Anglophones et allophones ne partagent pas notre cadre de références culturelles
10 janvier 2012
À GV,
Effectivement, du point de vue pancanadien - et encore plus du point de vue continental - c'est notre nation québécoise (le Québec français) qui constitue une enclave, sans cesse réduite depuis le traité d'Utrecht (1713) - si on considère l'apogée de l'époque de la Nouvelle-France. Depuis que les francophones hors-Québec ont été assimilés ou réduits à l'impuissance, nous sommes effectivement assiégés dans une enclave que le conquérant britannique appelle depuis 1867 la "Province of Quebec".
Cependant, comme l'article de monsieur Labrie fait implicitement référence au territoire québécois et que la connotation que je donnais au mot "enclave" relevait d'une logique d'occupation (militaire), j'aurais plutôt dû parler de "tête de pont" canadian pour désigner l'espace où se concentre la grande majorité des anglophones du Québec. Tout dépend de la perspective qu'on utilise pour désigner l'occupant et l'assiégé.
En fait, ce que vous énoncez s'avère la triste et déplorable réalité: notre "bastion" ou notre "village gaulois" se rétrécit toujours de plus en plus, à mesure que les ghettos ethniques anglicisés (car il ne s'agit à peu près pas de vrais anglophones de souche) s'étendent, non seulement sur l'île de Montréal, mais également sur l'île Jésus (Laval) ainsi que dans les couronnes nord et sud de la région métropolitaine de Montréal. Une étude parue l'an dernier dans L'Action nationale démontre que la progression de l'anglais par rapport au français est encore plus rapide autour de Montréal que sur l'île même.
Le Québec français pourrait effectivement être comparé au Titanic en train de couler. La proue (Montréal) entraîne inéluctablement le reste du bâtiment vers le fond. Étant donné que l'analogie de la situation du Québec français avec le naufrage du célèbre paquebot est universellement reconnue (du moins par les indépendantistes), je trace le parallèle suivant:
- 1763 (traité de Paris où la France renonce à ses territoires d'Amérique): le Titanic heurte l'iceberg;
- 1774 (Acte de Québec): les portes "étanches" sont fermées, mais les cinq premiers compartiments de l'avant sont déjà noyés. L'équipage dit aux passagers de première classe que tout est sous contrôle;
- 1791 (Acte constitutionnel): l'équipage reconnait qu'il faudra évacuer le bateau mais assure qu'il y a assez de canots de sauvetage pour sauver tout le monde;
- 1837-1838 (Rébellions des Patriotes): l'équipage tente d'empêcher les passagers des niveaux inférieurs de gagner le pont du navire;
- 1840 (Acte d'Union): l'eau déborde du cinquième compartiment pour se déverser dans le compartiment suivant;
- 1867 (Province de Québec): l'ingénieur Thomas Andrews reconnaît qu'il est impossible d'empêcher le naufrage, mais le propriétaire de la White Star, Bruce Ismay, avise les passagers de première classe que les secours arrivent et qu'il n'y a pas lieu de paniquer;
- 1895 (pendaison de Louis Riel): l'eau est visible au bas des escaliers, à partir de la verrière du pont de première classe;
- 1917 (émeute de Québec): des marins abattent des passagers cherchant à forcer les grillages des escaliers;
- 1942 (conscription): l'équipage neutralise une nouvelle mutinerie;
- 1976 (1ère élection du PQ): les passagers envahissent le pont supérieur du Titanic;
- 1980 (1er référendum): l'équipage assure que les femmes et les enfants seront sauvés d'abord, suivis des hommes et des membres de l'équipage;
- 1982 (rapatriement unilatéral de la constitution): le chaos s'installe, c'est le chacun pour soi et au plus fort la poche. Des canots descendent à moitié vides, souvent avec des hommes de la première classe;
- 1985 (perte du pouvoir du PQ): l'équipage bloque l'accès au pont des embarcations;
- 1994 (reprise du pouvoir par le PQ): les passagers des niveaux inférieurs parviennent au pont des embarcations;
- 1995 (2e référendum): le Titanic se casse en deux.
Je préfère ne pas analyser la suite... Il faut rester optimistes! Chose certaine, il reste, parmi les survivants accrochés à la poupe verticale, des membres de l'équipage, mais ils ne convainquent plus personne et ils ne pensent qu'à sauver leur peau. Le dernier espoir des passagers encore vivants (ceux qui ont déjà sauté du "PQ-tanic" et ceux qui s'agrippent encore à la dernière partie encore à flot du navire) est de joindre les canots de sauvetage dérivant au loin ayant encore de la place. En espérant survivre le plus longtemps possible dans l'eau glaciale de l'océan gescaïen!
Il faut nous souhaiter que Jean-Martin Aussant sera la "Molly" Brown de l'histoire! Car je ne suis pas sûr de quel côté François Legault et ses sinistres acolytes demanderont à leurs naufragé(e)s de ramer... Quant à Jean Charest... Poser la question, c'est y répondre.
Je vous laisse deviner qui personnifie le sombre et retord Bruce Ismay! En espérant qu'il finisse comme lui!
Monsieur Potvin, je veux bien remplacer le concept de "nationalisme ethnique" pour "nationalisme culturel" si la langue commune (français) fait partie intrinsèque du terme "culture". C'est certain que le concept de "nationalité" se situe quelque part entre les nationalismes civique, ethnique et culturel, car on peut très bien avoir des Québécois(e)s d'autres origines que canadienne-française qui ont choisi de vivre dans notre communauté en adoptant le français que des canadien)ne)s-françai(e)s du Canada ou d'ailleurs qui choisissent de revenir ou de s'établir au Québec. À l'opposé, les unilingues anglophones, les immigrant(e)s refusant d'apprendre le français et les Canadien(ne)s-français(e)s se considérant essentiellement canadien(ne)s ou concevant le Québec comme une entité subordonnée au Canada ne devraient pas être considéré(e)s comme faisant partie de la "nation québécoise".
Il faut arrêter d'avoir peur d'appeler les choses par leur nom et que nous cessons de prêter l'oreille aux "bien-pensants" qui font le jeu des WASP du Canada et du West Island en nous faisant hypocritement porter le chapeau de la xénophobie. Les immigrant(e)s ne nous prendront au sérieux que le jour où nous commencerons à nous respecter nous-mêmes comme peuple et nation.