Une perte

Félix, impossible d'oublier ton nom ni le bouleau, encore moins le jour où tu es parti...

17. Actualité archives 2007


[->archives/chansons/index.html] Félix Leclerc. (Photo: archives, La Presse)


Lise Ouellette - J'ai appris, il y a 19 ans, avec regret, mais aussi une grande tristesse, le départ de notre poète de l'île d'Orléans, Félix Leclerc, le huitième jour du huitième mois de l'année 1988, pour le lointain château aux longs rideaux, comme il le disait dans une de ses chansons.



Tous les artistes, tous les artisans et tous les citoyens de la francophonie sont en deuil encore aujourd'hui. Moi, simple fan, le suis depuis ce temps, comme Francis, MacPherson, La fille de l'île, Petit Pierre, etc.
Pas surprenant qu'on lise encore dans son Calepin d'un flâneur que désormais, ici, "c'est un pays muet, aux villes tristes, où le monde claque des dents de froid et de peur et fait semblant d'être heureux". Quelques jours auparavant, avait-il enfilé ses souliers de voyage ou pris le temps de graver son nom sur le bouleau où l'attendait jadis sa belle?
Félix, impossible d'oublier ton nom ni le bouleau, encore moins le jour où tu es parti...
Le train du nord est passé et tu l'as pris. Pourquoi n'as-tu pas attendu Ti-gars et récupéré Le p'tit bonheur pleurant encore près du fossé? Plusieurs essaient de marcher dans tes pas, mais ceux-ci se sont agrandis en flaques d'eau.
Là où tu es, danses-tu la gigue ou la valse à Joseph? Et les jours de pluie, quelqu'un aurait-il omis de te donner "d'un coup vingt-deux ans de sa vie... son parapluie"?
Imites-tu les crapauds de l'Hymne au printemps, chantes-tu enfin la liberté? Tu nous as quittés comme un vieux polisson. Tiens, il me semble t'entendre répliquer avec gravité et humour: "Je fus pan de nuage, la voile bleue au large, qu'on ne peut mettre en cage, qu'on harponne en riant...".
J'ose croire que tu es un roi heureux et qui viendra demain. Je te garde bien vivant dans ma mémoire, jusqu'à ce que j'aie traversé mes deux montagnes. Serait-ce un dimanche? J'y déposerai alors "mon collier pour... guérir grande blessure de sous l'armure...".
Mon "tour de l'Île" sera fini. En attendant, je me console avec "cette chose sotte qu'on appelle le rêve, qui vous desserre les poings et vous arrache le coeur". Je chanterai avec d'autres troubadours, en "fa, ce matin-là, dans le château aux longs rideaux... rendez-vous dans mille ans... où la mer et la vie et l'amour sont unis".


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