Moscou | Le parti au pouvoir en Russie propose d’introduire des peines criminelles allant jusqu’à 5 ans de prison pour les acteurs politiques dont les partis bénéficient d’un financement venant de l’étranger, a annoncé vendredi un député.
«Nous voulons introduire dans le Code pénal une clause sur la responsabilité criminelle de ceux qui reçoivent un financement étranger pour leurs activités politiques», a déclaré Evguéni Martchenko, député du parti pro-présidentiel Russie unie, à l’agence de presse publique RIA Novosti.
Selon lui, les députés de ce parti vont élaborer et soumettre à la Douma (chambre basse du Parlement) un projet de loi qui proposera notamment des peines allant «jusqu’à 5 ans de prison».
Cette mesure «est vraiment nécessaire pour la Russie» à l’approche des élections législatives de 2021, estime M. Martchenko.
«Nous devons tous être dans les mêmes conditions. Personne ne doit recevoir d’argent de l’étranger et organiser des campagnes électorales, des provocations ou des manifestations non autorisées avec», a-t-il assuré.
Selon lui, Russie unie souhaiterait également inscrire dans la loi la possibilité de dissoudre tout parti politique bénéficiant d’un financement étranger.
La Russie a déjà introduit en 2012 la désignation «agent de l’étranger» pour toute organisation bénéficiant du financement d’un autre pays et exerçant une «activité politique».
Ce concept vague et controversé a permis de viser de nombreux groupes critiques du pouvoir, les «agents de l’étranger» étant soumis à d’importantes contraintes administratives et financières et faisant l’objet d’une surveillance accrue.
En 2019, le Fonds de lutte contre la corruption (FBK) du principal opposant russe, Alexeï Navalny, charismatique blogueur et avocat de 43 ans, a également été classé comme «agent de l’étranger».
Le FBK, à l’origine de nombreuses enquêtes dénonçant les malversations et le train de vie des élites russes, a été visé ces derniers mois par une vague de perquisitions.
M. Navalny lui-même, ses partisans et leurs familles font régulièrement l’objet d’interpellations et de pressions policières dans toute la Russie.