Malorie Beauchemin et Joël-Denis Bellavance - (Ottawa) Michael Ignatieff met fin au suspense. Le chef du Parti libéral appuiera le budget conservateur, à certaines conditions, toutefois. Il proposera un amendement afin de rendre le gouvernement davantage imputable, mais estime qu'il serait «irresponsable» de relancer le Canada en élections.
Les libéraux souhaitent imposer au gouvernement conservateur de rendre public, trois fois par année, un bilan des progrès réalisés.
«Nous allons mettre ce gouvernement en probation. Nous avons rien trouvé sur l'imputabilité dans ce budget», a dit M. Ignatieff.
Chacun de ses rapports pourrait représenter un vote de confiance, où la survie du gouvernement serait en jeu, a laissé entendre le chef libéral.
Immédiatement après la conférence de presse de Michael Ignatieff, le chef du NPD, Jack Layton, et le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, ont réagi avec colère, dénonçant la décision de M. Ignatieff de maintenir les conservateurs de Stephen Harper au pouvoir en appuyant le budget. Ce geste des libéraux constitue la mort de la coalition, ont affirmé tour à tout M. Layton et M. Duceppe.
Plutôt que de révéler ses intentions le jour du budget, comme les chefs de l'opposition ont l'habitude de le faire, M. Ignatieff a préféré rencontrer ses conseillers, ainsi que le caucus des députés libéraux, avant d'annoncer sa décision finale, en conférence de presse, mercredi matin.
Le budget présenté mardi par le ministre des Finances, Jim Flaherty, contient une panoplie de mesures qualifiées de «libérales», incluant des investissements massifs d'argent neuf pour relancer l'économie, réclamés notamment par le chef du PLC lui-même.
Minoritaire, détenant 143 sièges sur les 308 de la Chambre des communes, le gouvernement conservateur a nécessairement besoin de l'appui d'un des trois partis de l'opposition pour faire adopter son budget.
Le chef libéral avait donc une lourde responsabilité sur les épaules, après que le NPD et le Bloc québécois aient déjà annoncé, mardi, qu'ils rejetaient le plan d'action économique, le jugeant insuffisant pour faire face à la crise.
Un vote de députés libéraux contre le budget aurait signifié la chute du gouvernement conservateur de Stephen Harper, élu le 14 octobre dernier, ne laissant que deux options : la tenue de nouvelles élections générales, ou la formation d'un gouvernement de coalition dirigé par les partis de l'opposition.
M. Ignatieff s'était déjà montré un peu plus frileux que son prédécesseur, Stéphane Dion, à l'idée de former un gouvernement avec les députés néo-démocrates de Jack Layton, appuyé par le Bloc québécois. En décembre, une véritable crise parlementaire était survenue lorsque les partis de l'opposition avaient unanimement condamné l'absence de mesures gouvernementales pour relancer la croissance, dans l'énoncé économique du ministre Flaherty. C'est la prorogation du Parlement, demandée par Stephen Harper à la veille d'un vote de confiance qu'il savait perdu, qui a finalement sauvé le gouvernement conservateur.
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé