Damas accuse Ankara de soutenir les terroristes, après l'envoi d'un convoi chargé de munitions de l'armée turque dans la province d'Idleb, dans le nord de la Syrie. Les autorités turques affirment que leur convoi a été visé, faisant plusieurs morts.
Dans le conflit syrien, la Turquie poursuit sa politique du fait accompli. Ce 19 août, un convoi de l'armée turque chargé de munitions a franchi la frontière. Avec pour but, selon l'agence de presse syrienne SANA qui cite une source proche du ministère syrien des Affaires étrangères, d'apporter un soutien logistique aux milices pro-turques dans le gouvernorat d'Idleb. Damas va jusqu'à accuser la Turquie de chercher à «aider les terroristes vaincus de Jahbat al-Nosra [groupe terroriste affilié à al-Qaïda]».
L'entrée du convoi turc en Syrie a été confirmée par un correspondant de l'AFP sur place qui a fait état d'environ 50 véhicules militaires, dont des blindés, des transporteurs de troupes et au moins cinq chars. La colonne se dirigeait vers Maaret al-Noomane, ville située à 15 kilomètres au nord de Khan Cheikhoun, dans le sud de la province d'Idleb.
Ankara condamne l'attaque de son convoi
Plus tard, le ministère turc de la Défense, cité par Reuters, a rapporté que ce convoi aurait été attaqué par une frappe aérienne qui aurait fait trois morts civils et 12 blessés, selon Ankara. Les autorités syriennes n'ont pas commenté dans l'immédiat.
Toutefois, une source du ministère syrien des Affaires étrangères et des Expatriés citée par Sana (avant l'attaque du convoi turc) avait expliqué tenir la Turquie pour «pleinement responsable des conséquences de cette violation flagrante de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la République arabe syrienne». Dénonçant «une violation scandaleuse des dispositions du droit international», la même source avait par ailleurs averti que l’armée syrienne continuerait «à traquer» les derniers terroristes présents à Khan Cheikhoun et dans les autres régions du pays.
Damas dénonce une manœuvre «agressive»
L'envoi du convoi par Ankara, qualifié selon Reuters de manœuvre «agressive» par Damas, pourrait rendre la situation dans le nord de la Syrie encore plus explosive. «Des véhicules turcs chargés de munitions [...] ont pris la direction de Khan Cheikhoun pour secourir les terroristes [...], ce qui confirme encore une fois le soutien apporté par le régime turc aux groupes terroristes», a fustigé une source au ministère syrien des Affaires étrangères, citée par l'agence officielle Sana.
La veille, l'armée régulière syrienne est entrée dans la ville de Khan Cheikhoun, pour la première fois depuis 2014. Depuis plusieurs jours, l'armée syrienne progresse avec succès sur le terrain, repoussant des groupes armés djihadistes, dont Hayat Tahrir al Cham, ainsi que des rebelles soutenus par Ankara.