« Étape historique »: Donald Trump s’est félicité mercredi de l’accord commercial signé avec le vice-premier ministre chinois Liu He qui suspend un bras de fer inédit entre les deux premières puissances économiques du monde.
« Aujourd’hui, marque une étape historique, une étape qui n’avait jamais été franchie avec la Chine, vers un accord commercial juste et réciproque entre les États-Unis et la Chine », a déclaré le président américain.
Cet accord va être profitable « à la Chine, aux États-Unis, au monde entier », a déclaré son homologue chinois, Xi Jinping dans une lettre adressée à l’hôte de la Maison-Blanche.
Ce traité devrait largement profiter à la base électorale du président républicain, en particulier agriculteurs et industriels, victimes collatérales de la guerre commerciale.
La Chine s’est engagée à acheter pour 200 milliards de dollars de produits américains supplémentaires au cours des deux prochaines années, selon le texte de l’accord commercial publié mercredi dans son intégralité, soit 94 pages.
Ces achats ont pour but de réduire le déficit commercial américain, grande revendication de la Maison-Blanche.
L’accord contient également des dispositions relatives à la protection de la propriété intellectuelle et aux conditions de transfert de technologies, autres grandes exigences des États-Unis.
Déclenché au printemps 2018 pour mettre fin aux pratiques commerciales chinoises jugées « déloyales », ce conflit s’est matérialisé par des droits de douane punitifs réciproques sur des centaines de milliards de dollars de marchandises.
Mais Donald Trump a indiqué que les droits de douane punitifs qui frappent actuellement plus de 370 milliards de dollars de produits chinois seront maintenus tant que la phase 2 de l’accord ne serait pas signé.
« Nous gardons les tarifs douaniers, mais j’accepterais de les supprimer si nous arrivons à conclure la phase 2 », a déclaré le locataire de la Maison-Blanche, soulignant: « Je vais les garder sinon nous n’aurons aucune carte en main pour négocier ».
Et le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin a prévenu sur CNBC, peu avant la cérémonie, que si Pékin ne respectait pas ses engagements, Washington était disposé à les augmenter.
L’administration prédit que cet accord dopera la croissance de la première économie du monde d’un demi-point de pourcentage.
Ce conflit a pourtant durement affecté le monde agricole et l’industrie manufacturière aux États-Unis, ceux-là mêmes qui avaient porté le président républicains au pouvoir en 2016.
Donald Trump a parié sur leur patriotisme, leur demandant de la patience avant des lendemains meilleurs.
L’ancien homme d’affaires, qui clamait que les guerres commerciales étaient faciles à gagner, a aussi constamment répété que l’économie américaine n’était pas affectée par les droits de douane quand la croissance chinoise ralentissait.
Pourtant, ce conflit inédit par son intensité et sa durée, a freiné l’appétit des investisseurs et donc la croissance mondiale comme la croissance chinoise et américaine.
Qui plus est, l’essentiel du coût des tarifs douaniers a été supporté par les importateurs américains.
Cérémonie éclipsée par les démocrates
« Nous savons qu’il y aura encore des différends entre nos deux pays, mais ce jour marque le début d’un nouveau chapitre dans les relations commerciales entre les deux plus importantes économies du monde », a renchéri le vice-président américain, Mike Pence.
Aussi historique soit-elle, la cérémonie de signature retransmise en direct par toutes les grandes chaînes de télévision américaines a été brutalement interrompue pour donner la parole aux démocrates de la Chambre des représentants.
« Pour la première fois, nous avons un accord complet » avec un « vrai mécanisme pour faire appliquer » l’accord, a fait valoir le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin.
« La Chine reconnaît l’importance d’établir et de mettre en oeuvre un système juridique complet de protection (...) de la propriété intellectuelle », est-il notamment stipulé dans le texte.
En outre, tout transfert ou licence de technologie doit être basé sur la base du volontariat et « reflétant un accord mutuel », est-il dit alors que la Chine imposait jusqu’alors aux entreprises américaines le transfert forcé de leur savoir-faire pour faire affaire en Chine.
Un chapitre entier est en outre consacré à l’ouverture du marché chinois aux services financiers.
Donal Trump a par ailleurs confirmé qu’il comptait se rendre bientôt en Chine alors que les négociations pour une seconde phase de l’accord doivent commencer « immédiatement ».
Les deux parties doivent négocier les termes d’un accord portant sur des sujets plus sensibles tels que la cybersécurité.