La liste des illustres inconnus qui défendront les couleurs de la CAQ aux prochaines élections s'allonge un peu plus chaque semaine.
Jeudi, François Legault a annoncé qu'une gestionnaire de résidences pour personnes âgées, Raymonde Lapointe, et un propriétaire de franchises de la chaîne Harvey's, Éric Giroux, seront respectivement candidats dans Mégantic et Saint-François.
Sans chercher à minimiser les mérites de ces «candidats d'expérience bien implantés dans leur milieu», comme les qualifiait le communiqué de la CAQ, l'absence de gens dont la notoriété déborde leur patelin commence à se faire cruellement sentir.
Selon un sondage Léger Marketing-Le Devoir dont le premier volet a été publié hier, la CAQ a encore perdu deux points au cours du dernier mois. Avec 22 % des intentions de vote, elle ne peut guère espérer plus qu'une quinzaine de sièges. Et rien n'assure que la dégringolade est terminée.
Il est vrai que les candidatures annoncées jusqu'à présent l'ont surtout été dans des circonscriptions où ses chances de victoire sont plutôt minces. Le problème est qu'une fois exclues la demi-douzaine de circonscriptions relativement sûres déjà représentées par d'anciens adéquistes qui seront de nouveau sur les rangs, la liste de celles où un candidat-vedette pourra estimer que le risque est raisonnable raccourcit dangereusement d'un sondage à l'autre.
De toute manière, qui a envie de passer les quatre prochaines années sur les banquettes arrière du Salon bleu de l'Assemblée nationale dans les rangs du deuxième groupe d'opposition? Gaétan Barette voudrait bien être ministre de la Santé, mais il aurait peut-être dû miser sur un autre cheval.
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L'animateur du blogue Too Close to Call, Bryan Breguet, dont le modèle mathématique projette localement les résultats des sondages nationaux, se demande de combien il faudrait gonfler le vote de l'ADQ dans L'Assomption pour tenir compte de «l'effet Legault». Sur la base des résultats du dernier sondage Léger Marketing-Le Devoir, son modèle accorde 20 points d'avance au PQ.
Une défaite dans sa circonscription est peut-être ce qui pourrait arriver de mieux au chef de la CAQ. Le pauvre serait l'homme le plus malheureux du monde s'il devait se retrouver à la tête d'une poignée de députés. À Noël, il se voyait déjà premier ministre.
Aujourd'hui, il a presque disparu du radar médiatique. Ses rares interventions qui réussissent à trouver leur chemin jusqu'aux bulletins de nouvelles tombent complètement à plat. Même l'empire Quebecor, dont il était le chouchou, semble l'avoir laissé tomber.
Hier, le collègue J.-Jacques Samson lui a tendu une main secourable, mais le présenter comme un nostalgique de la «réingénierie» de l'État dont rêvait Jean Charest n'est peut-être pas la meilleure façon de faire remonter sa cote.
Ceux qui lui reprochent une vision trop exclusivement économique de la société risquent de ne pas apprécier sa dernière suggestion: «Ça prendrait un Entrepreneur Académie, comme il y a Star Académie. Les jeunes n'ont plus assez de modèles de succès économiques. Il faut suggérer cela à Pierre Karl.»
Les jeunes manquent de modèles? M. Legault semble oublier le président de la Banque Nationale, Louis Vachon, dont la rémunération atteint maintenant un scandaleux sommet de 8,4 millions. Ou encore celui de SNC-Lavalin, Pierre Duhaime, qui touchera une indemnité de départ de 4,9 millions pour avoir sali la réputation d'un fleuron du génie-conseil québécois. Ces gens-là sont vraiment très forts!
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Le chef de la CAQ se dit toujours convaincu que le premier ministre Charest déclenchera des élections dès ce printemps. «Il a zéro respect pour Pauline Marois. Il attendait qu'on baisse dans les sondages et il pense qu'en martelant sur un autre référendum sur la souveraineté, il peut l'emporter.»
Sur ce dernier point, M. Legault a raison: au cours de la prochaine campagne, l'épouvantail référendaire va finir par relayer le Plan Nord dans le discours libéral. Une élection printanière semble toutefois bien improbable.
Comme d'autres, M. Legault est d'avis que la grève étudiante profite aux libéraux. Ce n'est pourtant pas l'impression que donne le sondage Léger Marketing-Le Devoir. Le PLQ a plutôt perdu un point au cours du dernier mois, tandis que le taux d'insatisfaction à l'endroit du gouvernement a grimpé de 70 % à 76 %.
Les porte-parole du gouvernement ont eu beau dénoncer sur tous les tons «l'opportunisme» du PQ, qui fait miroiter aux étudiants un nouveau gel des droits de scolarité sans toutefois s'y engager de façon formelle, ses intentions de vote sont demeurées stables entre la mi-mars et la mi-avril.
Cela n'empêche pas les péquistes de se méfier des intentions de M. Charest. En apprenant que le PLQ allait tenir un conseil général le 5 mai prochain, ils ont reporté à la même date la Conférence nationale des président(e)s, qui est un peu son équivalent. Si le premier ministre veut utiliser le conseil général comme tremplin pour se lancer en campagne, le PQ ne veut pas être en reste.
On se demande ce qu'il faut souhaiter à François Legault: un peu de temps pour reprendre pied ou un scrutin hâtif qui mettrait fin à son calvaire.
Pauvre Legault!
Avec 22 % des intentions de vote, elle ne peut guère espérer plus qu'une quinzaine de sièges. Et rien n'assure que la dégringolade est terminée.
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