Les opposants à PKP cherchaient le bon angle pour l’exécuter. Ils ont cru le trouver lorsqu’il a rappelé que la démographie jouait contre l’indépendance, les immigrants étant massivement fédéralistes.
Lorsque le poids de la majorité francophone sera trop faible, l’indépendance deviendra impossible.
Nier la réalité
Alexandre Cloutier a dégainé le premier en conjuguant le déni de réalité et l’indignation vertueuse. Le déni: il n’y aurait aucun lien entre l’avenir de la souveraineté et l’immigration. L’indignation: Péladeau pratiquerait un nationalisme fermé. Il suffirait que les souverainistes s’ouvrent à la «diversité» pour la faire voter Oui.
Selon Cloutier, le PQ se serait coupé des immigrés depuis son retour à l’identitaire, quand il a réintégré la langue, la culture, la laïcité et l’histoire dans son discours politique. Mais puisque le PQ, depuis sa fondation, n’a jamais obtenu le soutien que d’une minorité d’immigrants, doit-on comprendre qu’il est fermé depuis ses origines?
Le PLQ en a rajouté. Nationalisme ethnique! Front national! Xénophobie! Ainsi, le simple fait d’analyser publiquement la répartition des votes des francophones, anglophones et allophones serait quasiment criminel. Constater lucidement, mais sans hargne que les immigrants sont majoritairement fédéralistes est interdit.
Examinons pourtant la situation du PQ à Montréal et à Laval. Au fil des ans, il en est progressivement chassé. Parce que les gens qui y habitent ont simplement changé d’idée? Ou parce que la composition démographique des deux villes s’est profondément transformée?
D’ailleurs, les péquistes niant le lien entre l’indépendance et la majorité francophone ne s’empressent pas de se faire élire dans les comtés non francophones. On voudrait leur dire: un peu de courage! Montrez l’exemple, présentez-vous dans un comté du West Island!
Question d’identité
Pourtant, PKP s’est expliqué. L’identité canadienne a une plus forte capacité d’intégration que l’identité québécoise sur notre territoire. Le vrai pays, dans la tête d’une majorité d’immigrés, c’est le Canada. Le fédéral joue contre nous et consacre la suprématie de l’anglais. Le Canada et le Québec ne se battent pas à armes égales pour gagner le cœur des immigrés. Évidemment, les souverainistes doivent quand même chercher à les gagner!
PKP s’est-il exprimé maladroitement? Peut-être. Chose certaine, il ne stigmatisait personne en se contentant d’énoncer un fait. On reproche aux politiciens de parler la langue de bois. Mais lorsqu’ils nomment une réalité désagréable, on hurle. Le multiculturalisme, idéologie dominante de notre temps, diabolise ses contradicteurs.
Quiconque réfléchira ouvertement à nos capacités d’intégration se verra soupçonner de racisme. L’immigration massive serait obligatoire et automatiquement bénéfique. Peut-on réfléchir à son impact sur le français? Non.
Peut-on demander si les immigrants ont les mêmes comportements électoraux que les Québécois francophones? Non plus.
Que cela soit bien compris: le réel n’existe pas. Et on construira autour de lui des interdits idéologiques pour que personne n’ait la tentation de s’en approcher. C’est le secret de la rectitude politique: faire de la réalité un scandale, et faire taire ceux qui osent la nommer.
D’ailleurs, PKP a fini par s’excuser. Il n’avait peut-être pas le choix. Dire la vérité dans un système fondé sur un mensonge idéologique, c’est impardonnable.
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