La nouvelle coalition PLC-NPD - soutenue par le Bloc québécois - est unique en son genre dans les annales de l'histoire canadienne. Photo: PC
Gilles Toupin (Ottawa) Les partis de l'opposition ont signé la mort imminente du gouvernement Harper en paraphant un accord tripartite sur un programme politique commun principalement axé sur l'économie et sur les moyens de passer à travers la crise financière internationale.
La nouvelle coalition PLC-NPD - soutenue par le Bloc québécois - est unique en son genre dans les annales de l'histoire canadienne. Dans un premier temps, elle est déterminée à défaire le gouvernement conservateur de Stephen Harper lundi prochain le 8 décembre lors d'un vote de défiance déjà inscrit au feuilleton de la Chambre.
À consulter :
> Le texte de l'accord de coopération
> Le texte de l'accord économique
«Nous traversons une crise économique sans précédent», a dit Stéphane Dion, soulignant que tous les gouvernements du monde réagissaient à cette crise en mettant de l'avant des mesures de stimulation de l'économie.
«C'est ce qu'on voit partout, sauf au Canada», a-t-il ajouté en insistant sur le fait que le gouvernement Harper n'avait pas de plan pour faire face efficacement à la crise et qu'il avait préféré attaquer les droits fondamentaux des Canadiens.
«Les partis d'opposition ont décidé que le temps d'agir était arrivé», a dit le chef libéral.
M. Dion a annoncé que lui et ses nouveaux partenaires étaient prêts à former un nouveau gouvernement composé d'un petit cabinet de 24 ministres dont 6 issus du NPD.
«Ce gouvernement durera jusqu'au 30 juin 2011, a dit M. Dion. Le Bloc a accepté d'appuyer le gouvernement jusqu'en juin 2010. Il pourra par la suite renouveler son appui.»
Le PLC, le NPD et le BQ totalisent 163 sièges aux Communes contre 143 pour les conservateurs.
En conférence de presse, le nouveau chef de cette alliance et prochain premier ministre du Canada, Stéphane Dion, a affirmé qu'il avait informé la gouverneure générale, Michaëlle Jean, qu'il a suffisamment d'appuis au Parlement pour former le prochain gouvernement. Il lui a demandé d'exercer son pouvoir constitutionnel et de demander à la coalition de former ce prochain gouvernement.
L'accord signé entre les trois partis a donc une durée de 18 mois.
Le chef néo-démocrate, Jack Layton, a dit pour sa part qu'il fallait agir maintenant face à la crise économique. «Nous n'avons pas fait ce choix à la légère, a dit M. Layton. Nous avons tenu compte de la situation, qui est très grave.»
«Nous formerons un gouvernement responsable», a encore dit M. Layton qui a qualifié l'accord de coalition de «juste et équilibré».
«Cela fera une différence pour des millions de Canadiens», a-t-il ajouté.
M. Layton s'est par la suite adressé au premier ministre Harper en lui demandant d'accepter «gracieusement» la nouvelle coalition sans tenter de perturber davantage le Parlement.
À consulter :
> La lettre de Stéphane Dion adressée à la Gouverneure générale
> La lettre de Jack Layton adressée à la Gouverneure générale
Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a rappelé que l'énoncé économique de Stephen Harper de la semaine dernière avait misé sur l'idéologie et non sur la crise économique et que rien chez les conservateurs ne pouvait aujourd'hui réparer ce gâchis.
M. Duceppe s'est félicité du soutien prévu dans l'accord aux secteurs manufacturiers et forestiers. Il s'est félicité du rétablissement de l'aide au développement régional prévu dans le plan de la coalition, de la création d'un programme de soutien aux travailleurs âgés, de l'abolition du délai de carence de l'assurance-emploi et de la réduction de cibles absolue de réduction de gaz à effet de serre avec pour cible l'année 1990.
«Si nous n'avons pas accepté de soutenir la coalition au-delà (du 30 juin 2010), a précisé M. Duceppe, c'est que nous n'avons pu nous entendre sur des mécanismes de reconnaissance de la nation québécoise.»
Les trois candidats libéraux à la succession de M. Dion, Dominic LeBlanc, Michael Ignatieff et Bob Rae, ont d'ailleurs déclaré aux journalistes en début d'après-midi qu'ils étaient entièrement d'accord avec le projet de gouvernement élaboré en collaboration avec le Nouveau Parti démocratique. Les trois hommes estiment que cela permettra au Parti libéral de mener à bien sa course au leadership.
M. Rae a nié par la suite qu'il s'était opposé, lors de la réunion du caucus libéral de ce lundi midi, à la nomination de son adversaire Michael Ignatieff à la tête du PLC et de la nouvelle coalition. «La réalité, a-t-il dit, est que nous avons une course au leadership. Nous avons un chef, Stéphane Dion, qui deviendra le prochain premier ministre si la gouverneure générale accepte le projet de coalition.»
Bob Rae a ajouté que les choses se passent ainsi parce qu'il n'est pas question pour le Parti libéral d'agir dans l'illégalité en tentant de précipiter le départ de M. Dion, prévu pour mai prochain, et en le remplaçant par quelqu'un qui n'aurait été choisi selon les règles de l'art. M. Rae a ajouté que les libéraux étaient «unanimes» quant au choix de M. Dion pour diriger le prochain gouvernement.
Chez les conservateurs, en particulier au cabinet du premier ministre, l'atmosphère est à la résignation même si certains conservateurs aux Communes ont eu un sursaut d'orgueil en accusant les libéraux et les néo-démocrates d'avoir signé «un pacte avec le diable», soit avec «les séparatistes». À moins d'une prorogation peu probable de la Chambre des communes, le gouvernement n'a cependant aucun moyen à sa disposition pour éviter l'humiliation de la défaite et le retour sur les banquettes de l'opposition.
Le leader adjoint du Nouveau Parti démocratique, Thomas Mulcair, a souligné que l'accord qui vient d'être signé était «la meilleure indication que les trois formations politiques sont prêtes à mettre de côté les divisions entre elles et dans certains cas les divisions internes pour agir sur l'économie dans le meilleur intérêt de l'ensemble des canadiens».
Le programme de la coalition destiné à stimuler l'économie canadienne et à permettre au pays de passer au travers de la crise financière mondiale sans trop d'égratignures représentera, selon des sources au sein de la nouvelle coalition, des investissements de l'ordre de 1,5% du produit intérieur brut, soit quelque 30 milliards de dollars. Selon les économistes, cette somme est suffisante pour affronter la tempête actuelle et pour relancer l'économie canadienne.
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