Une Pauline Marois première ministre pourra déclencher un référendum «au moment jugé approprié par le gouvernement».
La Presse Canadienne
Jean-Marc Salvet Le Soleil (Québec) Ottawa «fera la démonstration» que le système fédéral est irréformable s'il refuse les revendications formulées par un futur gouvernement du Parti québécois, affirme Pauline Marois. Elle croit que ces refus répétés démontreront la nécessité de réaliser la souveraineté du Québec.
Les délégués du 16e congrès du PQ n'ont pas seulement plébiscité leur chef en lui offrant un vote de confiance de 93 %. À peu de choses près, ils ont entériné l'ensemble de sa stratégie de «gouvernance souverainiste».
Une Pauline Marois première ministre pourra ainsi déclencher un référendum «au moment jugé approprié par le gouvernement». Son parti l'a officiellement libérée de tout carcan en fin de semaine. Elle aura carte blanche.
D'ici à ce qu'il se rende jusqu'à l'organisation d'une troisième consultation sur l'indépendance - s'il va jusque-là -, un gouvernement péquiste tentera d'arracher toujours plus de pouvoirs au détriment d'Ottawa. Le rapatriement d'espaces fiscaux, de budgets et de prérogatives dans des domaines comme la langue, l'environnement, la culture, le développement économique et l'immigration seront dans sa mire.
«Si Ottawa nous fait obstacle, les Québécois jugeront», a assuré Mme Marois dans son discours de clôture. Un avertissement qu'elle a rebrandi en parlant de la Charte de la laïcité. «Si le Canada veut nous mettre des bâtons dans les roues avec des reliques coloniales, et son arbitrage judiciaire, les Québécois jugeront.»
La chef aura les coudées franches, reconnaissait-on dans les coulisses du congrès. Le parti l'a affranchie de tout calendrier, de tout échéancier et de toute «stratégie ouverte».
Le vote de confiance de samedi calmera «les belles-mères», a lâché, ravi, un militant de Charlevoix. Ce dernier n'a plus envie d'entendre les leçons des Bernard Landry et Jacques Parizeau. Un apparatchik a dit espérer que l'ancien péquiste François Legault prenne note du résultat.
Comme pour couronner ce «week-end Marois», Raymond Archambault, qui avait sa faveur, a été élu à la présidence du conseil exécutif national.
En fin de semaine, les délégués ont décidé que sous un gouvernement du Parti québécois, le don maximal à une formation politique sera de 100 $ et non pas de 500 $, comme le proposait l'exécutif national. Une victoire de groupe pour les Bernard Drainville, Nicolas Girard et Nicolas Marceau. «Le fil qui relie tous les scandales des dernières années, c'est l'argent, a plaidé le député Drainville. Finissons le travail de René Lévesque.» Le financement des formations politiques proviendrait alors surtout des fonds publics.
Le plafond des contributions individuelles était fixé à 3000 $ depuis 1977. Sous la pression générale, le gouvernement Charest l'a abaissé à 1000 $ en début d'année.
Prix de consolation
La proposition de Lisette Lapointe prévoyant que des fonds publics seront utilisés pour parachever les études sur la souveraineté et en assurer la diffusion a été adoptée par une très large majorité des délégués réunis en plénière, hier. Bien qu'elle ait produit un réel ramdam médiatique, elle ne contredit toutefois en rien la position de l'exécutif, a fait valoir Mme Marois. Elle constitue en fait un prix de consolation pour les militants de Crémazie, chuchotait-on dans les couloirs du Palais des congrès. Leur résolution phare, celle portant sur la création d'une commission permanente de préparation à la souveraineté, a été écrasée en atelier, samedi.
Le Parti québécois a officiellement confirmé qu'il évaluera la possibilité de limiter «à trois mandats consécutifs ou à 12 ans la période pendant laquelle une personne peut agir à titre de maire d'une municipalité de plus de 5000 habitants». Les premiers ministres, eux, ne pourraient exercer leurs fonctions pendant plus de deux mandats. Les militants ont aussi voté en faveur de la nationalisation du secteur éolien.
Avec son nouveau programme en main, le Parti québécois s'estime désormais en ordre de marche électorale.
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