Réponse à Martin Dion

Tribune libre


J'ai été pour le moins surpris de lire dans l'édition de Vigile du 5 août dernier une lettre de Me Martin Dion intitulée : [Les « Outgames » : double fiasco->1466]. Les idées qui y sont énoncées sont une collection de préjugées et de fausses affirmations qui dénotent de la part de son auteur un manque total de rigueur.
Bien sûr, je comprends que l'on peut être pour ou contre l'idée que les gais, les lesbiennes et autres minorités sexuelles se regroupent pour faire du sport et réaliser des activités culturelles. Me Dion situe toutefois le débat à un autre niveau. D'abord sur un ton péremptoire et sans aucun argument à l'appui, il déclare que la Conférence sur les droits humains a été un échec. Peu importe que Louise Arbour, de l'ONU, et combien d'autres participants nous aient rappelé que dans 74 pays l'homosexualité est toujours l'objet de répression (La Presse, 25/07/2006) et que les gais, lesbiennes et transgenres vivent toujours une discrimination intolérable dans bon nombre de pays. Mais de tout cela Me Dion n'en a cure !
Finalement, le manque de rigueur de Me Dion se manifeste encore plus clairement lorsqu'il m'attribue de faux propos. Selon lui, j'aurais déclaré : « Je suis plus à l'aise de lutter aves d'autres gais. » Or, précisément, j'ai affirmé tout le contraire. Si Me Dion avait été animé par autre chose que la rancœur et les préjugés et qu'il avait fait une lecture attentive de l'article de Brigitte Saint-Pierre, du Devoir, il aurait découvert que j'ai déclaré que je m'étais déjà entraîné dans une équipe composée d'hétérosexuels et que « cela ne posait pas de problème » (Le Devoir, 31/07/2006). En fait, Me Dion a confondu mes propos avec ceux du président du Club de lutte LOGAM (Lutte olympique gaie à Montréal), M. Ronielle Buduhan.
Je termine en souhaitant à Me Dion bonne route et bon vent et beaucoup de succès dans ses projets.

Réal Ménard
Député fédéral de Hochelaga


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Une médaille d'argent pour le député-lutteur
Réal Ménard a commencé à pratiquer la lutte olympique en 1987 pour « travailler son agressivité »
Brigitte Saint-Pierre
_ Le Devoir lundi 31 juillet 2006
Le député bloquiste Réal Ménard a participé... et a gagné. Il a remporté hier la médaille d'argent en lutte olympique dans sa catégorie au Centre sportif Claude-Robillard à Montréal, lors de la première journée de compétitions des Outgames.

M. Ménard ne s'est pas improvisé lutteur pour les Outgames. Il a commencé à pratiquer ce sport en 1987. Il est membre de l'équipe LOGAM -- pour Lutte olympique gaie à Montréal --, laquelle a vu le jour en 1999. Chaque dimanche, il participe à des entraînements de lutte avec ses coéquipiers. «Faire de la lutte me permet de travailler mon agressivité. Je ne suis pas naturellement un député très agressif», a dit M. Ménard, qui avait troqué hier le complet et la cravate contre un maillot rouge de lutteur. Le député bloquiste ajoute que la lutte est un sport complet, bon pour le système cardiovasculaire.
À l'instar de M. Ménard, deux autres membres de l'équipe LOGAM, Benoît Deschênes et Normand Desjardins, ont remporté une médaille d'argent hier. Le président de l'équipe, Ronielle Buduhan, a aussi pris part aux compétitions. Les membres de LOGAM ont lutté dans des catégories qui comptaient trois ou quatre participants. Ils se sont mesurés à des lutteurs des États-Unis, de la France, de l'Allemagne, du Royaume-Uni et de la Suisse. Leur entraîneur, Raymond Carrier, était présent pour les encourager.
Le député bloquiste prenait part à la compétition dans la catégorie des hommes de 36 ans et plus, pesant entre 66,01 kg et 74 kg. Il a remporté un combat contre Andrews William, un Néo-Zélandais résidant au Royaume-Uni, et en a perdu un contre l'États-Unien Gary Gerber, qui a remporté l'or. «Je ne savais pas qu'il était député. Je suis content d'avoir remporté le match», a dit M. Gerber. Le visage de M. Ménard lui était toutefois familier. «Il y a sept ou huit ans, je suis venu à Montréal. J'ai rencontré par hasard une personne avec qui j'ai discuté de la situation des gais au Canada et aux États-Unis. Je suis pas mal sûr que c'était lui. C'est curieux que l'on s'affronte maintenant dans un match de lutte», a-t-il dit. Selon ses deux adversaires, M. Ménard est un bon lutteur, qui a l'esprit sportif.
Lutte olympique et lutte politique
M. Ménard estime qu'il y a des similitudes entre la lutte olympique et la lutte électorale et politique. «L'issue d'un combat olympique est imprévisible. Comme en politique, ce n'est pas toujours le plus fort qui l'emporte», a dit le député. M. Ménard est aussi d'avis que, dans l'arène comme à la Chambre des communes, il faut respecter ses adversaires. «Ceux qui restent en politique sont ceux qui respectent les députés des autres partis», estime-t-il. La pratique de la lutte lui sert d'exutoire et lui permet d'être bien dans sa peau, ce qui, par conséquent, lui permet de bien faire son travail de député. «Il y a un gymnase à Ottawa pour les députés et je crois que c'est important», a-t-il dit. Interrogé sur la raison d'être des jeux gais, alors que les homosexuels peuvent prendre part aux Olympiques et participer à nombre d'autres compétitions sportives ouvertes à tous, M. Ménard a répondu que tout événement qui incite les gens à faire du sport est une bonne chose.
Pourquoi être membre d'une équipe de lutte composée de gais ? «La lutte est un sport où il y a des contacts et je suis plus à l'aise de lutter avec d'autres gais», a dit le président de LOGAM. L'équipe compte actuellement cinq membres, et une douzaine de personnes ont déjà participé aux entraînements. M. Ménard s'est déjà aussi entraîné dans une équipe composée d'hétérosexuels et cela «ne posait pas de problèmes», a-t-il dit. Pour M. Ménard, ce qui importe, c'est de pouvoir pratiquer son sport. Il compte continuer de lutter, dans l'arène comme en politique.


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