, le chaos», affirme Mme Marois.
Hier soir, lors du face à face l'opposant à François Legault, elle a accusé ce dernier de vouloir «créer des affrontements». Venant d'une indépendantiste qui rêve de séparer le Québec du Canada, une entreprise qui provoquerait inévitablement les plus fortes turbulences de notre histoire, de tels propos sont d'une incohérence renversante.
Pauline Marois s'inquiète des conflits que provoquerait la fin des commissions scolaires et des agences régionales de santé? Alors, ses nuits doivent être hantées par le cauchemar que représenteraient le détricotage de la bureaucratie fédérale et la réorganisation de l'État québécois, notamment l'intégration dans la fonction publique québécoise de dizaines de milliers de fonctionnaires fédéraux. Sans parler des négociations, nécessairement ardues, sur la devise, la dette, la citoyenneté, les institutions communes, le commerce, etc.
Autre incohérence: à plusieurs reprises au cours des derniers jours, la chef de l'opposition officielle a dit vouloir unir les Québécois. Critiquant la gestion de la crise étudiante par le gouvernement Charest, Mme Marois a dit privilégier «la voie du dialogue, une solution qui fasse en sorte de réunir les Québécois plutôt que les diviser». «Un premier ministre, ça ne divise pas ses citoyens», a-t-elle ajouté. Au cours du débat d'hier, elle a accusé François Legault de vouloir lui aussi diviser les Québécois. Alors pourquoi Mme Marois et son parti s'entêtent-ils à relancer le débat sur l'indépendance du Québec, débat le plus déchirant qui soit pour une petite nation comme la nôtre?
Sur tous les problèmes auxquels le Québec fait face, Mme Marois propose le dialogue, les consultations, les sommets, les consensus. Sur tous les problèmes, sauf un, l'avenir politique du Québec. Là, elle propose une rupture radicale, suivant un référendum dont elle a refusé encore hier soir de préciser le moment et les modalités.
Comme seul argument en faveur de l'indépendance, au cours des débats des chefs, la chef du PQ a répété: «Nous envoyons 50 milliards à Ottawa. Cet argent serait pas mal mieux dépensé si c'était qui nous prenions les décisions.» Mme Marois omet de dire que le gouvernement fédéral dépense chaque année 10 milliards de plus au Québec que ce qu'il y perçoit.
Que Mme Marois s'attaque aux propositions de François Legault, pas de problème, il y a amplement matière. Mais que la chef d'un parti projetant de démanteler la fédération canadienne prédise le «chaos», la «crise sociale» dans l'éventualité de l'élection de la CAQ, c'est proprement ridicule.

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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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