(Ottawa) À six mois des élections fédérales, les appuis que récolte le Parti libéral du Canada continuent de fléchir au Québec, en particulier chez les électeurs francophones, qui déterminent le candidat vainqueur dans la majorité des 78 circonscriptions que compte la province à la Chambre des communes.
Dans l'ensemble du Québec, les libéraux de Justin Trudeau récoltent 29% des intentions de vote, bons deuxièmes derrière le NPD qui obtient 31% des appuis, révèle un sondage réalisé par la firme CROP pour le compte de La Presse. Le Parti conservateur est le choix de 19% des répondants alors que le Bloc québécois suit de près avec 18%. Ces résultats sont comparables à ceux du coup de sonde réalisé en mars.
Mais chez les électeurs francophones, le Parti libéral continue de perdre des appuis. Les répondants ne sont plus que 21% à dire qu'ils comptent voter pour les candidats libéraux de Justin Trudeau aux élections du 19 octobre - une chute de 2 points de pourcentage en un mois, un recul de 8 points de pourcentage depuis février et un effondrement de 13 points depuis août 2014.
Autre nouvelle inquiétante pour les stratèges libéraux, le Bloc québécois dirigé par Mario Beaulieu supplante maintenant le Parti libéral chez les électeurs francophones pour la première fois depuis l'élection de Justin Trudeau comme chef il y a deux ans. Les troupes bloquistes ont l'appui de 22% des électeurs francophones.
Mulcair toujours premier
Le NPD continue, par ailleurs, d'être le choix de prédilection d'une plus grande proportion d'électeurs francophones. En effet, 34% d'entre eux disent appuyer les troupes néo-démocrates de Thomas Mulcair. Dans le coeur des Québécois francophones, le Parti conservateur arrive quatrième avec 18%.
Le Parti libéral trouve donc pour l'instant son salut au Québec chez les électeurs non francophones: 58% expriment leur appui aux libéraux de Justin Trudeau.
«C'est inquiétant pour les libéraux. Ils sont en baisse chez les francophones. Mais il y a plus: leur vote est fragile. De tous les partis, c'est le vote le plus fragile», a analysé Youri Rivest, le vice-président de CROP.
Selon lui, l'absence de propositions concrètes de la part du chef libéral explique cette situation. «Quand Justin Trudeau est arrivé, il a suscité beaucoup d'attentes. Cela fait quand même deux ans qu'il est chef, mais on dirait qu'il n'a rien proposé de concret. En marketing, le premier élément, c'est de se faire connaître. Ensuite, il faut offrir quelque chose aux électeurs ou aux consommateurs qu'ils vont désirer. Et la troisième, il faut se distinguer des compétiteurs. On dirait que Justin Trudeau est encore à essayer de se faire connaître au lieu de proposer des choses et de se distinguer des autres», a poursuivi M. Rivest.
Ce sondage a été réalisé en ligne du 15 au 20 avril auprès de 1000 répondants. Compte tenu du caractère non probabiliste de l'échantillon, le calcul de la marge d'erreur ne s'applique pas.
En chiffres
42%
L'appui qu'obtient le Parti conservateur dans la région de Québec. Avec un tel score, les conservateurs peuvent espérer reprendre des sièges qu'ils ont perdus au dernier scrutin dans cette région. Le NPD arrive deuxième avec 24%, tandis que le Parti libéral récolte 18% et le Bloc 12%.
36%
Le taux de satisfaction envers le gouvernement Harper au Québec. Depuis quatre mois, il est en hausse de trois points.
17%
Le nombre de répondants qui estiment que Stephen Harper est le meilleur leader pour occuper les fonctions de premier ministre. Depuis août 2014, la cote de M. Harper a bondi de 7 points (10% à 17%). Thomas Mulcair obtient encore le meilleur score avec 26%, tandis que Justin Trudeau est deuxième avec 21%.