Alors que les recherches du vol MH370 disparu en mars 2014 ont été abandonnées faute de résultats, des journalistes français soupçonnent que l'avion puisse être tombé plus à l'ouest, non loin de la base militaire américaine de Diego Garcia. Et s'il s'agissait de quelque chose de plus grave qu'un simple crash?
Après des millions de dollars dépensés, les recherches du vol MH370 de la compagnie Malaysia Airlines ont touché à leur fin. L'Australie, la Malaisie et la Chine viennent d'annoncer la fin des opérations de recherche qui se sont avérées peu fructueuses jusqu'ici.
« Aujourd'hui, le dernier navire de recherche a quitté l'espace sous-marin. Le vol MH370 de la Malaysia Airlines n'a pas été localisé dans la zone de 120 000 kilomètres carrés dans le sud de l'océan Indien », a indiqué le 17 janvier dans un communiqué le Centre de coordination australien. « Malgré tous nos efforts et malgré l'utilisation des meilleures technologies disponibles, du modelage et des conseils des plus grands spécialistes en la matière, les recherches n'ont malheureusement pas permis de localiser l'avion. »
Ne voulant pas se contenter de cette réponse, ou plutôt de l'absence de réponses, la chaîne France 2 a réalisé sa propre enquête sur les zones d'ombres autour du vol MH370 et avance sa propre théorie sur la disparition de l'appareil.
La base de Diego Garcia impliquée ?
La chaîne commence par une précision : il ne s'agit pas d'un crash, il s'agit d'une disparition. Selon sa version, le vol MH370 ne serait pas tombé là où les recherches se sont concentrées, mais beaucoup plus à l'ouest. C'est-à-dire juste dans la zone où se trouve la base militaire américaine de Diego Garcia, au sud des Maldives. D'ailleurs, à en juger par les témoignages des locaux, des habitants auraient aperçu l'avion le jour de la catastrophe.
En décembre 2014, Marc Dugain, ex-patron de compagnie aérienne, pilote et romancier, a suggéré dans une longue enquête publiée par le magazine Paris Match, que l'armée américaine aurait en fait abattu l'avion.
Que s'est-il donc passé ce jour fatidique ? Un problème technique ou un détournement aurait forcé l'avion à voler à proximité de Diego Garcia, une île minuscule dans l'océan Indien. Cette île abrite la base américaine du même nom, ce qui pose question. L'avion aurait-il pu être considéré comme une menace et par conséquent être abattu par un missile sol-air?
« Au fond de moi-même, je ne peux pas penser que cet avion a disparu et qu'on ne sait pas où il est. Je ne peux pas le croire. J'ai peut-être tort », a affirmé M. Dugain. « Moi je suis persuadé que les gouvernements occidentaux ne disent pas la vérité ou en tout cas se murent dans un silence coupable vis-à-vis des familles pour des raisons politiques, pour des raisons de stratégie internationale. »
Son enquête a pris pour base des renseignements français et britanniques, mais ses efforts n'ont pas été appréciés à leur juste mesure.
« Mes contacts m'ont dit : faites très attention, là c'est très grave et très dangereux. Et j'ai reçu à plusieurs reprises des conseils de personnes du renseignement me disant : "méfie-toi, il pourrait t'arriver des problèmes, si tu pars aux États-Unis, on pourrait voir des images pédophiles sur ton portable par exemple, on pourrait trouver de la cocaïne dans ta chambre", sachant que je ne pratique ni l'un, ni l'autre », a-t-il raconté, évoquant les menaces qu'il recevait à l'époque. « Ça arrive quand des gens font des enquêtes comme ça, qui gênent un peu. »
Les témoignages des locaux
Bien que M. Dugain n'ait pas de preuves d'une frappe américaine contre l'avion disparu, il s'est employé à recueillir des témoignages des habitants des Maldives, à une heure de vol de Diego Garcia :
« Des villageois de cette île sans touristes ont vu passer dans le ciel un avion de grande taille, comme ils n'en avaient jamais vu auparavant. »
Mais s'agissait-il du MH370 ? L'Américain Blaine Gibson, chasseur de débris, en est de plus en plus convaincu. Pour l'appuyer, M. Gibson s'est rendu sur l'île afin de faire la lumière sur ce que les villageois ont vu ou non dans le ciel.
Le jour de la catastrophe, le 8 mars 2014, Ahmed Shuyamm, un habitant du village environnant de Kudahuvadhoo, a vu vers 6h30 du matin un avion de grandes dimensions survoler l'île à une basse altitude : « Je l'ai vu au-dessus de moi et puis il est parti vers le sud », a-t-il partagé.
Ahmed a entendu l'avion avant de le voir. Ensuite, l'appareil a volé puis disparu à l'horizon, explique-t-il. Selon lui, l'avion volait de façon tout à fait normale.
Le villageois est même allé au poste de police pour raconter ce qu'il avait vu, mais la police ne l'a pas cru — comme elle n'a pas cru, d'ailleurs, une vingtaine d'autres témoins.
« Il était rouge et bleu. Je l'ai bien vu. Avec de très fines rayures », a indiqué un autre habitant du nom d'Humaan Dhonmanik.
« En-dessous il était gris clair. Et il avait deux réacteurs », a précisé la villageoise Zubaidhaa Husain.
Les témoignages semblent assez convaincants. Et puis, à quoi bon mentiraient-ils, les habitants ?
Les autorités, pour leur part, sont plutôt embarrassées. Selon un responsable du ministère maldivien des Transports, « les gens disent beaucoup de choses mais rien n'est vérifié ». Sans plus de précision. Un responsable de l'aéroport de Malé, principal aéroport des Maldives, qui a souhaité garder l'anonymat, a pourtant reconnu que les témoignages des habitants du village de Kudahuvadhoo étaient « crédibles ».
Témoignages VS données satellite
Mais pourquoi les enquêteurs ne se sont-ils jamais déplacés pour vérifier ou réfuter la version une fois pour toutes ?
« Ils auraient dû venir et interroger les gens ! », s'interroge Blaine Gibson, indigné. « J'ai parlé avec un enquêteur malaisien qui voulait venir. C'était deux mois après la disparition de l'avion, au début de l'enquête. Son voyage n'a pas été approuvé pour une raison : ces témoignages contredisaient les données satellite Inmarsat qui elles disaient que l'avion se trouvait au moins à 1 500 km au large de l'Australie, là où ils cherchent depuis près de deux ans sur la base de ces données, et où ils n'ont rien trouvé. »
Et puis, à consulter les horaires officiels des vols du 8 mars 2014, il se trouve que seuls deux avions auraient pu passer près de Kudahuvadhoo, mais pas entre 6h et 6h30 du matin (l'heure indiquée par les locaux). Du coup, l'avion aperçu au-dessus des Maldives le 8 mars 2014 pourrait bien être le MH370.
Alors que les indications des villageois et du satellite diffèrent, ce qui est certain c'est que l'avion n'a pas pu survoler les Maldives à 6h00 et être au sud de l'océan Indien à 8h00 (deux endroits séparés par plus de 5 000 kilomètres), ce qu'affirme pourtant le rapport officiel.
Où chercher les débris ?
En outre, si des débris présumés de l'appareil ont été retrouvés au large des côtes africaines, la thèse d'un passage de l'avion au-dessus des Maldives pourrait bien gagner en crédibilité, et faire prendre un nouveau tournant à l'affaire. En témoigne le flaperon découvert en juillet 2015 par un passant , ceci, alors que les recherches se déroulaient de l'autre côté de l'océan Indien.
France 2 a également pu se procurer un rapport compilé par une équipe de biologistes, experts des courants marins et ingénieurs de l'armée qui ont cherché des traces d'explosif et examiné la façon dont la pièce s'était rompue. Ils ont d'ailleurs essayé de localiser le lieu du crash à partir duquel le flaperon aurait commencé à dériver en testant sa flottabilité dans une piscine d'eau de mer et en étudiant les courants dans l'océan Indien. Les conclusions du rapport sont plutôt décevantes et surtout très imprécises.
Le flaperon appartient bien au vol MH370 et l'identification formelle de l'épave la place dans l'océan Indien. Le hic, c'est l'immensité de l'océan. Or, l'une des annexes ayant fuité sur le Web révèle les résultats d'une étude réalisée par Météo France: les experts ont cherché à reconstituer en sens inverse le parcours du flaperon, ceci, dans une tentative de vérifier deux hypothèses : si l'épave a été poussée par le vent ou alors portée par les courants immergés (comme le laissent conclure les coquillages accrochés à sa surface et disséquées par les experts).
« J'ai examiné les deux hypothèses qui donnent des dérives très différentes. Il y a des probabilités plus ou moins fortes. Après, il viendrait plutôt de plus au nord », a résumé l'un des experts de Météo France.
Pourtant, l'une des hypothèses semble plus probable que les autres : « Le lieu ou pouvait se trouver le flaperon le 8 mars 2014 se situe beaucoup plus au nord sur de vastes zones océaniques allant de l'est de Diego Garcia à l'ouest, nord-ouest de l'Australie. La probabilité associée est au minimum de 70 %. »
Les débris n'auraient donc pas été recherchés dans les bonnes zones. En outre, beaucoup de morceaux de la prétendue épave ont été trouvés, toutes à l'ouest de l'océan Indien : Afrique du Sud, Tanzanie, Mozambique, île Maurice et à Madagascar. Ses nouvelles données pourraient réorienter les recherches. C'est sans compter sur le fait qu'elles viennent d'être abandonnées.
La base militaire sur l'île de Diego Garcia est l'une des installations américaines les plus importantes du point stratégique pour les États-Unis. Située au cœur de l'océan Indien et atteignable uniquement par des transports militaires, cette base peu connue a été engagée dans les opérations militaires depuis l'époque de la Guerre froide jusque celle de la lutte antiterroriste d'aujourd'hui. Selon certaines sources, l'île pourrait également abriter une prison top-secret de la CIA où les suspects terroristes sont placés, interrogés et torturés.
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