La crise financière de 2008 est le fruit de l'ingéniosité de ces rois de la finance qui ont concocté ce papier commercial. Photothèque Le Soleil
N'avons-nous pas vu, au début des années 1970, une crise du système monétaire international; lot de l'omission de nos voisins américains qui, par mégarde bien sûr, avaient oublié d'assurer la pleine convertibilité de leur papier monnaie en or, engagement qu'ils avaient pris à ce mythique Bretton Woods en 1944?
N'avons-nous pas vu quelque dix années plus tard, début 1980, une récession économique quasi planétaire résultat d'une politique monétaire américaine qui avait propulsé les taux d'intérêt à des sommets himalayens, permettant ainsi à nos voisins du sud de déplacer des montagnes de fric des grands de ce monde?
N'avons-nous pas vu fin des années 1990, une bulle spéculative qui cristallisât les épargnes des boursicoteurs et des désespérés en quête d'un Eldorado que les technologies faisaient miroiter. Illusion qui provoqua une dévaluation des monnaies asiatiques, permettant ainsi aux George Soros de ce monde d'empiler encore et encore tout en regardant les écrans de leurs ordinateurs?
Cette crise financière est le fruit de l'ingéniosité de ces rois de la finance qui ont concocté ce papier commercial. Autres temps, autre moeurs... ces faussaires auraient été emprisonnés pour avoir laissé croire à ces indigents (on parle de quelque 3000 par jour chez nos voisins du sud) qu'ils avaient la capacité d'habiter une maison dont on les a ensuite dépossédés et qui, se cumulant, font crouler ces châteaux financiers dont les pierres fissurées tenaient par l'absence de mortier (il y a un barbu qui doit bien se bidonner du fond de sa caverne quelque part en Afghanistan). Passons sous silence ces spéculateurs qui font virevolter les prix du pétrole et des denrées alimentaires à donner raison à Malthus (sic) ...
Dans la tourmente
Et vlan! Nous revoilà dans la tourmente d'une crise économique profonde que nous n'avons su voir venir. Et dont la charge incombe à ceux et celles qui ont fait confiance au regard aveugle de nos représentants. Mais n'ayez crainte bonnes gens, ils se sont réunis, ces biens pensants du G20. Et ce fut au tour des membres de l'APEC de concocter un nectar qui permettra le rêve. La recette est, ma foi, fort simple: du béton et de l'asphalte. Ce que l'on nomme plus communément des travaux d'infrastructure dont le ton novateur fut proposé par Keynes en 1929.
Mais plus encore, il nous faut permettre aux biens et services de circuler librement. Dans l'un comme dans l'autre cas, c'est de la croissance économique dont il est question. Semble-t-il que nous ayons trouvé la clef qui nous sortira de l'impasse. Pour ce faire, faut-il encore laisser la pleine responsabilité au «MARCHÉ» qui veillera, à lui seul, à nous permettre de voguer toutes voiles dehors. Le président Bush et le premier ministre Harper nous ayant bien fait entendre qu'il ne faut surtout pas intervenir, mais permettre au marché de garder sa pleine liberté.
Débarquant de leurs jets privés pour quémander
Et comment passer sous silence ces monarques industriels des trois grands de l'automobile qui débarquant, les uns et les autres, de leurs jets privés s'en sont allés quémander quelques milliards de dollars à l'État sous la menace de fermeture et de perte de milliers d'emplois. Comment les en tenir responsables?
«Yes! We can do». Tel était le slogan de la campagne présidentielle de M. Obama. Il a su redonner espoir, non seulement à ces millions d'américains mais aussi et surtout à bien d'autres sur cette planète. Chose certaine, à lui seul il ne peut rien, il lui faudra être accompagné. Et s'il prend la direction de ses prédécesseurs, nous ne pourrons partager ce rêve qui n'est que cauchemar...
Si on nous laisse croire que, par les travaux d'infrastructure, la croissance économique, l'augmentation du commerce mondial nous réussirons, c'est faire fi du rapport du GIEC, à qui l'on a attribué le Nobel de la paix. Ce groupe d'experts nous a bien énoncé qu'une telle avenue nous menait, à court terme, à l'impasse. Il nous faut prioriser le développement durable dans le respect de l'environnement...
Si nous permettons encore toute latitude à ces fourbes à cravate qui ont fait des marchés boursiers des lieux où il est possible de détourner des fonds, de faire fructifier en spéculant sur du virtuel ou des monnaies et de faire disparaître des bénéfices dans des paradis fiscaux, c'est que nous acceptons de légaliser l'immoral...
«Yes! We can do». Mais pour cela il nous faudra civiliser et humaniser les marchés en intégrant l'éthique au sein de la gestion et de la raison d'État; il nous faudra oeuvrer dans un esprit de coopération et d'entraide plus que de compétition; il nous faut refonder le regard économique contemporain. Pour ce, il nous faut de façon impérative démocratiser nos démocraties... Cessons d'attendre des Ghandi ou autres tenants de la paix et de l'équité, nous savons ce qui leur est arrivé...
Fernand Cousineau Ph.D., professeur d'économie au Collège de Matane
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