L'accord potentiel du Partenariat transpacifique (PTP) a continué de reléguer d'autres enjeux à l'arrière-plan au cours de la 63e journée de la campagne électorale, et ce n'est pas le chef du NPD Thomas Mulcair qui va s'en plaindre.
M. Mulcair, dont le parti recule dans les sondages depuis l'apparition du niqab dans la campagne, s'est posé samedi comme le meilleur défenseur des producteurs laitiers, automobiles et vinicoles du pays en promettant de rejeter le PTP si celui-ci ne protège pas intégralement le système de gestion de l'offre canadien qui régit les productions de lait, d'oeufs et de volaille.
Son homologue du Bloc québécois, Gilles Duceppe, s'est porté lui aussi à la défense du système de gestion de l'offre. Il a qualifié les négociations en cours de «véritables épées de Damoclès» au-dessus de la tête des agriculteurs québécois. Il a dit ne pas comprendre pourquoi le gouvernement canadien avait accepté de mettre le système de gestion de l'offre sur la table des négociations alors que les «riches subventions» accordées par Washington et Tokyo à leurs fermiers ne l'étaient pas.
À l'instar du chef néo-démocrate, M. Duceppe a promis de voter contre la ratification du traité à la Chambre des communes.
M. Mulcair a aussi déploré le secret entourant les négociations et le fait que le gouvernement Harper n'ait toujours pas publié les textes qui font l'objet de discussions.
À cet effet, il estime qu'on ne peut faire confiance à M. Harper puisque celui-ci a déjà ouvert une brèche dans la gestion de l'offre en cédant des quotas de vente de fromages européens dans l'entente de libre-échange avec l'Union européenne. «Ce qu'on a appris avec Stephen Harper depuis des années, c'est qu'on ne peut tout simplement pas lui faire confiance sur ces ententes-là», a-t-il répété à quelques reprises.
De son côté, au cours d'un point de presse impromptu, M. Harper a dit que le gouvernement avait «l'intention» de rendre publiques les modalités de l'entente après que les négociations eurent atteint une conclusion positive.
«On a réalisé des progrès, mais les négociations se poursuivent. Je suis informé de la situation par nos négociateurs qui sont présents, a déclaré M. Harper au cours d'un point de presse impromptu, samedi matin. Laissez-moi vous assurer que nous n'allons conclure une entente que si elle est dans les meilleurs intérêts de notre pays.»
Il a louangé l'entente à venir en affirmant qu'elle permettrait de créer des milliers d'emplois au Canada et d'ouvrir un marché d'environ 800 millions de personnes aux entrepreneurs canadiens.
M. Harper a ajouté que le gouvernement a «l'intention» de rendre public le contenu de l'entente, mais il a aussi rappelé que la responsabilité de ratifier un tel traité repose sur les épaules du Parlement.
«On se doit d'être à la table des négociations pour faire avancer et protéger nos intérêts, a-t-il affirmé. La décision finale sera prise par le Parlement, mais on doit être présent pour protéger nos intérêts. Il est évident qu'une entente sera rendue publique. Nous avons l'occasion d'être un partenaire dans la plus importante entente commerciale de l'histoire.»
L'accord du Partenariat transpacifique que négocient 12 pays n'est pas très populaire dans certains milieux. Les producteurs laitiers en Ontario et au Québec craignent que le gouvernement fédéral abolisse le système de gestion de l'offre qui les protège contre les aléas du marché.
Par ailleurs, ni M. Duceppe ni M. Harper n'ont abandonné la question du niqab. Tous deux ont réitéré la position de leur parti à ce sujet.
«Seul le Bloc québécois veut l'interdire au moment de voter et au moment de recevoir les services publics», a-t-il tonné, ajoutant que les conservateurs avaient fait preuve «d'hypocrisie» en mettant de l'avant l'enjeu du port du niqab pendant les cérémonies de citoyenneté. «Ils ont eu quatre ans...et n'ont rien fait», a pesté M. Duceppe.
M. Harper s'est défendu de vouloir se servir de la question du niqab à des fins politiques. «Nous avons adopté une politique à ce sujet, une politique qui est appuyée par une vaste majorité de Canadiens provenant de tous les milieux. Les autres partis se nuisent à eux-mêmes en prenant des positions qui sont contraires aux valeurs des Canadiens», a-t-il soutenu.
Le chef libéral Justin Trudeau ne participait à aucun événement public, samedi. Les libéraux ont annoncé des mesures visant à permettre aux électeurs de rapporter toutes magouilles électorales dont ils seraient témoins.
Ils ont publié sur leur site Internet un formulaire à cet effet. Le parti s'est aussi engagé à améliorer la Loi électorale du Canada s'il est porté au pouvoir le 19 octobre.
Ils mettront à la disposition des électeurs un numéro de téléphone le jour du scrutin pour qu'ils puissent signaler tous les incidents.
Geoff Regan, un candidat libéral en Nouvelle-Écosse, a indiqué que les électeurs doivent aussi se plaindre de tels incidents à Élections Canada, ajoutant que le formulaire mis à leur disposition par le parti permettra de les aider dans cette démarche.
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