Triple fiasco pour les Israéliens

On comprend qu’Israël veuille empêcher que des armes parviennent au Hamas. On comprend moins que jamais qu’il ne lève pas très largement un blocus qui n’a pas de raison d’être.

"Libérez Gaza" - 1ère Flottille humanitaire - le "Mavi-Marmara" -

Israël avait sans doute ses raisons pour empêcher une flottille humanitaire de gagner le territoire palestinien de Gaza. Ces six navires transportaient de l'aide (vivres, médicaments, matériaux de construction, etc.), destinée au million et demi d'habitants de Gaza soumis à un blocus sévère de la part d'Israël et de l'Egypte depuis trois ans. Le gouvernement de Benyamin Nétanyahou a proposé de débarquer cette cargaison dans le port israélien d'Ashdod. Il entendait s'assurer qu'elle ne contenait pas d'armes, avant, affirmait-il, de l'acheminer à Gaza.
Les organisateurs de la flottille ont refusé. Car l'initiative, lancée notamment par une ONG islamiste turque, n'était pas qu'humanitaire : elle visait à faire pression sur Israël pour qu'il lève le "siège" de la bande de Gaza. L'opération s'appelait "Libérez Gaza", elle relevait du défi politique, de la bataille d'image. Tel-Aviv y a répondu par la force. Et le raid lancé par Tsahal dans la nuit du 30 au 31 mai se solde par un fiasco à tous égards.
Drame humain d'abord : une dizaine de militants turcs ont été tués par balles et beaucoup d'autres blessés par les forces spéciales israéliennes. Cela s'est produit à bord du plus gros des six bâtiments, le Mavi-Marmara, après que les cinq autres se furent rendus sans affrontements. S'il est trop tôt pour savoir ce qui s'est exactement passé, la presse israélienne, quasi unanime, réclame déjà une commission d'enquête et évoque l'impréparation ou les négligences qui ont accompagné cet arraisonnement.
Le fiasco diplomatique est d'autant plus spectaculaire que les commandos israéliens ont pris le contrôle de cette flottille dans les eaux internationales. Internet et globalisation médiatique obligent : la réprobation à l'égard d'Israël a été mondiale et immédiate, avant même que soient connus les détails du drame. Déjà mal-en-point depuis plusieurs années, les relations diplomatiques avec la Turquie, un pays clé au Proche-Orient, sont au bord de la rupture. Laborieusement amorcées, les négociations dites "de proximité" avec les Palestiniens ne vont pas manquer, elles non plus, de subir le contrecoup de cette affaire.
Enfin, le fiasco est politique. Il révèle plus que jamais l'absurdité et l'injustice du blocus imposé à un territoire déjà misérable. Les Israéliens, qui l'occupaient depuis 1967, l'ont quitté en 2005, tout en contrôlant ses frontières terrestre et maritime. Le mouvement islamiste Hamas s'y est emparé du pouvoir par la force en 2007, date à partir de laquelle Israël, mais aussi l'Egypte, a imposé un embargo qui ne laisse passer que des produits de toute première nécessité.
Ce blocus n'a atteint aucun de ses objectifs. Il n'a pas affaibli le Hamas, au contraire. Il n'a pas permis d'obtenir la libération de Gilad Shalit, le soldat israélien capturé en 2006. Il soumet des centaines de milliers de familles à des conditions d'existence indignes. On comprend qu'Israël veuille empêcher que des armes parviennent au Hamas. On comprend moins que jamais qu'il ne lève pas très largement un blocus qui n'a pas de raison d'être.


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