Une main tendue

La nation québécoise vue par les fédéralistes québécois



Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a fait hier matin un virage à 180 degrés et annoncé que son parti votera en faveur de la motion présentée par le premier ministre Harper, motion reconnaissant que les Québécois "forment une nation au sein d'un Canada uni". M. Duceppe n'avait pas le choix.
Les leaders indépendantistes somment depuis des années le reste du Canada de reconnaître l'existence de la nation québécoise. Voici que M. Harper propose de faire exactement cela. Tous les partis sont d'accord, à Ottawa comme à Québec, sauf le Bloc et le PQ. Il aurait été intenable pour les élus souverainistes d'être les seuls à condamner une démarche qu'ils réclamaient jusque là à cor et à cri. Ce que M. Duceppe dénonçait mercredi comme le "grand blocage canadien" est devenu hier un "grand progrès pour le Québec".
La Chambre des communes adoptera donc, au début de la semaine prochaine, une motion reconnaissant la place de la nation québécoise au sein de la fédération canadienne. Les souverainistes diront qu'il s'agit d'une reconnaissance purement symbolique, qu'elle devra être inscrite dans la Constitution et se traduire par des changements concrets. Ils soutiendront aussi qu'ayant concédé l'existence de la nation québécoise, les politiciens fédéraux devront admettre que cette nation a droit à son État indépendant. Aucun de ces arguments n'est convaincant.
La motion proposée par le premier ministre canadien n'est en effet que symbolique. Mais dans la vie d'un pays, les symboles ont une portée considérable; ce ne sont certainement pas les souverainistes qui le nieront. Ce vote représente "un geste de réconciliation", comme l'a dit hier M. Harper, une main tendue, celle que bien des Québécois attendaient.
Les indépendantistes, comme chaque fois que le Québec progresse dans la fédération canadienne, n'ont pas perdu une seconde pour monter la barre, dans l'espoir de provoquer de nouvelles crises susceptibles de favoriser leur cause. Ce fut autrefois l'exploitation des Canadiens français et l'insécurité linguistique. Ces problèmes réglés, on est passé à l'endettement du gouvernement fédéral. Ottawa sorti du trou, ce fut l'immigration, la formation de la main-d'oeuvre, les congés parentaux, l'UNESCO... Toutes ces "impasses" résolues, les souverainistes ont exigé la reconnaissance de la nation québécoise, convaincus que cela n'arriverait jamais. La Chambre des communes acquiescera la semaine prochaine! Reste le déséquilibre fiscal. Lorsque cette question-là aussi sera réglée, le Bloc et le PQ trouveront encore autre chose.
C'est pourquoi les Québécois ne doivent pas laisser les souverainistes établir le standard de la réussite du fédéralisme canadien. En cette matière, leur crédibilité est nulle car quelque gain que fasse le Québec, cela ne leur suffira jamais.
Faut-il enchâsser la reconnaissance de la nation québécoise dans la Constitution? Un jour, bien sûr. Mais laissons le temps faire son oeuvre, montrer que, contrairement aux craintes légitimes exprimées dans le reste du pays, la reconnaissance explicite de la spécificité québécoise n'affaiblit pas mais renforce l'unité du Canada. Ainsi, lorsque le jour viendra d'amender la Constitution en ce sens, le changement sera appuyé par une forte majorité de Canadiens.

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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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