À très bientôt, Pierre Karl

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Le phénix renaît de ses cendres

Moi aussi, j'ai pleuré en regardant Pierre Karl Péladeau annoncer qu'il se retirait de ses responsabilités publiques au sein du Parti québécois.
Les gens qui me connaissent savent que je suis un grand sensible et que je pleure facilement en regardant un film émouvant, ou en revoyant le discours de René Lévesque lors du premier référendum, celui de Parizeau lors du deuxième, le général de Gaulle lancer «Vive le Québec libre!» ou Bourgault quand il dit qu'il ne veut pas être une province distincte mais un pays comme les autres, ou Michelle Lalonde qui lit le poème Speak White, ou Claude Gauthier chantant Le plus beau voyage.
On a vu en direct un homme qu'on dit puissant, autoritaire, entêté, craquer littéralement en disant qu'il doit choisir entre s'occuper de ses enfants et continuer à diriger le seul parti indépendantiste capable de faire du Québec un vrai pays, et que son choix ne fait aucun doute, c'est «les enfants d'abord» dont il ne veut pas perdre la garde partagée et dont il veut s'occuper «en bon père de famille» pour reprendre la formulation légale habituelle. Un véritable dilemme cornélien, qui fait des gagnants et des perdants.
On a tous vécu de telles situations ou, du moins, nous connaissons quelqu'un dans notre entourage qui a vécu un tel drame, puisqu'on dit que plus d'un mariage sur deux se termine par un divorce. Ça fait beaucoup de monde. Et le problème de la garde des enfants est souvent au centre des chicanes entre les deux parents, même en présence d'un médiateur ou d'une médiatrice. C'est tout à l'honneur de Pierre Karl de vouloir s'occuper de ses enfants autant que leur mère. On a tellement dit, par le passé, que les hommes ne s'impliquaient pas assez dans l'éducation de leurs enfants lors d'un divorce, personne ne pourrait le blâmer de tout faire pour être près d'eux, même au prix de chambouler la vie d'un parti politique. Le PQ s'en remettra et il va le prouver dans les semaines qui suivent, en autant qu'on n'assiste pas à un bal des égo.
Quant à l'ex-chef du PQ, il va très certainement renaître tel un phénix. Pierre Karl est un bagarreur, on l'a traîné dans la boue et cela bien avant qu'il ait décidé de se lancer en politique, il y a deux ans. Quand on joue dans la cour des grands comme il l'a fait, en se colletaillant aux gros joueurs de l'industrie des communications, aux Bell-BCE, Rogers, Telus, etc., il faut apprendre à encaisser les coups et avoir la couenne dure, car il ne faut jamais oublier qu'on vient du Québec et qu'il faudra affronter, en plus de la guerre des chiffres et des bilans financiers, les sarcasmes, les quolibets et le mépris qui vient avec notre condition de Québécois francophones minoritaires dans un Canada bâti pour les Anglais, ce qu'on appelle, dans le langage des enfants, justement, l'intimidation.
Mais la pire intimidation est celle qui vient de notre propre cour québécoise, celle qui émane des adversaires politiques près de nous et des faux amis. Cette intimidation est plus sournoise, plus difficile à encaisser. En politique, la compassion est un vain mot, sauf quand elle rapporte en images pieuses et sirupeuses. Et elles ont abondé, les injures de toutes sortes, pour qualifier le départ de PKP ou son désir de conserver la propriété de Québecor, l'héritage de son père. L'acharnement des médias, avant et après, est une pièce d'anthologie. Mais à quoi bon s'attarder sur tant de mesquinerie.
Je dis donc «au revoir, Pierre Karl», car je sais qu'il reviendra sous d'autres habits, pour continuer le combat de la souveraineté jusqu'à faire du Québec un pays. C'est alors qu'il sera le plus à craindre, car il aura les coudées franches pour abattre les bonnes cartes.


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