Une alliance bénéfique pour l'Ontario et le Québec

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Propagande de l'Idée fédérale et de l'Empire Desmarais

Aujourd'hui a lieu une réunion conjointe des membres du Conseil des ministres de l'Ontario et du Québec. À leur agenda se trouve spécifiquement un éventuel rapprochement des politiques climatiques et énergétiques des deux provinces. Cette rencontre, rendue possible par la bonne entente de ces deux gouvernements libéraux majoritaires, est fort prometteuse.
Les deux provinces ont en effet plus que jamais besoin l'une de l'autre: dans leur gestion du secteur de l'électricité, dans la lutte aux changements climatiques, ainsi que dans d'autres questions énergétiques, notamment sur la question du projet de pipeline Énergie Est.
L'urgence en Ontario se trouve sur le plan électrique: la province doit en effet entrer dès 2016 dans une période de réfection de 10 réacteurs nucléaires, totalisant près de 8500 MW, soit près du tiers de la capacité totale ontarienne. Ces réacteurs doivent être mis hors service de façon séquentielle, deux par deux, retirant environ 1700 MW à la capacité de production jusqu'en 2030. Les réfections vont non seulement coûter très cher, mais aussi rendre délicat l'équilibre entre l'offre et la demande en période de pointe.
À court terme, le Québec peut aider l'Ontario à assurer son approvisionnement électrique durant ces périodes de forte demande. Déjà, l'opérateur du système électrique ontarien a produit une étude sur des scénarios possibles. Mais alors qu'au Québec certains mettent en doute la pertinence de La Romaine, ne serait-il pas judicieux de penser à plus long terme et d'envisager la fermeture d'un ou deux réacteurs nucléaires en Ontario, en utilisant davantage des ressources québécoises?
Le gouvernement du Québec avait pris la courageuse décision de fermer Gentilly en raison des coûts de réfection. Ce sont d'ailleurs de tels coûts que les Ontariens devront payer pour leurs réfections nucléaires. Les implications financières du processus ontarien donnent ainsi une marge de manoeuvre au Québec pour qu'il négocie un contrat avantageux.
Climat et oléoduc
Un rapprochement encore plus grand pourrait survenir sur la question climatique. L'Ontario fait partie des provinces et États déjà impliqués dans la Western Climate Initiative (WCI), sans toutefois avoir adopté un marché du carbone comme le Québec et la Californie. Elle doit, et désire aussi, se doter d'une politique climatique conséquente.
De son côté, le Québec a grand besoin d'un autre partenaire canadien dans son expérimentation du marché du carbone, pour donner crédibilité et envergure à cet effort, mais surtout pour rassurer le monde des affaires québécois. L'Ontario pourrait ainsi annoncer son entrée rapide pour 2017 ou 2018 dans le marché du carbone Québec-Californie, et signer, en contrepartie, un contrat d'approvisionnement avec Hydro-Québec pour l'aider à gérer sa délicate situation nucléaire. Les deux provinces trouveraient ainsi chacune un élément de solution à un problème urgent, sans que ça soit au détriment de l'autre.
D'autres dossiers communs mériteraient un plus grand rapprochement. Le projet Énergie Est de TransCanada parcourrait une distance deux fois plus grande en Ontario qu'au Québec. Est-il pertinent que les deux provinces fassent des études indépendantes sur les risques de ce projet... en plus de l'étude de l'Office national de l'énergie? Une position commune les rendrait plus fortes face à TransCanada, d'autant plus que ce projet implique une diminution de la capacité de livraison de gaz naturel de l'Ouest canadien vers l'Ontario et le Québec.
En comprenant les gains mutuels à collaborer sur la question électrique, sur le marché du carbone et sur les enjeux de transport d'hydrocarbures, le Québec et l'Ontario démontreraient un leadership qui leur serait non seulement bénéfique directement, mais qui pourrait susciter un effet d'entraînement canadien, voir nord-américain. Les provinces maritimes pourraient facilement se joindre à un collectif de provinces cherchant à harmoniser leurs marchés de l'électricité, du carbone et des hydrocarbures.
L'isolationnisme actuel n'apporte aucun bénéfice à ces problèmes globaux, sur lesquels le gouvernement fédéral se montre actuellement incapable d'agir.

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Pierre-Olivier Pineau13 articles

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L’auteur est professeur agrégé à HEC Montréal

Il organise, le lundi 20 octobre prochain, le colloque l'Énergie et le développement durable ([http://blogues.hec.ca/gridd->http://blogues.hec.ca/gridd]).





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