Demandez à Justin Trudeau si le Canada va modifier sa trajectoire en réaction à l’arrivée de Donald Trump, il répondra un non ferme. Le Canada est un pays souverain qui ne se laissera guider sa conduite par personne.
Le président mexicain Peña Nieto fournirait la même réponse à la même question. Mais malgré leur expression d’indépendance dans l’action, ils doivent s’adapter au phénomène Trump. Plusieurs des priorités exprimées par le nouveau président élu des États-Unis auront un impact direct sur ses voisins.
Ce qui s’est passé au cours des derniers jours soulève quand même certaines questions. Le premier ministre canadien a brutalement congédié son ministre des Affaires étrangères pour le remplacer par madame Freeland, qui a déjà vécu aux États-Unis. Il l’a fait avec la vitesse de l’éclair même si le titulaire du poste fut un ancien chef du Parti libéral.
Du même coup, monsieur Trudeau a démantelé le ministère du Commerce international, en extrayant le volet américain pour en donner aussi la responsabilité à Chrystia Freeland. Le but semblait être de donner vraiment les coudées à cette ministre dans les négociations à venir. Totalement en réaction à l’arrivée de Donald Trump.
Au Mexique
À peine quelques jours avant, le président mexicain avait fait exactement la même chose: un remplacement au poste de ministre des Affaires étrangères. Dans le cas du Mexique, le scénario frappe encore bien plus l’imaginaire.
Le nouveau ministre Luis Videgaray est connu comme une très bonne connaissance de Donald Trump. C’est lui qui avait organisé la visite au Mexique de Trump en septembre dernier afin de donner un peu de crédibilité à son idée de mur. Ce passage de Trump fut si mauvais du point de vue mexicain, que Videgaray avait été forcé de quitter son poste de ministre des Finances pour avoir organisé un événement aussi honteux.
Or, voici qu’avec l’élection de Donald Trump, il redevient soudainement précieux pour le gouvernement et se retrouve à la tête de la diplomatie mexicaine. Gros comme un nez au milieu de la face, ce sont ses relations privilégiées avec Trump qui lui ont valu cette soudaine promotion.
Pirouettes
En résumé, les deux pays voisins des États-Unis et partenaires dans l’ALENA ont fait un triple salto arrière pour s’ajuster au nouveau venu à Washington. De façon presque caricaturale, les chefs de gouvernement ont posé leurs gestes dans les jours précédant l’assermentation du milliardaire à la Maison-Blanche.
S’adapter aux réalités changeantes fait partie du quotidien de la vie politique. Mais à ce point-là, on donne franchement l’impression d’être à genoux devant Donald Trump.
L’image qui se dégage de cette semaine, c’est que les voisins de Trump sont carrément terrorisés par sa venue. Je ne suis pas certain que ce soit un si bon message pour le nouveau président. Les chiens ont tendance à sauter sur les gens qui ont peur.
Je ne crois pas que Donald Trump soit étouffé par l’humilité d’avance. Mais à voir agir ses voisins, il va nécessairement finir par se sentir tout-puissant.
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